mars 28, 2024

Nervosa – Perpetual Chaos

Avis :

Le domaine du Thrash Métal est un coin très masculin. La plupart des groupes qui officient dans ce style sont composés d’hommes. En même temps, même si le métal se féminise beaucoup, il reste à dominante masculine. Mais c’est sans compter sur certains groupes qui ne sont composés que de femmes. Comme par exemple Nervosa. Groupe brésilien fondé en 2010, il faudra attendre 2014 pour voir débouler un premier effort. Puis, de façon métronomique, on a eu droit à un album tous les deux ans. De ce fait, à ce rythme, le groupe a fait son petit bonhomme de chemin. Outre l’aspect girly du groupe, qui masque complètement ça avec une image très violente, c’est surtout sur la technique que le groupe étonne. C’est rapide, nerveux et ça tabasse comme des bonhommes. Il faudra néanmoins attendre trois ans pour voir le quatrième effort du groupe.

Un quatrième album fait dans la douleur, et surtout annonciateur de changement. En effet, du groupe d’origine, il ne reste plus que la guitariste Prika Amaral, et c’est en 2020 que la guitariste et la batteuse se sont barrées pour fonder un autre groupe, Crypta. Il a donc fallu recruter, et presque repartir de zéro avec de nouvelles fondations. Cela a-t-il eu raison de la cohésion du Thrash de Nervosa ? Pas vraiment. Si on retrouve une énergie débordante et une violence omniprésente, on retrouve aussi les mêmes défauts que précédemment, c’est-à-dire une redondance des rythmes et un manque de variation dans les titres. Est-ce mauvais pour autant ? Bien sûr que non.

Le skeud débute avec Venomous, et on nous rentre dans le lard rapidement. Les riffs sont rapides et destructeurs. Le cri de départ annonce la couleur et le groupe ne nous lâchera plus d’une semelle. Même le solo est expédié manu militari pour bien nous calmer. Avec ça dans les oreilles, on ne s’attend pas vraiment à retrouver le calme de sitôt. Et c’est là que déboule Guided by Evil, qui débute plus calmement, mais dans une ambiance bien sombre. Lourd dans le riff, mais aussi sur le rythme scandé par la batterie, le morceau se veut plus construit et plus complexe. Mais très vite, Nervosa retourne à ses premiers amours et enclenche la seconde pour mieux nous taper sur le coin de la gueule. Quitte parfois à aller trop loin dans la violence, et on reproduire les erreurs du passé, n’allant jamais plus loin qu’une structure bête et méchante.

Mais le pire se trouvera dans People of Abyss. Dès le départ, on nous balance une rythmique proche d’un Black qui n’arrête pas une seule seconde, quitte à sacrifier l’aspect mélodique de la chose. Oui, ça frappe fort, mais ça oublie aussi d’installer une mélodie catchy et qui reste dans les oreilles. Alors oui, le refrain peut marcher un temps, puisqu’il consiste à répéter le titre du morceau, mais ça reste presque décevant. Et cela malgré l’énergie dépensée. Perpetual Chaos viendra redonner un peu de baume au cœur avec des riffs nerveux et qui donnent vite envie de headbanger dans les chaumières. Là encore, le groupe ne réinvente rien, mais il a le mérite de proposer un titre honnête et qui tape fort sans tomber dans la surenchère. Quant à Until the Very End, en compagnie du guitariste d’Entombed, on reste sur un morceau un peu effacé, qui manque d’impact.

Et oui, on peut être violent et manquer d’impact. Notamment quand le morceau ne reste pas forcément en tête après plusieurs écoutes. Quant à Genocidal Command, avec le chanteur de Destruction, on est dans un titre qui fonctionne sur son refrain et sur son rythme surpuissant. Ainsi que sur les deux chants qui se répondent lors du refrain. Bref, ce n’est pas la panacée, mais ça fait le job. Kings of Domination sera un titre un peu moins rentre-dedans malgré sa vitesse d’exécution. Et il sera d’autant plus réussi qu’il apporte un peu de variation à l’ensemble. Tout comme Blood Eagle et ses ruptures qui donnent envie de sauter dans tous les sens. On retrouvera aussi un morceau fait pour la baston dans la fosse avec Time to Fight.

Bref, on a tout de même des choses intéressantes dans tout ça. Comme l’aspect punk de Rebel Soul, ou encore le côté Doom de Under Ruins. Deux titres qui se détachent du reste par leur côté hybride et qui permettent de ne pas sombrer dans une certaine redite. On sent que le groupe en a sous la pédale mais choisit souvent la facilité afin de rester dans sa zone de confort. Un choix que l’on peut tenter de justifier avec le changement quasi complet de line-up.

Au final, Perpetual Chaos, le dernier effort en date de Nervosa, est un album plutôt sympathique. Très puissant, toujours aussi énervé, ne faisant que très peu de concession pour amener de la variété dans les treize titres, le groupe se renferme un peu sur lui-même, tout en s’assurant l’adhésion des fans de la première heure. Reste à savoir maintenant si ce line-up va tenir sur la durée, afin de proposer un nouvel effort peut-être plus varié et d’autant plus intéressant.

  • Venomous
  • Guided by Evil
  • People of Abyss
  • Perpetual Chaos
  • Until the Very End feat Guilherme Miranda
  • Genocidal Command feat Schmier
  • Kings of Domination
  • Time to Fight
  • Godless Prisoner
  • Blood Eagle
  • Rebel Soul feat Erik A.K.
  • Pursued by Judgement
  • Under Ruins

Note : 14/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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