avril 20, 2024

Malcolm & Marie

De : Sam Levinson

Avec Zendaya, John David Washington

Année : 2021

Pays : Etats-Unis

Genre : Drame, Romance

Résumé :

Après la projection en avant-première de son dernier film, un cinéaste rentre chez lui avec sa petite amie. Alors qu’il est certain que son film rencontrera un succès critique et commercial, la soirée prend une tournure inattendue : les deux amoureux doivent affronter certaines vérités sur leur couple qui mettent à l’épreuve la force de leurs sentiments…

Avis :

Sam Levinson est le fils d’un très bon réalisateur, qui a tendance à se faire bien rare ces dernières années, j’ai nommé Barry Levinson, le papa de films tels que « Sphere« , « Bandits« , « Sleepers » ou encore et bien sûr « Rain Man« . Sam Levinson commence sa carrière chez son père en tant que comédien, tenant de petits rôles ici et là. Mais comédien, ce n’est pas le but que visait Sam Levinson, c’est la réalisation qui l’intéresse, et c’est dans les années 2010 qu’il se lance. Son premier film, « Another Happy Day« , passe relativement inaperçu. Ce sera donc avec son deuxième que Sam Levinson se fait remarquer. Sorti en 2018, ce film, c’est « Assassination Nation » qui l’impose comme un réalisateur à suivre de près. Son projet suivant confirme de loin tout l’intérêt et les espoirs placés en lui, puisque faisant un tour du côté du petit écran, Sam Levinson impose « Euphoria« . Série dont il est le showrunner en plus d’en réaliser tous les épisodes.

Avec l’arrivée de notre petit virus en 2020, le monde s’est arrêté l’espace de plusieurs mois et certains en ont profité pour écrire et c’est ce qui s’est passé ici. C’est pendant le premier confinement que « Malcolm & Marie » voit le jour. Zendaya, qui avait envie de retravailler avec le réalisateur d’ »Euphoria« , l’a donc appelé afin que ce dernier se pose sur un petit film intimiste. Tourné juste après le déconfinement, « Malcolm & Marie » est l’un des premiers projets soumis aux mesures covid.

Bon, une fois tout ceci exposé, venons-en aux faits, « Malcolm & Marie » arrive sur Netflix, et le projet a bien des arguments pour lui, entre l’idée d’un film en noir et blanc, ces acteurs, son ou plutôt ses sujets et l’idée d’un huis clos qui ne tiendrait que sur ses comédiens. Bref, tout ceci donnait très envie de s’y arrêter et je dois bien dire que j’ai été loin d’être déçu. Tenu par une performance impeccable de ces deux acteurs, « Malcolm & Marie » est un petit bijou qui ne cesse de rebondir encore et encore. Entre disputes et réconciliations, Sam Levinson livre un exercice de style intéressant, prenant, et même politique.

Malcolm est cinéaste et ce soir-là, l’homme est aux anges, car il revient de la première de son nouveau film et pour la première fois de sa vie, il a cloué tout le monde sur place. Critiques et spectateurs sont élogieux, et certains parlent même d’un chef-d’œuvre qui imposera Malcolm comme le nouveau Spike Lee ou le nouveau Barry Jenkins. La fin de soirée s’annonce belle et pourtant, un froid est jeté entre Malcolm et Marie, sa compagne. Le nouveau film de Malcolm est en grande partie influencé par la vie passée de Marie, et Malcolm, ce soir-là, lors des remerciements, a tout simplement oublié Marie…

Écrire, produire et réaliser un film en si peu de temps, il y avait vraiment de quoi craindre que le tout soit vite emballé et pesé. Mais cette période unique de confinement avait aussi des avantages, puisqu’il n’était pas possible de faire dans la démesure et ainsi, il fallait se concentrer et resserrer le tout et c’est ce qu’a fait ici Sam Levinson, se polarisant sur ses personnages, ce qui les lie et ce qui les éloigne. Pour cela, le metteur en scène s’est concentré sur les dialogues, ne cessant de faire rebondir son film encore et encore.

On pourrait reprocher à « Malcolm & Marie » d’être assez répétitif dans son schéma, qui consiste à passer d’une dispute à une réconciliation, puis d’un coup à une étincelle qui remet le feu aux poudres, mais le tout est servi avec un tel souci du détail dans les dialogues, et plus largement Levinson offre une véritable évolution dans ces disputes, que finalement, même si le film ne fait que se répéter dans sa forme, il évolue tellement dans son fond que le tout est prenant et même passionnant, en plus d’être touchant.

Le souci du détail, on le trouve aussi dans les sujets qu’aborde le film. Il y a une logique et une cohérence dans ces disputes ou ces conversations, et tout est amené de manière à ce que le tout ressemble à une cocotte-minute qui ne demande qu’à exploser. Donnant des arguments aussi durs que cruels d’un côté comme de l’autre, « Malcolm & Marie » analyse le couple, l’amour, le temps qui passe et plus loin encore, la société actuelle, les polémiques ou encore le politiquement correct et les clichés. « Malcolm & Marie« , c’est un film qui parle aussi du métier de réalisateur, de l’état du cinéma actuel (il y a d’ailleurs une tirade folle sur l’uniformisation du cinéma qui est brûlante de vérité) ou encore, et simplement, de l’amour du cinéma, de la passion et de son importance dans une vie. Bref, le fond du film de Sam Levinson est purement et simplement passionnant.

Si comme je le disais sur sa forme « Malcolm & Marie » se répète, il y a aussi de très belles choses qui se dégagent de la mise en scène de Sam Levinson. La première chose qui saute aux yeux, c’est ce noir et blanc sublime que tient la photographie. Ensuite, le film a un très beau grain, qui lui donne un cachet fou. Et enfin, on sera passionné par l’intimité que le réalisateur a réussi à capturer. Il y a quelque chose d’authentique qui se dégage de ces disputes et ces réconciliations et plus largement de ce couple, de l’amour et la cruauté, dont il est capable. On notera aussi les longues séquences où Sam Levinson se repose sur ses deux comédiens qui livrent là des performances incroyables et bouleversantes.

Si la mise en scène est souvent intéressante, si le fond du film est passionnant, « Malcolm & Marie » est un film qui tient beaucoup sur ses deux acteurs, qui sont parfaits dans ces rôles taillés pour eux deux. John David Washington continue sur sa lancée abordant un autre genre et il est très bon, arrivant à jouer sur une grande, très grande, palette d’émotions. Face à lui, Zendaya, du haut de ses vingt-quatre ans, en impose. Loin des « Spider-Man« , « The Greatest Showman » et autres petites production nian-nian de Disney, l’actrice éclate, passionne, surprend et bouleverse. Elle passe par tant d’émotions, elle communique tellement, que si John David Washington est excellent, Zendaya est pour sûr l’étoile de « Malcolm & Marie« .

À la sortie du premier confinement, quelques projets et films ont vu le jour, on pense à « Connectés » ou « Songbird« , mais parmi ceux-là, pour l’instant, il ne fait nul doute que le film de Sam Levinson se pose comme le meilleur et le plus beau.

Note : 16/20

Par Cinéted

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