avril 24, 2024

Therion – Leviathan

Avis :

C’est en 1987 que Christofer Johnsson forme dans un premier temps Blitzkrieg, qui va se transformer un an plus tard en Megatherion, avant d’adopter Therion quelques mois plus tard. Formation qui s’amuse à faire du Death Metal, les suédois font changer de style avec le temps, dérivant doucement, mais sûrement, vers du Sympho pure souche. Un changement qui va donner ses lettres de noblesse au groupe, qui va surtout trouver la reconnaissance grâce à cela. Therion, c’est un gros morceau. Un groupe fer de lance, qui a fait partie de la première vague de ces groupes scandinaves à bien s’exporter. Cependant, à force de bien marcher et d’avoir un rythme stakhanoviste pour sortir des skeuds, on fait des choses de travers. Et c’est ce qui est arrivé en 2018 avec Beloved Antichrist. Gros pavé de trois albums pour plus de trois d’écoute, le groupe s’est bien perdu.

Christofer Johnsson s’est pris un peu trop pour un ténor, et il a perdu la boule au sein d’un triptyque pas forcément passionnant. Dès lors, il fallait que Therion retrouve du poil de la bête. Et surtout les pieds sur terre. Ce qui est chose faite avec Leviathan, dix-septième effort du groupe. Et d’entrée de jeu, on va voir que les choses ont un peu changé. L’album est réduit à son minimum, soit onze pistes pour quarante-cinq minutes d’écoute, ce qui est déjà plus abordable que trois heures. Et le groupe va éviter tout chichi dès son démarrage. Avec The Leaf on the Oak of Far, on navigue sur quelque chose de résolument moderne, avec des arrangements presque électro, et le tout va relativement vite pour bien nous emporter. Sans pour autant oublier le côté épique, avec des chœurs masculins et ce qu’il faut d’orchestration.

Avec Tuonela, on retrouve tout l’esprit de Therion dans un titre qui fait un petit peu plus de quatre minutes. A la fois virulent quand il le faut, mélangeant intelligemment les chants masculins et féminins, trouvant un pont lyrique et aérien, on peut dire que le groupe a su retrouver une certaine ferveur plus accessible et moins prétentieuse. Leviathan, le morceau éponyme de l’album, viendra confirmer tout le bien que l’on pense de cet album, et surtout de son retour dans quelque chose de plus tactile. Certes, on reste dans une zone de confort qui ne sortira pas le groupe d’un certain carcan, mais ça reste très bien fait, et surtout, ça reste épique tout en étant préhensible. Exit Beloved Antichrist et son délire démago à deux balles. Le chant lyrique apporte aussi un plus indéniable et c’est tout simplement beau.

Pour bien percevoir cela, il suffit d’écouter Die Wellen der Zeit. Il s’agit de la ballade de l’album, du moment éthéré et calme. Et c’est d’une beauté transcendantale. C’est tout simplement superbe et on se sent porté par de belles émotions. C’est vraiment dans ce genre d’orchestration épique et douce que le groupe se révèle totalement. De plus, le style, qui fait assez viking/médiéval, rentre parfaitement dans le délire narratif de l’album. Avec Azi Dahaka, le groupe tente de renouer avec un équilibre fragile, celui du lyrique à outrance, bercé par des riffs bien lourds. L’ensemble marche plutôt bien, même si on reste dans quelque chose de très classique. Ce qui fait l’impact de ce titre, c’est qu’il arrive après une ballade et secoue un peu plus que d’habitude. Mais ce n’est pas non plus la panacée.

Eye of Algol sera par exemple plus maîtrisé, et surtout plus mainstream. Le mélange des chants porté par des riffs assez lourds sur le refrain, mais ponctué par des couplets plus légers et un pont aérien, fait que le morceau est plus marquant que le précédent. Encore une fois, Therion met les petits plats dans les grands, et s’amuse constamment avec l’orchestration pour donner plus de poids à ses morceaux. Et on peut dire que ça fonctionne pleinement. C’est avec Nocturnal Light que l’on touchera le pompon. Le curseur lyrique est poussé à son paroxysme et on nage dans un Opéra Métal pas déplaisant. Ce sera d’ailleurs le seul titre à avoir cette aura étrange. Comme si le groupe voulait revenir à un style grandiloquent, mais sans en faire des caisses non plus. Bref, un titre qui a le cul entre deux chaises, mais qui fait le taf.

Great Marquis of Hell sera une toute autre affaire. Très court (même pas trois minutes), percutant, Therion démontre qu’il peut aussi faire dans l’efficacité et le divertissant sans se prendre la tête. Le titre est direct, franc et se suffit à lui-même. Psalm of Retribution est un titre très réussi, peut-être le meilleur de l’album. Plus lourd, plus sombre, assez complexe dans sa structure, on retrouve un Therion inspiré et qui a envie d’en découdre. El Primer Sol va suivre un petit peu ce chemin. Quant à Ten Courts of Diyu, il nous plonge à plein Japon médiéval et c’est assez surprenant, mais ça marche bien. Franchement, le dernier quart de l’album est très réussi et permet de nous laisser sur une très bonne impression qui donne envie de se replonger plusieurs fois dans l’album. Et ça, en règle générale, c’est plutôt bon signe.

Au final, Leviathan, le dernier album de Therion, est une bonne surprise. Trois ans après l’échec de Beloved Antichrist, Christofer Johnsson semble avoir de nouveau toucher terre et se permet un album plus maîtrisé, plus court et donc plus efficace. On retrouve tous les ingrédients qui ont fait le succès populaire du groupe suédois, et entre des titres plus directs et d’autres plus complexes, entre un chant lyrique de toute beauté et des riffs plus tranchants, on fait face à un très bon album qui, on l’espère, va relancer la machine scandinave.

  • Leaf on the Oak of Far
  • Tuonela
  • Leviathan
  • Die Wellen der Zeit
  • Azi Dahaka
  • Eye of Algol
  • Nocturnal Light
  • Great Marquis of Hell
  • Psalm of Retribution
  • El Primer Sol
  • Ten Courts of Diyu

Note : 15/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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