avril 16, 2024

Les Invasions Barbares

De : Denys Arcand

Avec Rémy Girard, Stéphane Rousseau, Dorothée Berryman, Louise Portal

Année : 2003

Pays : Canada, France

Genre : Comédie, Drame

Résumé :

Rémy, divorcé, la cinquantaine, est à l’hôpital. Son ex-femme Louise rappelle d’urgence leur fils Sébastien, installé à Londres. Ce dernier hésite – son père et lui n’ont plus rien à se dire depuis longtemps. Finalement, il accepte de revenir à Montréal pour aider sa mère et soutenir son père.
Dès son arrivée, Sébastien remue ciel et terre, joue de ses relations, bouscule le système de toutes les manières possibles pour adoucir les épreuves qui attendent Rémy. Il ramène aussi au chevet de Rémy la joyeuse bande qui a marqué son passé : parents, amis et anciennes maîtresses.
Que sont-ils devenus à l’heure des « invasions barbares » ? L’irrévérence, l’amitié et la truculence sont-elles toujours au rendez-vous ? L’humour, l’épicurisme, le désir peuplent-ils toujours leurs rêves ? A l’heure des invasions barbares, le déclin de l’empire américain continue…

Avis :

Réalisateur canadien, après une vingtaine d’années de carrière, Denys Arcand a percé formidablement à la fin des années 80 avec « Le Déclin de l’Empire Américain« , une comédie dramatique sur des trentenaires qui parlaient de politique, de liberté, de la vie, d’amour et surtout de cul et de cul. Après ce film, Denys Arcand a enchaîné les projets sans vraiment retrouver le succès qu’il connut, ou du moins le succès à la hauteur du film de la bande à Rémy. Après dix-sept ans et quatre films, Denys Arcand a décidé alors de faire revivre ces personnages qu’on avait adoré dans « Le déclin de l’Empire Américain » et on peut aisément dire que l’idée fut merveilleuse.

Magnifique, poignante, drôle, « Les invasions barbares » tient un ton plus grave, les années ayant passé, les personnages ayant vieilli, Denys Arcand délaisse les répliques ciselées et les conversations coquines sur les exploits et les envies de ses personnages. À la place de ça, il livre un grand film sur l’amitié, la vie, la fin de vie et l’heure des bilans. Bref, un sacré joli morceau de cinéma, bourré de sensibilité, d’émotions, d’éclats de rire et de personnages qu’on adore à jamais !

La cinquantaine déjà bien entamée, Rémy est divorcé de Louise. Aujourd’hui, Rémy ne va pas bien, il va même très mal, hospitalisé, Louise est la seule qui reste et qui s’occupe de lui. Ne pouvant plus assumer tout seule, elle appelle alors leur fils, Sébastien, qui travaille à Londres. Sébastien n’a jamais vraiment eu de bons contacts avec son père et pourtant, il saute dans un avion pour lui venir en aide. Dès son arrivée à Montréal, le jeune homme va tout faire pour que son père puisse vivre sa maladie le mieux possible et ces dernières semaines ne vont pas manquer de piquant.

Il y a dix-sept ans de ça, Denys Arcand nous faisait rire aux éclats avec « Le déclin de l’Empire Américain« . Dix-sept ans plus tard, ces trentenaires sont aujourd’hui dans la cinquantaine, et proche pour certains d’entre eux de la retraite. Avec les années qui ont passé, avec la vie qui a fait son œuvre, en bien comme en mal, Denys Arcand nous propose de retrouver ces personnages qu’on a tant aimé, pour voir ce qu’ils sont devenus.

Denys Arcand ne nous fait pas revenir dans la vie de ses personnages comme cela, non, le réalisateur québécois est plus subtil et réfléchi que cela. Ainsi, « Les invasions barbares » prend comme axe la maladie de l’un d’entre eux, celui qui se posait déjà comme le principal de la bande de potes. À l’heure où la mort s’approche, le cinéaste invite à une dernière réunion, à de dernières discussions, des derniers éclats de rire, des dernières décisions, des dernières retrouvailles, et l’association de tout ceci donnera alors un film somptueux et d’une très grande richesse. Une richesse dans ses sujets évidemment et il y en a, la maladie, la mort, la vie, les relations père/fils, l’amitié, les rêves inassouvis, les souvenirs, les regrets, les remords, l’acceptation de la mort, l’après… Bref, le film est superbe dans sa façon de traiter tout ceci, et il se pose tout aussi riche dans ses émotions, nous faisant passer du rire aux larmes d’une scène à l’autre.

Cela faisait des années que Denys Arcand voulait traiter et parler de la maladie et la fin de vie, or, il ne trouvait jamais le bon angle, ne voulant surtout pas tomber dans un film lugubre, déprimant et déprimé. Petit à petit, l’idée de faire revivre ses personnages bourrés de bonne humeur et en même temps toujours un peu critiques et acerbes sur le regard qu’ils avaient sur la société et la vie à trouver son chemin et « Les invasions barbares » peut se vanter alors de jouir d’un scénario magnifique. Magnifique car il sait comment parler de son sujet sans faire une redite de ce que l’on a déjà vu et revu. Oui, des films sur la fin de vie et l’heure des bilans, ça n’a rien de très neuf. Et pourtant, Denys Arcand réussit sans aucun mal à nous passionner et nous emporter dans cette histoire. « Les invasions barbares » se posera alors comme magnifique, car il va explorer tous ses sujets avec force, crédibilité, et autant de comédie que de drame, ce qui apportera clairement une belle bouffée d’air frais. De plus, Denys Arcand, tout en livrant un film plus sombre, a réussi à tenir la même ligne que sur « Le déclin de l’Empire Américain« . On retrouve ce ton acerbe qu’on avait adoré, et si le film est bien plus dans l’émotion, il y a encore et toujours ces dialogues géniaux qui méritent à eux seuls le détour.

Entre comédie et tragique, « Les invasions barbares » est aussi un très beau film dans sa conception. Comme pour le premier film, la réalisation de Denys Arcand est toute en subtilité. Oubliant les flashbacks qui étaient mal introduits dans le précédent film, ici le réalisateur a décidé de resserrer son film sur les émotions que peut susciter la situation et les conditions pour lesquelles se retrouvent tous ces personnages. Évitant tout pathos, gardant ce qu’il avait mis en place en 1987, tout en faisant très logiquement muter son film afin de s’adapter au temps qui a passé, « Les invasions barbares » nous réserve son lot de scènes intenses et de moments plus légers. On adorera graviter autour de ce personnage principal ô combien passionnant et cette dernière balade semblera arrêter le temps, l’espace d’une heure et demie. Avec ce film, avec cette suite, Denys Arcand a pris tout le meilleur du « … déclin de l’Empire Américain » et il fait de ses « … invasions barbares« , une merveille.

Une merveille qui doit énormément à son acteur principal. Certes, le film est un pur régal et l’on adore retrouver tous ces personnages toujours aussi bien tenus par cette galerie de comédiens impeccables. Certes aussi, les nouveaux venus sont très bons, que ce soient personnages ou comédiens (Stéphane Rousseau, magistral dans la peau du fils, ou encore Marie-Josée Croze qui crève l’écran), mais il est vrai, un peu comme dans le premier film d’ailleurs, qu’on retient le grand Rémy Girard, qui bien loin du Rémy bon vivant de la trentaine, qui est ici au crépuscule de sa vie, livre là une composition saisissante.

Avec « Les invasions barbares« , Denys Arcand livre un film bourré de vie pour aborder la mort. Le sujet était sombre, et même si le ton est grave, le metteur en scène en a fait un film haut en couleurs, et c’est purement génial et beau. « Les invasions barbares« , ses retrouvailles, ses relations et toute la palette d’émotions qu’on traverse nous laisse quelque peu K.O. Et finalement, le seul reproche qu’on pourrait lui faire, c’est qu’il soit passé bien trop vite, car l’on n’avait aucunement envie d’abandonner ces personnages. Merci pour ça !

Note : 18/20

Par Cinéted

Une réflexion sur « Les Invasions Barbares »

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