mars 28, 2024

Les Egarés

De : André Téchiné

Avec Emmanuelle Béart, Gaspard Ulliel, Grégoire Leprince-Ringuet, Clémence Meyer

Année : 2003

Pays : France

Genre : Romance, Drame

Résumé :

En juin 1940, alors que les Allemands sont aux portes de Paris, Odile, une institutrice, cède à la panique générale et fuit avec ses deux enfants, Philippe et Cathy, sur les routes de l’exode. A la suite d’une attaque de Stukas, la petite famille, qui a tout perdu, rencontre Yvan, un étrange adolescent au crâne rasé, attifé comme un clown. Tous les quatre vont se retrouver dans une maison abandonnée sans électricité où, provisoirement coupés du monde, obligés de se débrouiller pour survivre et livrés à eux-mêmes, ils vont vivre une drôle de guerre…

Avis :

André Téchiné est un cinéaste français qu’on ne présente plus tant il fait partie du patrimoine de notre cinéma. Cinéaste touche à tout, André Téchiné a cette facilité de passer d’un genre à l’autre, d’une histoire à l’autre, tout en gardant ce qui fait le style de Téchiné, c’est-à-dire des histoires humaines simples, où l’émotion est une carte forte.

Pour son passage aux années 2000, après s’être aventuré au Maroc avec le méconnu « Loin« , André Téchiné change de décor et d’époque, et revient en 2003 sur le début de la Seconde Guerre mondiale. Revenant sur l’exode des Français entre Mai et Juin 1940, André Téchiné livre un film assez décevant, car s’il s’en dégage une simplicité qui entretient une certaine crédibilité, si esthétiquement, son film est aussi beau que paisible, « Les égarés » n’arrive jamais à pleinement nous passionner, à cause d’un manque d’intrigue au final et l’on restera alors dans l’attente que ce petit Téchiné s’envole enfin, chose qui n’arrivera jamais. Dommage.

Juin 1940, les Allemands arrivent sur Paris, et Odile et ses deux enfants ont alors fui la capitale comme beaucoup d’autres. Leur but, descendre dans le sud de la France, or les routes sont encombrées. Un après-midi comme un autre, la route est bombardée et Odile perd tout ce qui lui restait. C’est à ce moment-là que la petite famille fait la connaissance d’Yvan, dix-sept ans, les cheveux rasés. Le jeune homme leur vient en aide et c’est ensemble qu’ils fuient la route. Pour éviter de passer une nuit à la belle étoile, Yvan trouve alors une maison abandonnée pour Odile et ses enfants.

Sensation terriblement partagée pour ce petit cru Téchiné 2003. « Les égarés » est un film qui dans un sens explore des sujets passionnants et présente de bons personnages, et dans le sens contraire, c’est un film qui laisse le sentiment qu’il ne sait pas où aller, que faire et surtout qu’il tourne en rond, et une fois qu’il a enfin trouvé sa voie, qu’il commençait à se faire plus intéressant, André Téchiné donne le clap de fin, ce qui nous laisse déçu et sur notre faim.

« Les égarés« , c’est un film qui a une bonne idée, parler d’une famille et de leur vie pendant l’exode de Mai/Juin 1940. Le sujet est très bon et ce sujet, vu par André Téchiné, avait vraiment de quoi être intéressant. D’autant plus que « Les égarés » a plus que ça et aborde entre ses lignes d’autres sujets qui donnent beaucoup de relief. André Téchiné aborde ainsi le traumatisme de la guerre, l’adaptation face à la guerre, la jeunesse qui doit grandir plus vite, la survie, la confiance, l’évacuation de village pour fuir l’envahisseur, puis au-delà de ça, la famille est évoquée, l’amour, l’amour contrarié… « Les égarés » est un film très riche, qui est intéressant sur plus d’une ligne. On ajoutera à cela la simplicité d’André Téchiné, qui ne tombe pas dans la surenchère, nous entraînant dans un film à l’ambiance réaliste et donc crédible.

Pour faire vivre ses personnages, André Téchiné s’est joliment entouré. Il retrouve Emmanuelle Béart douze ans après « J’embrasse pas« , et il lui offre le joli rôle d’une mère de famille dépassée et obligée de tenir pour ses enfants. On retrouve aussi Gaspard Ulliel dans l’un de ses premiers gros rôles et l’acteur, alors âgé de dix-huit ans, captive et crève l’écran. C’est ici aussi qu’on trouve pour la première fois à l’écran Grégoire Leprince-Ringuet pour là encore un joli rôle.

« Les égarés » ne manque donc pas de qualités et il aurait pu très facilement s’imposer comme un grand cru Téchiné et pourtant, ce ne sera pas le cas, car malgré tout ça, « Les égarés » a bien du mal à tenir pleinement notre intérêt. Si l’introduction est excellente, une fois arrivé dans cette maison, le tout a tendance à redescendre et finalement « Les égarés » traîne des pattes. L’intrigue, même si elle développe certains de ses sujets, a tendance aussi à tourner en rond et très vite, on en a fait le tour et l’on restera alors dans l’attente qu’il se passe quelque chose. On restera dans l’attente d’un élément qui ferait repartir le film d’André Téchiné et malheureusement, comme je le disais plus haut, quand enfin ce dernier se présente, c’est la fin, et l’on quitte ses « … égarés » très partagé avec la sensation que le cinéaste est finalement resté très en surface.

« Les égarés » est donc une déception, car malgré tout un tas d’excellents sujets, et une très belle idée de départ, André Téchiné n’a pas réussi à tenir tout ce qu’il nous avait promis avec ce film. Longuet, avec une tendance à tourner en rond, « Les égarés » et son sujet principal, l’exode de Français, méritait mieux que de se retrouver enfermé dans une maison abandonnée pour tourner en rond. Il y a bien des éléments intéressants et des moments touchants, le tout est tenu par un bon casting, mais cet ensemble, ne suffit pas pour autant pour tenir notre intérêt tout du long. « Les égarés » se pose donc comme un petit André Téchiné, qui sans être mauvais, n’en est pas pourtant très bon.

Note : 10/20

Par Cinéted

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