mars 29, 2024

Yucatan

De : Daniel Monzon

Avec Luis Tosar, Rodrigo de la Serna, Gloria Munoz, Stephanie Cayo

Année : 2019

Pays : Espagne

Genre : Comédie

Résumé :

Deux escrocs s’affrontent avec créativité et cruauté pour tenter d’embobiner une gagnante du loto à bord d’un navire de croisière en route pour le Mexique.

Avis :

Réalisateur espagnol, Daniel Monzón n’est pas vraiment connu par chez nous, d’une part parce qu’il réalise assez peu et de l’autre, parce que ses œuvres ont bien du mal à arriver chez nous et hormis « Cellule 211 » qui a connu son petit succès quand le film est sorti en 2010, pour le reste, ses autres films demeurent noyés dans la masse.

Sorti sur Netflix il y a un peu moins de deux ans maintenant, « Yucatán » est le dernier film de Daniel Monzón et après s’être essayé en début de carrière au fantastique, puis après au drame et au thriller, voici que le metteur en scène espagnol a décidé de s’aventurer sur le terrain de la comédie et pas n’importe quelle comédie, puisque avec « Yucatán« , Daniel Monzón veut faire une comédie d’arnaque. Amusant dans son idée, intéressant parce que l’on trouve Daniel Monzón aux commandes, « Yucatán » restera cependant une déception. Une déception mitigée, dans le sens où le film se regarde comme une petite comédie de série B, et qu’il n’aura rien qui nous marquera ou nous amusera vraiment, malgré une galerie de personnages fort sympathiques.

Lucas et Cleyderman sont tous deux des arnaqueurs professionnels et autrefois, ils ont été amis. Aujourd’hui, ils s’évitent et sévissent chacun de leur côté, arnaqueur sur des ferrys de croisière. Or, pour ce voyage-là, Lucas a dans sa ligne de mire un gagnant du loto, et la croisière que l’homme a choisi de faire avec sa famille se trouve être sur le ferry où Cleyderman règne…

« Yucatán« , c’est le genre de film qui n’est ni vraiment bon, ni vraiment mauvais, ce qui fait qu’il se pose alors comme un film d’habillage, dans le sens où il habille une soirée quand on n’a rien d’autre à se mettre sous la dent et c’est en ça qu’il se pose comme une déception, car venant du papa de « Cellule 211« , on n’attendait forcément plus.

Partant sur les sentiers de la comédie d’arnaque, Daniel Monzón offre une sorte de vaudeville sur une croisière. Tenant un scénario plutôt chouette, même s’il reste assez facile et sans surprise, le film de Daniel Monzón se laisse regarder, à défaut de nous éclater avec ses magouilles et ses personnages qui se veulent hauts en couleurs. Le film nous réservera même des moments plus amusants que d’autres. Des moments qui pourraient même laisser croire qu’enfin le réalisateur allait tenir le cap et nous emporte, mais à chaque fois « Yucatán » s’arrête ou se freine peu de temps après.

Le souci qu’a « Yucatán« , c’est qu’il ne sait pas vraiment quoi faire avec son arnaque et surtout, il ne sait pas vraiment rassembler les pièces de son puzzle. Ainsi, au départ, le film présente beaucoup de personnages et se lance dans plusieurs intrigues et il est vrai que l’ensemble est bordélique, car on n’arrive pas voir où Daniel Monzón veut en venir, et quand il arrive enfin au fait, beaucoup de ce qui fut présent était très dispensable, ça n’aurait pas vraiment changé l’intrigue. Après, comme je le disais plus haut, même si c’est bordélique et parfois laborieux, ça se laisse regarder sans déplaisir. Il y a quelque chose de charmant et d’entraînant qui se dégage de ce film qui joue beaucoup sur les apparences et l’amour, voire l’obsession de l’argent, et même si ça manque parfois d’humour ou d’émotions, dans le fond, ces personnages sont sympathiques et attachants et plus loin encore, ils peuvent être touchants.

Si le film dégage un certain charme, et même une certaine originalité, démontrant bien l’ambition de Daniel Monzón pour offrir une comédie haute en couleurs, il est vrai aussi qu’entre les intentions et le résultat, « Yucatán » est un film auquel il manque de la folie, un esprit déjanté. Entre les ambitions hautes en couleurs et le résultat qui se prend assez au sérieux, ça dénote. Idem, le film manque de comédie. S’il est vrai qu’il nous fait sourire et qu’il peut se poser comme un sympathique divertissement, il n’en fait pas suffisamment pour marque et finalement, il tombe vite dans l’anecdotique et c’est vraiment dommage.

Puis c’est d’autant plus dommage que le réalisateur s’est entouré d’un joli casting. Évidemment, l’ami de toujours, Luis Tosar, est bien là et il tient un bon rôle, celui d’un arnaqueur de première, peut-être même le Roi de l’arnaque. Face à lui, en rival et ancien pote, on trouvera un Rodrigo de la Serra qui s’amuse vraiment, d’ailleurs, c’est peut-être le personnage qui tient le plus sa petite part de folie assumée. Joan Pera en gagnant du loto est excellent, tout comme Gloria Muñoz, avec qui il partage de jolies scènes.

On trouve donc dans ce nouveau film de Daniel Monzón, du bon, du mauvais, de l’oubliable, du sympathique, et au-delà de ça, de la sympathie, ne serait-ce que pour l’audace de prendre un risque, puisque la comédie n’est clairement pas le registre de son réalisateur. Puis derrière ça encore, on y trouvera des regrets, face à ce que le film aurait pu être. Bref, sans être marquant ni désagréable, avec ses défauts et ses qualités, « Yucatán » se laisse assez vite regarder et s’oubliera sûrement tout aussi vite. Dommage.

Note : 10/20

Par Cinéted

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