avril 19, 2024

Tombs – Under Sullen Skies

Avis :

Avec tous les sous-genres qui existent dans le métal, il n’est pas étonnant que certains groupes hybrides n’acceptent pas leur dénomination faite par la presse. Entre le Sludge, le Doom, le Post, le Black, le Death, et puis tous les sous sous-genres avec le Technical, le Brutal, le Mélodic ou encore le Raw, on en a pour tous les goûts. Et c’est un peu le cas de Tombs, qui n’accepte pas vraiment qu’on le qualifie de Sludge. Mélangeant le Doom, le Black et des élans de Death, le groupe américain, formé en 2007 n’est pas là pour rigoler. Et c’est le moins que l’on puisse dire quand on pose un oreille sur leur cinquième et dernier album en date, Under Sullen Skies. Puissant, à un tel point qu’il en devient épuisant, les amerloques ont décidé de frapper fort pour leur retour, trois ans après The Great Annihilation.

Et la douille, on l’a prend dès le départ avec Bone Furnace. D’une rare densité, le morceau nous laisse peu de répit, mais il reste relativement accessible. Il faut dire que le groupe manipule parfaitement ses sons, alternant avec des genres différents. Si des élans Black (le genre revendiqué par le groupe) sont bien présents, on reste surtout sur un mélange intéressant de Doom teinté de Groove qui fonctionne bien. Avec Void Constellation, le groupe montre tout son côté virulent et puissant. Le chant, hurlé et bien gras, est lent, et pose une ambiance mortifère qui sied parfaitement à l’atmosphère recherchée. C’est glauque, mais ça fonctionne à plein régime. Cependant, là aussi c’est dense, mais parfois aéré, avec notamment un petit solo en guise de pont qui marche bien. Avec Barren, le côté Black s’émancipe complètement avec une double-pédale omniprésente et une rythmique infernale.

Mais la force du groupe est qu’au sein même des morceaux, même les plus vigoureux, il y a des moments plus touchants, plus aériens. Et Barren en est l’exemple, notamment vers sa fin, qui permet de souffler un peu avant de reprendre une mandale dans la gueule. Pour autant, le meilleur morceau est clairement The Hunger. Il est un peu à part dans l’album. Plus accessible, avec des fulgurances Death et une mélodie catchy en diable, le groupe démontre sa capacité à changer de registre, ou tout du moins à jongler avec au sein même des compositions. C’est vraiment très fort. Et derrière ce très gros morceau plutôt mainstream, le groupe nous balance Secrets of the Black Sun, un titre qui est à l’opposé du morceau précédent. Glauque, lent, lourd, long, le groupe propose un Post-Black à tendance Ambiant qui va nous faire tomber dans les abysses du mal.

Des abysses profondes et sans une lueur de lumière à l’horizon. Car si les premiers morceaux avaient des éléments sur lesquels on pouvait se raccrocher pour souffler, on va bien vite se sentir asphyxié. Descensum est là pour bien nous montrer que le groupe n’a pas le rire facile et qu’il préfère largement mettre des beignes à tendance Black. Et de nous asséner avec We Move Like Phantoms un titre instrumental Doom d’un peu plus d’un minute qui laisse sur le carreau par sa lourdeur. Si le groupe avait commencé avec une belle agilité, c’est pour mieux nous dompter par la suite et nous plonger dans un enfer digne de Dante. Mordum et Lex Talionis ne nous laisseront aucun répit avec des rythmes rapides et puissants, avant de nous achever avec Angel of Darkness et sa litanie morbide.

Mais le pire dans tout ça, c’est que ça tabasse, mais avec une telle maestria que l’on ne peut que s’incliner. Et sur les deux derniers morceaux, le groupe va jouer la carte de l’ambiance encore plus infernale. Sombre Ruin nous plonge dans un véritable enfer apocalyptique, avec force hurlements de loups et ambiance gothique désespérée à souhait. Et pour bien nous finir, Plague Years siphonne notre âme avec un Black surpuissant, où la double-pédale est maîtresse des lieux. Bref, on ressort de cet album à la foi épuisé, rincé, mais tellement technique que cela impose plusieurs écoutes pour en saisir tous les sens.

Au final, Under Sullen Skies, le dernier effort de Tombs, est une belle tuerie, dans tous les sens du terme. Véritable descente aux enfers sans une once de regret, on plonge à corps perdu dans une ambiance apocalyptique que ne renierait pas un film d’horreur à la fois goth et gore. Si derrière ses atours ultra violents et son aspect un peu Black brut de décoffrage, on peut se sentir rebuter, il ne faut surtout pas passer à côté de la technique du groupe, à tomber par terre et son ensemble tout simplement cohérent.

01. Bone Furnace

02. Void Constellation

03. Barren

04. The Hunger

05. Secrets of the Black Sun

06. Descensum

07. We Move Like Phantoms

08. Mordum

09. Lex Talionis

10. Angel of Darkness

11. Sombre Ruin

12. Plague Years

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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