avril 25, 2024

Soul

De : Pete Docter et Kemp Powers

Avec les Voix Originales de Jamie Foxx, Tina Fey, Graham Norton, Rachel House

Année : 2020

Pays : Etats-Unis

Genre : Animation

Résumé :

Passionné de jazz et professeur de musique dans un collège, Joe Gardner a enfin l’opportunité de réaliser son rêve : jouer dans le meilleur club de jazz de New York. Mais un malencontreux faux pas le précipite dans le « Grand Avant » – un endroit fantastique où les nouvelles âmes acquièrent leur personnalité, leur caractère et leur spécificité avant d’être envoyées sur Terre. Bien décidé à retrouver sa vie, Joe fait équipe avec 22, une âme espiègle et pleine d’esprit, qui n’a jamais saisi l’intérêt de vivre une vie humaine. En essayant désespérément de montrer à 22 à quel point l’existence est formidable, Joe pourrait bien découvrir les réponses aux questions les plus importantes sur le sens de la vie.

Avis :

Etrange année que celle de 2020. Avec la pandémie, la fermeture des cinémas a été une catastrophe pour tous les exploitants de salles. Et malheureusement, certains grands studios n’ont pas joué le jeu. Visiblement, les reports successifs de films n’ont pas suffi et certains grandes majors ont voulu sortir à tout prix leurs films, même gros, sur leurs plateformes de streaming. Ce fut le cas pour Forte ou Bloodshot disponibles sur Prime Video, ou encore Soul, le dernier né des studios Pixar/Disney, sorti tout fraîchement sur Disney+. Destiné aux salles, film de Noël pour les enfants qui aurait dû être le petit cadeau de Mickey, Soul ne bénéficiera pas des salles obscures, mais d’une sortie directement sur la télé. Et c’est assez moche de se dire qu’un nouveau film Pixar ne soit pas diffusé sur grand écran. D’autant plus quand il fait partie de la sélection de Cannes.

Ode à la vie

Encore plus quand on sait que c’est Pete Docter derrière le projet. Il faut dire que le papa de Là-Haut et de Vice-Versa était attendu au tournant, vu la qualité des deux films précités. Soul promettait un nouveau chef-d’œuvre. Un film à la narration inattendu, très mature et pourtant accessible aux enfants. Mais est-ce vraiment le cas ? Soul raconte la vie de Joe, un pianiste de jazz dévoré par sa passion, qui semble avoir raté sa vie. Professeur dans une école, il décroche afin une place dans un big band de la ville de New York. Malheureusement, il tombe dans les égouts et meurt. Il se réveille en tant qu’âme et devient un mentor pour une âme en devenir qui cherche un sens à la vie pour aller sur Terre. Joe va alors découvrir que la vie est précieuse et qu’il faut profiter de chaque instant.

Un scénario complexe à destination des enfants, mais qui s’adresse aussi aux adultes. Pete Docter floute la frontière entre animation adulte et enfantine pour fournir un beau film qui pose les bonnes questions. Soul se veut être une ode à la vie. Le film apporte une réflexion sur la valeur de la vie sur Terre et de profiter de toutes les petites choses, parfois insignifiantes, qui s’offrent à nous. Le scénario est très riche et présente des personnages attachants qui vont se compléter pour mieux se trouver et accepter certains choix, parfois difficiles. Ainsi donc, Soul revêt des apparats de feel good movie, souvent bienfaiteur en ces temps de crise. Il faut profiter des choses simples. Il faut essayer de voir le bien dans les détails. Et malgré les petits tracas, il faut, chaque jour, trouver des moments qui font du bien. C’est là le credo de ce film.

Mais…

Malgré un message important sur la vie et le sens qu’on lui donne, le film se fourvoie tout de même dans un délire un peu consensuel. Le film manque clairement d’émotion dans ce qu’il propose et se termine même par une sorte d’happy end qui, étrangement déçoit. Le coup de la deuxième chance laisse un goût amer en bouche. Là où le film aurait pu être touchant, jouer avec l’émotion de son personnage principal, il s’octroie une liberté décevante sur un final qui se détache d’une certaine liberté. Mais ce n’est pas le seul problème de fond du film.

Les gens passionnés, que ce soit par la musique, le cinéma, le dessin ou autre, seront frustrés sur la morale finale du film. Ici, on nous montre un Joe rongé par le jazz. Il ne voit qu’à travers cela, ne vit qu’à travers cette musique. Et il passe à côté de sa vie. Le film de nous faire comprendre alors que la passion peut nous faire passer à côté des choses simples de la vie. Sauf que parfois, la passion nous sauve. La passion permet de trouver un sens à sa vie. Et le film élude complètement ce point de vue. Que ce soit avec Joe ou 22, on présente seulement les choses simples de la vie et on pointe du doigt la destruction par la passion. C’est dommage. D’autant plus que d’habitude, les films Pixar visent toujours juste sur leur message et là, on reste sur le bas-côté.

C’est beau mais

Il est indéniable que Soul est un film sublime. Sur certains plans, on est proche du photo-réalisme. Les décors sont à tomber par terre, surtout dans le monde réel. Les quartiers de New York sont sublimés et il y a un véritable jeu sur les éclairages. C’est franchement superbe. Tout comme l’animation, dingue, n’oubliant jamais l’aspect cartoon, pour s’adresser aux enfants et ne pas se perdre dans un réalisme trop prégnant. Même le monde surnaturel demeure joli. Les couleurs, plus pastel, sont douces et donnent un aspect éthéré à l’ensemble, ce qui correspond parfaitement à l’image que l’on se fait du monde d’après. Mais on peut aussi y ajouter une pointe de déception, notamment sur la mise en scène, qui manque de mordant et de plans qui restent en tête. Hormis le physique des Michel, entités omniscientes qui forgent les âmes, on reste dans quelque chose de très conventionnel.

Mais étrangement pour un Pixar, ce qui manque le plus dans Soul, c’est l’émotion. Le studio nous avait habitué à des personnages attachants et des moments forts où il est difficile de retenir ses larmes, mais là, ça ne fonctionne pas. Et c’est d’autant plus bizarre que le duo proposé est empathique. Joe est un homme attachant. Dévoré par sa passion, il reste sympathique, assez drôle et sa relation avec sa mère est plutôt touchante. Mais le scénario n’en fera rien. Tout comme 22, personnage qui doit être détestable au départ, mais qui s’avère bien gentil et découvre la vie à travers l’expérience. Le duo marche bien, mais le film n’arrive pas à rendre l’ensemble sensible. Il manque de la mélancolie, une pointe de tendresse et une certaine fatalité. Et le final ne fera finalement rien de ce duo, qui se sépare sans une once de regret.

Bilan

Au final, Soul est un film d’animation qui est bon, très bon même. L’animation est dingue, les choix artistiques sont osés et changent nos habitudes. Le message, qui explique qu’il faut profiter de la vie, est nécessaire aujourd’hui. Mais le film manque cruellement d’émotion. Pour la première fois depuis bien longtemps, Pixar ne nous touche pas vraiment et laisse sur un message qui peut interroger sur la passion, ce qui nous anime et parfois nous bouffe, ne proposant qu’une seule vision, qu’un seul point de vue. Bref, il n’empêche que Soul demeure un très bon film, mais loin derrière, Là-Haut, Vice-Versa ou bien Coco

Note : 15/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

2 réflexions sur « Soul »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.