avril 20, 2024

Totem

De : Marcel Sarmiento

Avec Kerris Dorsey, Ahna O’Reilly, James Tupper, Braeden Lemasters

Année: 2017

Pays: Etats-Unis

Genre: Horreur

Résumé:

James élève seul ses filles Kellie et Abby. Lorsqu’il rencontre Robin, une jeune femme charmante, il en tombe amoureux et refait sa vie avec elle. L’arrivée de Robin dans la maison coïncide avec plusieurs phénomènes étranges. Kellie en est victime, mais Robin également. Kellie commence à penser qu’une force surnaturelle a pris possession des lieux. Toute la famille est en danger. Kellie cherche un moyen de contrecarrer les plans de l’esprit maléfique.

Avis:

Marcel Sarmiento n’est pas un nom très connu dans le septième art. Il faut dire que le cinéaste officie dans le domaine de l’horreur et il est seulement connu des quelques initiés. Le réalisateur fait d’ailleurs beaucoup de bruit dans les années 2000 avec Deadgirl. Il s’agit d’un film où l’on suit deux ados qui s’initient aux arts de l’amour avec une zombie qu’ils ont attaché et dont ils abusent. Glauque et malsain, le film tire parfois vers le tape à l’œil, mais il attire le regard de certains producteurs, ce qui permet à Sarmiento de faire des segments pour The ABC’s of Death et V/H/S Viral. Sorti en toute discrétion via OCS, Totem est le dernier film signé Marcel Sarmiento, et encore une fois, il va tenter de jouer au plus malin avec le spectateur. Film de fantôme qui essaye de tromper son public, Totem peut se targuer d’avoir une bonne idée dans son twist final, mais qui met trop de temps à réellement démarrer.

Si, si la famille

Le film nous place aux côtés d’une famille de trois personnes, un père et ses deux filles, dont une âgée de 17 ans. On apprend très vite que la maman est morte et que le père souhaite refaire sa vie et faire entrer dans la maison sa petite copine. Cela ne plait pas tellement à l’adolescente, mais elle laisse faire. Cependant, l’arrivée de la jeune femme correspond aussi à l’arrivée d’un fantôme dans la maison. Un fantôme qui semble assez violent, même s’il tape des discussions avec la plus petite. Et le film de jouer constamment avec la menace de ce fantôme et la place de plus en plus importante que prend la nouvelle belle-mère. Le film va constamment nous placer entre deux feux, celui de la menace surnaturelle et celui d’une relation tendue entre une femme qui souhaite se faire accepter et une adolescente qui semble ne rien vouloir pardonner. Un double-texte qui permet de donner un certain fond au film.

En effet, Totem se plonge à corps perdu dans les relations compliquées entre une jeune fille et sa belle-mère qui semble bien trop jeune. Des relations qui vont se dégrader, tout simplement car la jeune fille perd sa place de maman de substitution et que cela ne lui plait absolument pas. Les habitudes ont la dent dure. Au-delà de ça, elle ne va pas non plus accepter que sa petite sœur tombe si facilement dans les bras de cette nouvelle venue. Ni que cette femme touche aux affaires de feu sa mère. Bref, Totem, dans son aspect non horrifique, explore les méandres de relations compliquées dans une famille qui essaye de se recomposer. Le seul bémol, c’est que cela prend trop de temps, alors même que tous les personnages n’ont pas la même importance. Le père, par exemple, est sous-exploité, malgré un rôle complexe où il doit jongler entre sa nouvelle compagne et sa fille qui fait des crises et voit des fantômes.

Déséquilibre

Comme dit précédemment, Totem est un film qui met trop de temps à démarrer. Le côté familial et dramatique prend trop le pas sur l’aspect horrifique. Si des éléments étranges vont se mettre en place, ils seront bien trop timides pour réellement poser une ambiance anxiogène. Il ne suffit pas de faire claquer une porte, de faire bouger une statuette ou encore de faire parler toute seule une petite fille pour susciter de l’angoisse et de la peur. Si ces éléments permettent de distiller des phénomènes laissant présager la présence d’un fantôme menaçant, on reste trop dans l’expectative d’un démarrage en trombe qui ne survient que bien trop tard. Et c’est dommage, car on comprend les intentions du réalisateur qui veut vraiment construire un fond autour de son histoire, pour mieux nous surprendre dans son twist.

Et fort heureusement pour nous, c’est dans le dernier quart d’heure que tout s’accélère et que le pot aux roses est révélé. Le film joue alors la carte de l’inattendu et arrive sans aucun mal à nous plonger dans une folie destructrice. Une folie qui se caractérisera par un jeu de de massacre et de manipulation qui ne trompera plus personne. On comprend alors mieux certaines réactions vues précédemment, et le scénario retourne certaines longueurs en un avantage. Malheureusement, cela intervient trop tard dans le film, et si on pourra se régaler de quelques meurtres sadiques, tout va trop vite, quitte à laisser de côté une ambiance morbide. Sans compter aussi sur un twist final désuet, qui laisse place à une séquence gore, mais qui n’explore le trauma que cela peut engendrer par la suite. Le film se termine alors de suite, sans jamais aller plus loin, et c’est dommage.

La fatigue

L’autre point faible d’un tel film, c’est qu’il ne possède pas une mise en scène intéressante. C’est-à-dire que le film ne joue jamais vraiment la carte de l’étouffement avec un petit cercle familial, ou alors de s’ouvrir dans quelques plans aériens. En l’état, Totem est un « petit » film qui n’a pas vraiment d’ambition dans sa mise en scène, si ce n’est de fournir une paire d’effets gores, notamment sur la fin, et quelques séquences en dehors de la maison. Mais rien ne vient vraiment nous marquer. Tout comme les acteurs qui ne sont pas très bon. Kerris Dorsey en fait des caisses et demeure très pénible dès le départ du film. Les autres acteurs sont sous-exploités et font ce qu’ils peuvent pour exister. Reste alors le fond, ce mal-être profond d’une adolescente qui ressent des sentiments interdits (difficile de ne pas spoiler). Encore une fois, comme avec Deadgirl, Marcel Sarmiento explore un thème qui dérange, qui est presque tabou, mais il va à fond dans ce thème.

Au final, Totem est un film qui aurait pu être très bon, mais qui s’enlise dans un faux rythme un peu lénifiant et dans une mise en scène quelconque. Entre thriller horrifique et film d’épouvante avec un fantôme, le film de Marcel Sarmiento ne trouve jamais le bon équilibre et se perd dans un pseudo drame familial plus pénible qu’autre chose. C’est dommage, le fond du film aurait pu être intéressant, mais il ne le met jamais à profit…

Note : 08/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.