avril 23, 2024

Les Liens Maudits

Titre Original : Il Legame

De : Domenico Emanuele de Feudis

Avec Riccardo Scamarcio, Mia Maestro, Federica Rosellini, Giulia Patrignani

Année : 2020

Pays : Italie

Genre : Horreur

Résumé :

En visite chez la mère de son fiancé dans le sud de l’Italie, une femme doit lutter contre une mystérieuse malédiction qui vise sa propre fille.

Avis :

Le cinéma d’horreur italien a connu son heure de gloire durant les années 70. Entre des productions bis qui voulaient rivaliser avec les films de la Hammer et l’avènement de réalisateurs cultes comme Dario Argento ou encore les confirmations de Mario Bava, l’horreur à l’italienne était prolifique. De nos jours, ce genre est tombé en désuétude dans ce pays, à un tel point que pour trouver un réalisateur influent, il faut gratter. On trouvera bien quelques films d’exorcisme, la religion chrétienne étant toujours très prégnante en Italie, mais dans l’ensemble, ça reste très décevant. Domenico de Feudis sera-t-il le renouveau de ce genre ? Les Liens Maudits est son premier film et il est disponible sur Netflix, notamment grâce à Riccardo Scarmacio, acteur et producteur sur ce métrage, qui semble vouloir sortir de son rôle de méchant aux yeux bleus. Mais que vaut-il réellement ?

La Dolce Vita

Le début du film est assez pénible. En effet, le réalisateur va prendre le temps de présenter ses personnages, sans jamais vraiment les rendre attachants. On a droit à un homme musicien assez sympathique, qui rend visite à sa mère dans le sud de l’Italie pour présenter sa future femme et la fille de celle-ci. Si tout se passe pour le mieux dans cette immense demeure aux relents gothiques, on va vite voir que la mère en question verse un peu dans la sorcellerie et soigne les oliviers avec des méthodes de grand-mère. Sauf qu’elle s’occupe d’un peu trop près de sa petite-fille d’adoption et la mère de cette dernière n’est pas tout à fait rassurée. C’est lorsqu’une mygale mord la petite fille que les choses horrifiques se mettent en branle, et que le film bascule dans une horreur et quelques thèmes intéressants.

Toute cette mise en place plombe le rythme du film, qui devient un tantinet ennuyeux dans son démarrage. On ne voit pas trop où veut en venir le film, ni pourquoi cette vieille femme pourtant bienveillante verse dans une sorte de sorcellerie animiste. Les personnages semblent inexistants. C’est-à-dire qu’on n’a pas vraiment d’évolution intéressante. Le père/mari est très effacé. Il fait confiance à sa mère, mais cache des choses à sa future femme et semble peu concerné par tout ce qui se passe dans cette baraque. Alors que le fin mot de l’histoire le concerne personnellement ! Quant à la mère de la petite fille, qui sera le point central du métrage, elle tire souvent la tronche et manque cruellement d’empathie. Elle aussi semble peu concernée par tout ce qui se passe. Même la grand-mère, qui fait tous ces tours de passe-passe, est hermétique et rigide et manque d’empathie.

Panique dans les oliviers

Si les personnages semblent peu intéressés par ce qui se passe dans cette immense baraque, il faut tout de même sauver la petite fille. L’actrice est vraiment excellente et semble vraiment souffrir de ce lien mortel établi avec une sorcière. Une méchante sorcière qui va permettre au film de se réveiller et de devenir bien plus intéressant. En effet, on va vite se rendre compte que la morsure de la mygale n’était que le commencement des ennuis et petit à petit, le film va sombrer dans une atmosphère sombre et morbide. Une ambiance glauque qui profite des sublimes paysages du sud de l’Italie et de son climat chaud et sec. La mise en scène garde son rythme lent pour placer des grands angles dans des champs d’oliviers gigantesques et magnifiques. Et la musique de peser sur cette ambiance mortifère et désolée.

Les teintes du métrage rendent aussi l’ensemble sur étrange et étouffant. On navigue constamment dans les ocres, jaunes et marron et cela appuie fortement le côté anxiogène de l’ensemble. Ajoutons à cela des aplats de noir qui vont servir de cachette à cette sorcière possédée par le mal, et l’atmosphère sera au rendez-vous. Et le tout s’emballe assez vite, au détriment, peut-être, de la cohérence du scénario. On va se rendre compte que tout le début ne sert pas forcément à grand-chose, et que la révélation du seul homme de la famille sur son passé aurait pu arriver plus vite. Néanmoins, force est de constater que cette deuxième partie rehausse largement le niveau. La peur est au rendez-vous grâce une mise en scène racée qui va profiter des noirs et du physique disgracieux de sa sorcière.

La sorcière mal aimée

Certains passages font mouche, le cinéaste s’amusant à faire faire des choses très désagréables à ce monstre qui semble d’une grande cruauté. On retrouvera tous les clichés du genre, avec les mains dans la bouche, les mouvements saccadés, mais l’ensemble se tient et fait peur. La fin réservera peu de surprises néanmoins, mais on reste dans quelque chose de tout à fait convenable et qui bénéficie d’une mise en scène inspirée et glauque au possible. On regrettera simplement des thèmes un peu survolés. Le coup du passé qui nous rattrape et dévoile notre véritable nature, l’aspect famille recomposée qui va petit à petit se découvrir et sombrer, on reste dans quelque chose de connu. Et malheureusement, ces thématiques sont peu travaillées, la faute à un scénario confus et hasardeux.

Au final, Les Liens Maudits est un film qui souffle le chaud et le froid. Si le début est assez calamiteux et relativement lent pour pas grand-chose, on retiendra surtout la deuxième moitié. Versant dans l’horreur pure avec quelques passages intéressants et une gamine qui joue bien la possession, le film de Domenico de Feudis profite d’une mise en scène inspirée et de décors naturels sublimes pour mieux nous emporter. Certes, si certaines choses sont déjà vues et que le scénario demeure confus, le film ne mérite pas l’anonymat dans lequel il baigne et il serait dommage de passer à côté, surtout si l’on est fan de possession, de sorcière monstrueuse et de décors incroyables.

Note : 13/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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