Auteur : Federico Saggio
Editeur : Auto-édition
Genre : Science-Fiction
Résumé :
Pays Noir, 2184.
L’Humanité a été contrainte de masquer un soleil devenu trop agressif derrière une épaisse masse nuageuse artificielle. L’Ancien Monde s’est consumé, et de ses cendres a émergé une nouvelle société autoritaire : la Fédération de Lululand, au sein de laquelle la mémoire est désormais le moyen de contrôle premier.
Mais parmi les Cerbères qui veillent à sa pérennité, il est un chien de garde qui a brisé la chaîne qui le retenait… et qui ne vit plus que pour voir sa destruction.
Lululand Infrarouge reprend le récit précisément là où Lululand Ultraviolet s’est arrêté… pour mener ses personnages dans une spirale infernale, jusque dans des profondeurs insoupçonnées, et enfin clore cette duologie d’anticipation à la narration viscérale.
Y a-t-il seulement une issue ?
Ailleurs est-il meilleur ?
Avis :
La suite de Lululand nous plonge directement dans l’action. Les révélations dramatiques du premier tome nous avaient laissés en émoi, avides de connaître la suite et fin de ce diptyque savoureux. L’histoire de qualité défile sous nos yeux, et se termine beaucoup trop vite ! Le ton cynique, le héros traumatisé et le système dystopique captivant mis en scène, prennent littéralement vie et nous prennent aux tripes, à tel point que l’on ne veut pas que le récit s’arrête. La lecture fluide, le vocabulaire brut et vivace, et le talent de la plume de l’auteur nous bercent ; les images d’un univers craquelé s’enchaînent, s’entremêlent à celles d’un futur où pourrait enfin percer la lumière.
Une lueur d’espoir
Contrairement à l’ouvrage précédent, Lululand Infrarouge distribue de l’espoir et de la positivité, même si l’atmosphère noire continue de peser sur les épaules d’un héros brisé, à l’identité trouble. Cette complexité scénaristique nous porte, entre poésie et cauchemar, entre rêve et obscurité, jusqu’aux dernières lignes du roman qui clôturent cette aventure en apothéose.
Le lecteur souffle alors, comme s’il avait retenu sa respiration dès le prologue ; le suspense et la musicalité des chapitres perturbent et animent notre imaginaire foisonnant, nous retiennent dans cet ailleurs qu’une lecture saisissante parvient à créer. Dans une période où la morosité ambiante déchaîne les sentiments les plus sombres, les deux tomes de Lululand se transforment en une médication possible, pour que l’espoir et le rêve reprennent leurs droits.
Une certaine ambivalence
Le second tome présente à la fois des environnements ténébreux ainsi qu’un mode de vie plus optimiste, teinté néanmoins d’ombres et de secrets. Le titre et la couverture du roman prennent tout leur sens et aident notre imagination à s’approprier cette atmosphère atypique. Sous le Voile, ou dans l’Infrarouge, l’univers dépeint par le récit enchante à chaque fois. Notre curiosité s’emballe, notre animosité se répand, notamment quand l’intrigue s’attarde sur d’immondes créatures ou de violents combats, qui rappellent irrémédiablement des ambiances à la cyberpunk.
Une humanité brisée, qui a abandonné, croise celle qui espère et qui n’a pas dit son dernier mot. Lululand Infrarouge joue sur les deux tableaux, sur ces penchants qui habitent chaque être humain, mettant en lumière cette frontière fine entre dépravation et remise en question. Rien n’est heureusement joué d’avance, même si la peur s’amuse à nous envelopper de son aura mortifère ! La double identité du héros vient appuyer cette ambivalence ; elle l’affaiblit d’un côté mais le rend aussi bien plus fort. Peut-être possédons-nous tous cette part rebelle cachée au fond de nous ?
Cette fois-ci, notre héros ne découvre plus le monde qui l’entoure, sa mémoire lui est revenue. Le point de vue de la nouveauté reste malgré tout porté par Marcin, enfin moins aveuglé par le système et fasciné par ce qui l’entoure. Son côté innocent donne du baume au héros et aux lecteurs.
La fin de la série représente également cette double complexité ; triste d’un côté, heureuse de l’autre, elle insuffle force et détermination.
De la musicalité
Les dialogues rythment le récit avec délice : les réparties de notre héros font mouche, l’incertitude de Marcin nous touche, et leur nouvelle complicité émeut. Le héros que l’on connaissait, au cœur décharné et perdu, se transforme en un pseudo-père attachant, qui cherche à soutenir son protégé et lui redonner foi en la vie. Ils avancent à deux, dans un monde qui les rejette, qu’ils souhaitent meilleur et plus juste. Une lutte universelle, un combat qui parle à tous, un message qui attire.
La poésie de la plume de l’auteur fait rimer quelques phrases entre elles, joue sur les mots et ponctue certains passages d’amour et d’humour. Toutefois, ce volume s’avère plus violent encore que le précédent, attention aux âmes sensibles. Les premiers chapitres perturbent et s’étendent légèrement trop sur le sujet ; amenant la violence à perdurer. Des combats coule le sang, de la chair en décomposition souffle une odeur de mort… Pourtant, le héros n’a jamais autant incarné la vie.
Plongez, si vous l’osez, dans ce monde effroyable, où le soleil brûle plus que de raison, jusqu’à vous défigurer et vous transformer en humain bien docile. Lululand critique et célèbre l’humanité : faites en sorte que le monde qui y est dépeint ne devienne jamais réalité ! Nous possédons toutes les clés entre nos mains. A nous de savoir comment les utiliser.
Note : 18/20
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Par Lildrille