avril 25, 2024

La Grande Séduction

De : Jean-François Pouliot

Avec Raymond Bouchard, David Boutin, Benoît Brière, Pierre Colin

Année : 2004

Pays : Canada

Genre : Comédie

Résumé :

A Sainte-Marie-La-Mauderne, un petit village portuaire, les habitants, autrefois de fiers pêcheurs, sont maintenant contraints de vivre des allocations gouvernementales. Au fil des chèques de prestations sociales, la fierté des villageois s’effrite et laisse place à la morosité, la torpeur et le désespoir.
Après le départ du maire vers la grande ville, Germain, un des habitants, décide de prendre les choses en main. Afin de répondre aux exigences d’une entreprise qui cherche à y implanter une petite usine, il doit attirer un médecin dans le minuscule patelin. Or qui oserait venir se perdre dans une bourgade aussi reculée ?

Avis :

Aujourd’hui, je pose mes valises de cinéphile au Canada, pour m’arrêter sur le premier film de Jean-François Pouliot. Réalisateur québécois, Jean-François Pouliot n’est pas vraiment connu par chez nous, puisque cette « … grande séduction » est entre guillemets le seul film qui est arrivé chez nous, du moins dans nos salles de cinéma. Certes, il y a bien eu en 2016 « La bataille géante de boule de Neige« , mais c’est un dessin animé et il a connu assez peu d’exploitation.

« La grande séduction« , c’est le genre de petit film qui a réussi à traverser les frontières, car il a connu un énorme succès chez lui avec plus de cinq millions d’entrées, coiffant au poteau « Matrix Reloaded » ou « … le retour du roi« , ce qui est assez fou. Devenue culte, cette comédie sociale est tout ce qu’il y a de plus charmant. Drôle et touchante, pleine de finesse, tenant un fond intéressant, abordant ici les zones désertifiées, « La grande séduction » est un film qui porte parfaitement son titre.

Bienvenue à Sainte-Marie la Mauderne, un petit village de cent-vingt-cinq habitants. Sainte-Marie la Mauderne fut autrefois un petit village portuaire qui vivait de la pêche, mais aujourd’hui, ses habitants vivent surtout des allocations gouvernementales, tant il n’y a plus de travail dans la région. Un espoir naît quand une usine pourrait s’implanter tout près, mais cette dernière exige des conditions et parmi lesquelles, un médecin. Or, le village n’en a plus depuis longtemps. Il faut donc trouver un médecin en urgence, mais qui voudrait venir se perdre ici ? Alors quand le docteur Christopher Lewis est dépêché sur place pendant un mois, Germain Lesage, le maire du village, avec la complicité de tous les habitants, échafaude un plan pour que Sainte-Marie la Mauderne émerveille le médecin de la ville et lui donne envie de rester.

Ce premier film pour Jean-François Pouliot est une jolie petite réussite tant pour l’humour et l’attachement que le réalisateur nous procure face à Sainte-Marie la Mauderne et ses habitants, que pour le fond, car derrière les gags et les mensonges en cascade que le scénario nous réserve, « La grande séduction » est aussi une comédie sociale sérieuse, qui met en relief les problèmes que nous connaissons que trop bien.

« La grande séduction« , c’est un excellent scénario (en même temps, le film est écrit par Ken Scott, auteur et réalisateur entre autres du bijou « Starbuck« ) dans lequel on trouve de quoi s’amuser. « La grande séduction« , comme son titre l’indique, c’est l’histoire d’un envoûtement, celui d’un médecin, et tous les coups sont permis pour que ledit médecin reste dans ce trou perdu, dont le charme, évidemment, va se révéler au fur et à mesure. Ainsi, au menu, Jean-François Pouliot et Ken Scott nous ont réservés des situations improbables, de l’absurde, des écoutes téléphoniques, des mensonges en voulez-vous en voilà, de la manipulation, beaucoup de manipulation, une quête d’image et surtout des personnages hauts en couleurs qui sont parfaitement adorables. Il est bien difficile de leur résister.

Puis cette « … grande séduction » ne se pose pas comme une simple comédie, non ici, Jean-François Pouliot livre une comédie qui a du fond et alors même qu’elle a déjà seize ans, elle n’a jamais été autant d’actualité. Avec « La grande séduction« , derrière les mensonges et les manipulations, il se cache une triste réalité, celle des régions qui se désertifient, les régions où il est devenu difficile, voire impossible, comme ici, de trouver un médecin. Des régions où le travail se fait rare, car il est trop souvent concentré dans les zones urbaines. Ces questions et ces états de fait donnent beaucoup de relief à cette comédie sociale, et entre deux gags très bien trouvés, « La grande séduction » sait aussi se faire touchante et pousse à la réflexion, ce qui ne fait pas de mal. Le bonheur, l’accessibilité, ou encore la simplicité ne doivent pas être réservés qu’aux villes.

Si Jean-François Pouliot réussit sans mal sa comédie, allant de gags en gags avec énergie, et un poil de folie, le plus touchant dans la mise en scène de son cinéaste, c’est la façon dont il arrive à capturer la simplicité et la chaleur de gens. « La grande séduction« , c’est simple, juste et tendre et au-delà de tout ça, il y a quelque chose de très réel qui s’échappe de son film, ce qui fait qu’il rend directement attachant tout ce qu’il entreprend.

Puis cet attachement, on le doit aussi à ces comédiens qui sont plus vrais que nature. Drôles, pétillants, vivants et bourrés de tendresse, ce casting est magique, et chacun d’eux apporte tellement à l’ensemble. Que ce soit Raymond Bouchard, David Boutin, Guy-Daniel Tremblay, Roc LaFortune, Ken Scott (oui, il tient un petit rôle), Guy Vaillancourt, Rita Lafontaine… Tout ce casting est génial et tous sont attachants. Ils nous font rire, et il faut voir et entendre les mensonges de certains, tout comme ils sont capables de beaucoup nous toucher.

« La grande séduction » est un bon film devant lequel on s’amuse beaucoup. Jean-François Pouliot fait une belle entrée dans le paysage du cinéma avec un film juste, sincère, drôle et en même temps qui soulève de bonnes questions et pointe du doigt un problème qui n’a fait que croître depuis. Je suis ravi d’avoir posé mes valises de cinéphile au Canada et mieux, j’en redemande !

Note : 14/20

Par Cinéted

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