mars 19, 2024

The Prom

De : Ryan Murphy

Avec Meryl Streep, James Corden, Nicole Kidman, Kerry Washington

Année : 2020

Pays : Etats-Unis

Genre : Comédie Musicale

Résumé :

Stars de la scène new-yorkaise, Dee Dee Allen et Barry Glickman traversent une véritable tempête : le dernier spectacle qu’ils ont monté à Broadway à grands frais est un échec retentissant qui a soudain réduit leur carrière à néant. Dans le même temps, au fin fond de l’Indiana, Emma Nolan, lycéenne, connaît un chagrin d’un tout autre ordre – malgré le soutien du proviseur, la responsable de l’association des parents d’élèves lui a interdit de venir au bal de fin d’année avec sa petite amie Alyssa. Lorsque Dee Dee et Barry comprennent qu’ils peuvent faire de l’épreuve d’Emma une cause à défendre – et ainsi redorer leur image de marque –, ils mettent le cap sur l’Indiana, en compagnie d’Angie et Trent, deux autres comédiens cyniques cherchant à faire redécoller leur carrière. Mais quand leur militantisme opportuniste se retourne contre eux de manière inattendue, la vie des quatre acteurs est chamboulée – et ils se mobilisent pour offrir à Emma une soirée où elle peut enfin assumer son identité au grand jour.

Avis :

Si Ryan Murphy fut révélé dans les années 90 en tant que showrunner avec la géniale série « Nip/Tuck« , ce sont bien les années 2010 qui vont lui être très favorables. Véritable explosion pour le showrunner et réalisateur, en dix ans, on a vu peu à peu le nom de Ryan Murphy s’imposer partout. « Glee« , « American Horror Story« , « Scream Queens« , « American Crime Story« , « Feud« , « Pose« , « The Politician« , « Hollywood« , « Ratched« … On a l’impression que rien n’arrête l’ascension de Ryan Murphy. En plus d’être showrunner à ses heures perdues, Ryan Murphy trouve de temps à autre quelques petites heures pour mettre en scène.

Après « Courir avec des ciseaux« , « Mange, prie, aime » et « The Normal Heart« , « The Prom » est le quatrième long-métrage de Ryan Murphy. Pour ce nouveau film, le réalisateur a vu les choses en grand, convoquant la crème d’Hollywood, afin de se frotter à un genre pas si simple que cela, la comédie musicale. Et le moins que l’on puisse dire vu ce nouveau Ryan Murphy, c’est qu’on y trouve de tout, du bien, du mal, du bon, du moins bon, de l’osef, des chorégraphies, des clichés, un bon message, des valeurs, de la tolérance, une histoire aussi jolie qu’elle est poussive parfois et surtout, ô grand surtout, beaucoup trop de paillettes !

Dee Dee Allen et Barry Glickman sont des stars de Broadway. Or, leur dernier spectacle est absolument démonté par la presse, qui taxe le show d’horreur narcissique. Pour refaire leur image, Dee Dee et Barry se mettent alors en tête de défendre une cause, et une belle cause. Par le biais d’une amie, ils découvrent alors l’histoire d’Emma Nolan, une lycéenne qui se voit privée de son bal de fin d’année scolaire car elle est lesbienne. Pour le duo, ils en sont sûrs c’est la cause à défendre, et ils vont tout faire pour que la jeune fille puisse aller à ce bal de fin d’année. S’ils y arrivent, alors la presse sera plus indulgente avec eux, et accessoirement, Emma aura eu ce qu’elle voulait et plus accessoirement encore, peut-être qu’ils auront réussi à faire changer quelques mentalités…

Six ans après le très beau « The Normal Heart« , Ryan Murphy remet sa casquette de réalisateur et sur le papier, « The Prom » avait bien des arguments à défendre. Premièrement, il y avait l’idée que Ryan Murphy puisse se lancer dans une comédie musicale, genre qu’on aime beaucoup, et qui peut donner de savoureux moments de cinéma, en plus de nous offrir quelques nouveaux sons à mettre dans nos différents services de streaming. Ensuite, il y avait cette intrigue, aussi amusante qu’on l’imaginait déjà touchante. Comme toujours chez Murphy, il y a cette idée de tolérance et de vivre ensemble qui, même si le message commence à être connu de tous, mérite bien qu’on nous en parle encore un peu, ça ne fait jamais de mal. Puis derrière tout ça, il y avait aussi l’idée de retrouver des acteurs tels que Meryl Streep, Nicole Kidman ou James Corden, qui sont tout trois des habitués du genre. Bref, il y avait beaucoup d’ingrédients réunis pour qu’on passe une bonne soirée. Enfin ça, c’était jusqu’à la deuxième scène où Ryan Murphy craque littéralement, et nous en met trop plein la vue.

C’est bien simple, il est très compliqué de se faire à ce trop-plein, à cette image d’un Broadway rêvé qui déborde de chaque côté, avec son lot de couleurs saturées, de bonne humeur et toutes ces paillettes. De la paillette, en voulez-vous, en voilà. Et ce constat est tellement dommage, ce trop-plein poussé à la ringardise est tellement dommage, car derrière tout ça, « The Prom » a de bons éléments et notamment une intrigue qui sur le fond est jolie, intéressante, voire même importante. Ainsi, le film nous réservera des rebondissements inattendus, il nous réservera aussi de savoureux moments de comédie et quelques répliques cinglantes bien placées. Même si le scénario n’y va pas avec le dos de la cuillère, il faut dire que le message que « The Prom » porte demeure essentiel, vivre ensemble, s’accepter les uns les autres, faire des différences une force, vivre avec des blessures, pardonner, faire preuve d’altruisme… Bref, autant de sujets qui véhiculent un bon message et qui plus est, se prête très bien à cette histoire.

Mais bon, il faut arriver à passer au-dessus du flamboyant, de la démesure qui va jusqu’à la saturation de bons sentiments et puis il faut aussi passer au-dessus de la tonne de clichés que le film nous réserve. Des clichés parfois très intéressants et très bien employés et d’autres fois absolument pas, laissant l’impression que Ryan Murphy fait de l’œil à la communauté LGBT avec son lot de personnages hauts en couleurs qui pourraient s’imposer comme de nouveaux standards. Franchement, j’ai dans un sens déjà envie de me draper de mon plus beau costume de Meryl Streep et refaire en cachette « It’s Not About Me« .

D’ailleurs, quand on va chercher du côté des numéros et du show que « The Prom » nous réserve, on ne peut nier un certain savoir-faire. Ryan Murphy livre une vraie comédie musicale avec ce qu’il faut de numéros et de chansons qui, pris à part, sont excellents. On sent une véritable envie et un pur plaisir de la part du réalisateur pour les mettre en scène, et plus loin que ça, des acteurs qui s’éclatent. Mais encore une fois, on retombe aussi sur ce trop. Pris à part, c’est très bon, mis ensemble, on n’est pas loin de frôler l’overdose.

Du côté du casting, tous sont excellents, et tous sont attachants, même si on regrettera que certains des personnages ne soient pas plus développés que cela. Ainsi, pour l’exemple, on regrettera que Nicole Kidman soit presque une figurante, tenant un personnage qui ne sert pas à grand-chose. Pour le côté osef, on prendra Kerry Washington, dont le retournement de veste est assez magistral. Pour ceux qui s’en sortent haut la main, on sera on ne peut plus étonné de Meryl Streep, soixante-dix ans, qui nous offre un show de tous les instants assez incroyable. Elle dégage une énergie folle. On notera aussi un rôle sublime pour James Corden, même s’il faudra composer avec le côté « trop » de son personnage.

« The Prom » est donc un film qui déborde de tous les côtés. Ryan Murphy en fait tellement trop qu’il écrase quelque peu le fond de son film, qui demeure intéressant et très beau. D’ailleurs, c’est quand il en fait moins que « The Prom » se fait le meilleur et le plus touchant. Je reste donc déçu de ce nouveau film signé Ryan Murphy, qui se pose non pas comme un raté ou un mauvais film, car il nous réserve de bons moments et sur l’ensemble ça reste assez divertissant, mais on ne pourra pas non plus dire que ce soit totalement un bon film. Bref, on y trouve de tout et l’ensemble ressort comme très partagé.

Note : 09/20

Par Cinéted

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