avril 20, 2024

American Skin

De : Nate Parker

Avec Nate Parker, Omari Hardwick, Theo Rossi, Beau Knapp

Année : 2021

Pays : Etats-Unis

Genre : Drame

Résumé :

Lincoln est un ancien combattant de la Marine. Aujourd’hui, il travaille comme concierge au sein d’une école et tente d’améliorer ses relations avec son fils. Un jour, lors d’un contrôle de police de routine, le jeune garçon est tué. Cependant, l’officier coupable d’avoir tiré sur lui est déclaré innocent. Lincoln choisit alors de faire justice soi-même.

Avis :

Nate Parker, c’est tout d’abord un comédien de talent qui a traversé les années 2000 et 2010 en s’illustrant à l’écran dans des rôles forts. Mais si le nom de Nate Parker est mondialement connu, c’est en très grande partie grâce ou à cause, de son premier film en tant que réalisateur. Nate Parker, c’est l’homme que l’on trouve derrière et devant la caméra de « The Birth of Nation« . Sorti en 2017, le film s’était pris un tollé au moment de sa sortie, taxant le film de racisme anti-blanc.

Deux ans après ce semi-échec, voici donc que Nate Parker est de retour avec une fiction totalement écrite par ses soins. Toujours aussi politique, toujours aussi cinglant et précis, Nate Parker oublie les révoltes d’esclaves et se lance dans un film tout ce qu’il y a de plus contemporain, tout ce qu’il peut y avoir de plus actuel. Tout comme « The Birth of nation« , pouvait l’être, « American Skin » va être une œuvre politique. « American Skin« , c’est une œuvre forte, dure, intense, qui s’arrête sur le problème de la police en Amérique. Faisant un constat assez accablant, Nate Parker va surprendre avec un film inattendu et osé, qui va alors mettre en relief de manière passionnante les différents points de vue entre afro-américain et policier de tout horizon. Passionnant de bout en bout, solide aussi bien dans son intrigue que dans son divertissement et sa réflexion, « American Skin » est une grande réussite, et l’un des meilleurs films de cette année !

Lincoln est un ancien marine qui a servi son pays comme il le devait. Aujourd’hui, Lincoln est revenu à la vie civile, et cette dernière a basculé il y a un an de cela, quand lors d’un contrôle de routine, son fils de quatorze ans s’est fait abattre par la police. Lincoln comptait énormément sur le procès du policier, mais ce dernier va être une terrible déception, la justice l’acquittant. Dès lors, Lincoln se met en tête de refaire le procès de cet homme… Mais un procès peu ordinaire…

Des films qui mettent en avant les violences policières en Amérique, on en connaît à perte de vue. Dernièrement, des réalisateurs comme Kathryn Bigelow ou George Tillman Jr. l’on très bien fait, avec respectivement « Detroit » pour l’une et « The Hate U Give » de l’autre.

Dans l’autre sens, des films qui mettent en avant la pression que peuvent ressentir les policiers, on en connaît aussi. Certes, il y en a moins, mais on en connaît.

Mais des films qui conjuguent, au sein même de leur histoire, les deux points de vue, on en connaît bien moins et c’est là que le film de Nate Parker se différencie des autres, pour livrer un réquisitoire important, nécessaire et surtout actuel.

« American Skin« , c’est un film qui emprunte les codes qu’on connaît déjà par cœur, mais une fois cette introduction faite, ce constat établi, Nate Parker s’aventure autre part et le chemin va être parsemé d’embûches. Des embûches que le réalisateur va éviter avec la plus grande des subtilités. « American Skin« , c’est plusieurs paroles, c’est un film qui oppose les points de vue, dans un scénario qui est un petit coup de génie. En à peine une heure et demi de film, Nate Parker va traiter de tant et tant de sujets que ça en devient bluffant. Le réalisateur va au plus juste, il ne s’égare pas et surtout, il laisse toutes ses parties s’exprimer. À travers cette intrigue, Nate Parker parle alors de la violence de la police, mais aussi celle des afro-américains. Il parle de la culture des armes aux Etats-Unis, ce qui est un véritable problème. Il parle de l’éducation, de la société, des salaires, du patriotisme, du racisme, de l’héritage et la honte de l’esclavage. Nate Parker parle du sentiment d’être américain ou non, comment vraiment être américain quand on est systématiquement ciblé et suspecté. Le réalisateur parle aussi de la justice, des points de vue qu’elle peut avoir. Évidemment, la famille n’est pas oubliée, ni l’amour, d’ailleurs, ces deux sujets donnent lieu à des instants bouleversants. C’est assez dingue de voir tant de sujets si bien traités en si peu de temps. Puis derrière tous ces sujets, finalement, Nate Parker livre un film qui invite au dialogue, beaucoup de ces problèmes pourraient être évités ou réglés avec simplement du dialogue et c’est là la plus grande force de ce film. 

« American Skin« , du côté de sa mise en scène, reste très simple, même si elle emploie beaucoup de technologie actuelle pour donner un plus au film. « American Skin » débute comme un film déjà vu bien trop de fois, et c’est vrai que même si le tout est solide, on peut craindre de connaître déjà ce film. Mais par la suite, Nate Parker le fait évoluer et il en fait un huis-clos des plus passionnants. Le huis-clos de l’année, celui dont on se souviendra longtemps. C’est fort, c’est intense, c’est percutant et surtout on reste scotché, piqué à vif, voulant aller comme le personnage, au bout de son idée.

D’ailleurs, en parlant de personnages, il faut citer les compositions des acteurs qui sont toutes impeccables. Nate Parker, qui tient le rôle-titre, est prenant, quant à Beau Knapp, il est bouleversant.

« American Skin » est donc bien plus qu’une grosse surprise, c’est un film renversant et passionnant. C’est un film qui fait un état des lieux, fait un constat, et surtout, c’est un film qui invite à l’échange. Bref, on en ressort retourné, bouleversé, avec une seule envie, d’y retourner, de le revoir et de l’analyser. Bref, un très grand bravo !

Note : 20/20

Par Cinéted

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