avril 20, 2024

Another World

De : Eitan Reuven

Avec Zach Cohen, Carl McCrystal, Susanne Gschwendtner, Davina Kevelson

Année: 2015

Pays: Israël

Genre: Horreur

Résumé:

Dans un futur post-apocalyptique, un programme de guerre biologique a fini par disséminer l’humanité. Seul quatre survivants se défendent contre les « infectées » – des tueurs insensés. Alors qu’ils luttent pour survivre et pour donner un sens à leur vie, ils découvrent un autre survivant qui pourrait bien leur révéler la réalité.

Avis :

Il devient de plus en plus difficile de faire un film de zombies original. Tout, ou presque, a déjà été dit, et il faut vraiment avoir un angle d’attaque novateur pour surprendre. Avec Another World, on aurait pu croire à quelque chose de neuf, puisque le film nous provient d’Israël. Et si le cinéma israélite n’est pas réputé pour son horreur, on a déjà pu voir quelques œuvres dans ce style-là, comme par exemple JeruZalem des frères Paz. Mais malgré toutes les bonnes volontés du monde, il est très compliqué de rentrer dans le film d’Eitan Reuven. Fauché comme les blés, moche à s’en crever les yeux, immobile à faire mourir d’ennui une statue, on ne peut pas dire qu’Another World soit une réussite, c’est même tout le contraire.

Scénario zombie

Le film nous place dès le départ aux côtés de deux hommes qui sont poursuivis par une horde de zombies. A grands coups de fusillades et de bombes artisanales, les deux hommes s’en sortent de justesse et se calent dans un appartement pour manger et se reposer. Sans vraiment comprendre les enjeux des deux types, ils enchainent le lendemain avec l’assaut d’un hôpital et retrouvent deux femmes, une médecin et sa sœur. Dès lors, le groupe de quatre va visiter des lieux pour trouver on ne sait quoi, décimant des zombies en se mettant en danger. Et ils sont suivis par un type qui semble infecté. Bref, il n’y a pas vraiment grand-chose à se mettre sous la dent, tant le vide semble habiter ce scénario. La seule motivation des deux hommes et de savoir comment cette apocalypse a pu avoir lieu.

Au fur et à mesure de l’avancée de l’histoire, on va apprendre que l’un des deux types était un colonel de l’armée et qu’il cache un terrible secret. Quant à la médecin, elle sait aussi des choses. Tout ce petit monde va alors se tirer dans les pattes verbalement, pour ensuite fusiller quelques morts-vivants, histoire de donner de l’action à un film qui en manque cruellement. Car on ne va pas se mentir, pour cacher la maigreur du budget, le réalisateur fait le choix de rendre son film immobile et de nous asséner des dialogues d’une bêtise crasse. Entre un fou des explosions qui ne voit pas que la jeune fille a envie de baiser, le colonel chauve qui évoque Apocalypse Now et qui est toujours énervé, ou encore la médecin discrète mais psychologiquement instable, on navigue dans le grand n’importe quoi.

Mobilité réduite

Si le scénario est d’une bêtise crasse, jusque dans son twist pénible et ringard où un homme mourant, allongé par terre, vocifère des insultes avant de rendre l’âme, il n’est rien comparé à la mise en scène. On se doute bien du manque de budget, Another World étant un film israélien et de genre, mais il ne propose rien d’intéressant visuellement parlant. Outre les teintes grises qui baignent le film, on verra que le réalisateur n’arriva pas à alterner des phases intimes avec des phases d’action. Dès que ça court, dès que ça bouge un peu, on a droit à une shaky cam abusif qui rendrait malade le plus endurci des amateurs de manège à sensations. L’action en devient illisible. Mais finalement, c’est plus un bien pour un mal quand on voit les scènes statiques de dialogues.

Et c’est bien là tout le problème du film qui n’arrive pas à faire avancer sa non-intrigue autrement que sur des séquences immobiles et pénibles. La structure du film est redondante, à savoir une discussion, une scène d’action, une discussion, une scène d’action. En cela, Another World est paresseux et tente, via des dialogues lénifiants, de chercher à justifier la présence des zombies. On retombe à chaque fois sur les mêmes décors, avec des personnages qui ne font rien, hormis tirer la gueule. Les relations demeurent superficielles. Il n’y a aucune logique de développement. Et les enjeux du film n’ont aucun intérêt. On suit des personnages qui cherchent à comprendre la présence de monstres, en les tuant et en ne cherchant jamais plus loin. On pose la problématique de l’électricité et l’eau courante, mais cela n’aboutira à aucune réponse.

Et que dire des thématiques du film ? C’est bien simple, il n’y en a pas. Le film tourne à vide durant plus d’une heure et demi. Le réalisateur essaye d’approfondir le personnage principal, ce colonel mystérieux qui a tué toute sa famille à bout pourtant, mais ça capote à chaque fois. C’est mou, ça n’a aucun intérêt, et il n’y a pas d’angle d’attaque original. Le film brasse du vent et ne profite même pas de son environnement. On navigue entre quatre murs et le folklore israélien, qui aurait pu donner quelque chose de novateur et de plaisant, n’est jamais exploité. Pire, on a la sensation que le réalisateur fait tout pour effacer sa « culture » au profit d’une image faussement américaine. Jusqu’à employer un acteur britannique pour le rôle principal. Triste.

Au final, Another World est un très mauvais film. C’est non seulement un mauvais film de zombie, mais c’est aussi un mauvais film d’horreur. La peur n’est jamais présente, les scènes d’action sont complètement ratées et le sujet principal du métrage n’est pas intéressant. S’embourbant dans un rythme pénible avec une structure redondante, le film d’Eitan Reuven n’apporte rien au genre. Pire, il fait partie de ces films imbuvables qui n’arrivent pas à relever le niveau dans un sous-genre où les bons films se comptent sur les doigts d’une main…

Note : 02/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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