avril 19, 2024

Lo-Fi Man – Endless Mile

Avis :

De nos jours, percer dans le rock est un véritable chemin de croix. Et très clairement, il n’y a pas trente-six solutions pour avoir pignon sur rue. Il faut accepter les contingences de maisons de disques frileuses et les goûts plus que douteux d’une population de masse. Et encore, en faisant cela, le rock s’édulcore et le succès ne dure qu’un temps. Le temps d’un ou deux albums, de quelques buzz et au revoir. On pense bien évidemment aux BB Brunes chez nous, mais ce n’est pas le seul exemple. Le rock est invisibilisé par la pop, la musique urbaine, l’électro, des styles plus vendeurs, plus dans l’air du temps. Du coup, pour trouver de bon groupe de rock, il faut fouiner sur le net. Et en allant chercher des nouveautés (il y a trois ans de cela…), on peut tomber sur le américains de chez Lo-Fi Man.

Originaires d’Athen, non pas en Grève, mais aux Etats-Unis dans l’état de Georgie, Lo-Fi Man est un tout petit groupe qui essaye de trouver ses références dans du rock divers et varié, alternant les moments un peu country, avec des passages plutôt stoner ou encore des plages presque parodiques. Le skeud débute avec Fire in the Hole et cela peut refroidir. Si musicalement, c’est plutôt sympathique, très vite, le rapport voix/mélodie ne colle pas vraiment. On y ressent une pointe de Nick Cave, mais le titre manque de punch et n’arrive pas vraiment à nous emporter. Ce n’est pas mauvais, mais ça reste anecdotique et la voix n’arrive pas vraiment à coller à la rythmique du morceau. Hesitate sera mieux maîtrisé. Le deuxième morceau lorgne clairement du côté de la country, et ça fonctionne. Plus touchant, plus doux, le groupe trouve un bel équilibre avec ce morceau.

Deep Inside the Well montre encire une nouvelle facette du groupe, qui cette fois-ci tire ses références de Johnny Cash au niveau de la mélodie et de la rythmique. C’est plutôt tendre au départ, et heureusement, le groupe se détache de sa référence pour fournir un refrain plus pêchu, plus nerveux. Ceci dit, la diction apporte un plus non négligeable au titre. Le problème, c’est que ça fait très amateur en termes de production. Le grain n’est pas joli et globalement, ça fait très groupe qui joue dans des bars miteux, perdus au fin fond d‘une Amérique fatiguée. Going Home est un chouette morceau là-aussi. Harmonica, guitare, voix profonde, la country n’est pas bien loin. Le titre est beau et on se laisse doucement bercer par ce voyage à travers plaine. Backseat est un morceau plus expérimental, qui gagne surtout pour sa montée en tension, mais ça reste un titre dispensable.

Quand on écoute l’album plusieurs fois, on se rend vite compte que finalement, le plus réussi reste les ballades qui trouvent toujours une résonance mélancolique. Return to Roam en est l’exemple parfait. La ligne de basse est superbe. L’ajout de violon apporte un plus indéniable au démarrage. Puis petit à petit, cette mélancolie se transforme en une colère sourde, et c’est vraiment très bon, même si le chant n’est pas toujours juste. Avec Sinkin, le groupe montre qu’il est aussi une bête à deux têtes. D’un côté, les couplets sont bourrés de mélancolie, alors que le refrain se fait plus nerveux, proche d’une chanson à boire avec des marins. Book of Change s’avère être un morceau plutôt touchant et qui bénéficie d’une bonne gestion de tous les instruments. Quant à Rising Tide, on se rapproche d’un Hard nerveux, voire d’un punk court et concis.

My Disease change complètement de registre. Le groupe se tape un petit délire Folk avec un banjo et des sonorités qui rappellent une country fermière du plus bel effet. Alors certes, le morceau n’est pas forcément marquant, mais il est marrant, montrant le second degré du groupe. Gone retrouve nos faveurs en arpentant le chemin de la ballade mélancolique. C’est assez aérien, malgré la voix grave du chanteur, et on se retrouve à faire une petite introspection sur ce morceau. Endless Mile retrouve par contre les travers du premier titre. C’est sympathique, mais ce n’est pas original, et certains passages semblent mal maîtrisés, n’arrivant pas à garder une certaine cohérence. Enfin, Going Back Home renoue avec la chanson de redneck et c’est plutôt marrant, même si ça reste anecdotique. On a l’impression d’assister à une parodie, et pour clôturer l’album, ce n’était pas la meilleure des idées.

Au final, Endless Mile, le dernier album en date de Lo-Fi Man, est plutôt une bonne surprise. Constamment sur la tangente entre rock, folk et country, le groupe essaye de s’en sortir avec une production microscopique. Cela se sent sur l’enregistrement, sur les instru et sur la voix, mais le groupe fait étalage de tout ce qu’il sait faire et se fait plaisir. Cela se sent sur certaines compos et ce sentiment de bien-être est assez contagieux. Un album pas inoubliable, mais sympathique et presque prometteur, si suite il y a.

  • Fire in the Hole
  • Hesitate
  • Deep Inside the Well
  • Going Home
  • Backseat
  • Time to Roam
  • Sinkin
  • Book of Change
  • Rising Tide
  • My Disease
  • Gone
  • Endless Mile
  • Going Back Home

Note : 13/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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