mars 29, 2024

Mank

De : David Fincher

Avec Gary Oldman, Amanda Seyfried, Lily Collins, Tom Pelphrey

Année: 2020

Pays: Etats-Unis

Genre: Biopic, Drame

Résumé :

Dans ce film qui jette un point de vue caustique sur le Hollywood des années 30, le scénariste Herman J. Mankiewicz, alcoolique invétéré au regard acerbe, tente de boucler à temps le script de Citizen Kane d’Orson Welles. 

Avis :

David Fincher est l’un des plus grands cinéastes de notre époque. Imposant une filmographie exigeante, chacun de ses films est un événement dans le monde du cinéma qui s’impose presque instantanément comme un nouveau classique du cinéma américain. Après avoir commencé les années 2010 avec trois gros morceaux de cinéma, « The Social Network« , le remake de « Millénium » et encore l’immense « Gone Girl« , David Fincher s’est comme qui dirait effacé du paysage, pour finalement revenir en 2017 chez Netflix (média auquel il était déjà « habitué » d’ailleurs), à la tête néanmoins d’une grande série, « Mindhunter« .

Après deux saisons où David Fincher a réalisé quelques épisodes, Netflix a décidé de laisser carte blanche au réalisateur pour faire son prochain long-métrage. C’est donc (et tristement) en toute logique que le nouveau David Fincher débarque sur la célèbre plateforme. Six ans qu’on attendait ça, six années qu’on fantasmait n’importe quel nouveau film de David Fincher.

Pour son onzième film, David Fincher a choisi un projet qui lui tenait à cœur et qu’il essaie en vain de monter depuis plus de vingt ans, mais « Mank » intéresse peu, ou du moins pas dans la vision qu’en a David Fincher et il est vrai qu’à la découverte du film, on peut comprendre certaines réticences. Film très cinéphile, exercice de style assez incroyable, « Mank » demeure néanmoins un film intéressant et décevant à la fois, car malgré tout ce que David Fincher nous offre, son film se pose aussi comme un long moment de cinéma et ça, c’est aussi étrange que dommage, surtout venant de la part de Fincher.

Hollywood, les années 30, Herman J. Mankiewicz vient d’être missionné par Orson Welles pour écrire le scénario de « Citizen Kane« , film qui sera le premier de Welles. Alcoolique, ayant un accident de voiture, Herman, que tout le monde appelle Mank, doit alors tenir les délais imposés par Welles. Alors que Mank est enfermé dans un ranch, en parallèle, il se remémore des épisodes de sa vie, qui définiront son travail.

David Fincher qui revient, on pourrait même dire enfin, tant le réalisateur a su créer une attente folle autour de chacun de ses films. Puis David Fincher nous revient avec un film qui parle de cinéma et de Hollywood, autant dire que cette époque et ce sujet, vus par Fincher, accompagné entre autre de Gary Oldman, ça ne pouvait être qu’intéressant. Pourtant, malgré toutes les qualités que « Mank » peut avoir, et il en a un sacré paquet, le nouveau David Fincher se pose comme une petite déception. Non pas que le film ne soit pas bon, loin de là, mais il se trouve que « Mank » est un film dans lequel j’ai eu du mal à entrer.

Alors que l’imagerie est incroyable et bourrée de détails qui rappellent le cinéma de ces années-là. Alors que la photo est à tomber par terre avec ce noir et blanc magnifique, qui de surcroit rappelle d’emblée « Citizen Kane« . Alors que la mise en scène est très élégante tenant des plans superbes et quelques scènes somptueuses, David Fincher a toujours eu de l’élégance dans sa mise en scène et ici, on peut dire qu’il atteint des sommets. On notera aussi la très belle BO des fidèles Trent Reznor and Atticus Ross qui est gentiment folle et totalement en accord avec les années que traverse le film. Alors que « Mank » tient un scénario intéressant de par les sujets qu’il aborde. Évidemment tout ce qui tourne autour de la création de ce chef-d’œuvre et la relation que Mank entretenait avec Orson Welles, mais plus loin encore, on sera intéressé par le cinéma, la façon d’en parler avec sérieux ou ironie, puis il y a le business, les tournages, la politique, une certaine décadence de cette époque-là, puis des hommages et des clins d’œil ici et là, ce qui en fait dans un sens un film résolument cinéphile. Pour l’anecdote, « Mank » a été écrit au début des années 90 par le père de David Fincher, d’où sûrement le fait que le metteur en scène ait attendu de pouvoir le faire dans les conditions qu’il voulait.

Puis enfin, les comédiens sont très bons, notamment Gary Oldman qui offre une très belle composition qui lui assurera une place dans la prochaine sélection des Oscars. Il faut aussi mentionner Amanda Seyfried que David Fincher magnifie à chaque instant.

Bref, il y a vraiment de quoi faire, et « Mank » a bien des ingrédients pour être passionnant. Et pourtant, malgré tout ça, « Mank » n’arrive pas à créer plus de passion que ça. En fait, derrière tout ça, « Mank » apparaît comme un film qui passionnera plus sur la forme que sur son fond. Franchement, on en prend plein les yeux, on se passionne pour tel ou tel détail, mais derrière ça, on oublie de se passionner pour l’histoire et surtout pour les personnages que David Fincher nous présente, qui finalement ne sont pas touchants. « Mank » manque d’émotion et il y a quelque chose dans « Mank » qui fait qu’on reste à l’extérieur du film, comme si seulement on le regardait, alors qu’on aurait aimé le vivre passionnément comme chaque autre Fincher. « Mank » laisse ce sentiment que la forme ici prime sur le fond, et c’est étonnant, car le fond est bel et bien là. Et du coup, comme on a du mal à pleinement entrer dedans, malgré toutes ses qualités, plus « Mank » avance et plus il commence à se faire long et plus l’on restera dans une certaine forme d’attente, qu’enfin le film nous emporte.

« Mank » est donc une déception, mais il reste aussi une belle déception. Certes, « Mank » est long et il oublie d’être passionnant dans un sens. Mais « Mank » est aussi magnifique dans sa mise en scène et merveilleux dans sa composition, tenue par un grand Gary Oldman, ce qui me fait me dire que, premièrement, peut-être en attendais-je trop, et deuxièmement, d’ici quelque temps, ce nouveau Fincher, une fois la déception acceptée, mérite un deuxième visionnage histoire de voir si oui ou non, cette déception tient.

Note : 11/20

Par Cinéted

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