avril 18, 2024

State of Salazar – Superhero

Avis :

S’il y a bien un style dans le domaine du rock qui est bien kitsch, c’est l’AOR. Sorte de pseudo revival d’un rock des années 80 avec force synthé et mélodies mielleuses, l’AOR arrive tout de même à exister à travers divers groupes et autres festivals. Les cadors dans le genre sont bien évidemment The Night Flight Orchestra, produit dérivé des métalleux suédois de chez Soilwork. Mais il existe une pléthore d’autres groupes qui tentent leur chance dans ce genre codifié et, il faut bien l’avouer, un peu ringard. En restant en Suède, on a découvert aujourd’hui State of Salazar. Tout jeune groupe d’AOR, ils proposaient en 2018 leur second album, Superhero et on aurait pu craindre le pire. Mais malgré nos a priori négatifs, l’album recèle bien des surprises, et State of Salazar nous fait mentir sur l’AOR, donnant un vent coup de fraîcheur.

Le skeud débute avec If you Wait for Me, et très rapidement, on va se rendre compte que l’on nage en plein délire années 80. Le synthé déboule très rapidement, on se retrouve avec un mid-tempo doucereux et le chant clair et puissant du frontman évoque des groupes dans cette veine. Pour autant, les riffs sont plaisants, et surtout, surtout, le refrain est juste ultra catchy. Le groupe arrive à nous cueillir grâce à cela et à la voix parfaite du chanteur qui sait se faire agressif quand il faut et incorpore beaucoup d’émotions. On se surprend alors à chanter à tue-tête, ce qui est plutôt gage d’une belle réussite. Et cela sans compter sur le petit solo de gratte qui va bien. Alors oui, c’est kitschouille, mais ça fonctionne à plein régime et procure un sentiment de bien-être assez inexplicable.

Ce kitsch est alors totalement assumé avec, par exemple, My Heart is at War. Chanson mélo par excellence, il réside pourtant en son sein de jolis effets et on peut dire que le titre marche idéalement. Il en va de même avec certains titres comme le génial Hold on Tonight qui donne envie de rouler en décapotable le long d’une plage, histoire de poursuivre l’été, ou encore Masquerade et la dualité entre guitare et synthé qui se dispute avec une ligne de basse qui claque bien. Aussi étonnant que cela puisse paraître, et malgré le côté kitsch et réchauffé de l’ensemble, ça fonctionne à plein régime et on va se surprendre à chanter et danser sur ces morceaux. Certains seront même d’excellents titres comme She’s a Loaded Gun, entre ses variations de chant et son aspect fédérateur sur son pré-cœur.

Néanmoins, le groupe ne parvient pas à se dépatouiller avec certains titres bien trop mélos et parfois niais. On n’échappera pas à certaines ballades mielleuses au possible et qui n’ont pas vraiment d’intérêt. Par exemple, Lie to Me, en duo avec une chanteuse qui démarre sur un piano voix, laisse un sentiment de musique pop sucrée qui laisse le cul entre deux chaises. Car si c’est bien fichu, ça reste tout de même bas du front et sans originalité. On trouvera la même chose avec Love Will Find a Way, un peu plus hard dans l’âme, essayant vainement de copier des Scorpions, mais qui reste cucul la praline et ressasse inlassablement tous les défauts de l’AOR. Les femmes adoreront. Les hommes un peu sensibles aussi. Mais ça reste trop cliché pour convaincre. Et puis on notera un morceau qui reste plutôt transparent comme Someone I Know, malgré tous les efforts du chanteur.

Le groupe se rattrapera alors avec d’autres titres plus rigolos, plus estivaux, à l’image de Joanne, qui donne juste envie de se mettre des lunettes de soleil et marcher le long d’une grève. Kitsch, oui, mais fait avec le cœur et l’envie. Et puis la basse claque bien fort, et on aime ça. Et comment passer à côté de To the Wire, certainement le meilleur morceau du groupe, qui emploie parfaitement son clavier et qui délivre un délire rock 80’s maîtrisé du début à la fin. On aura même quelques fulgurances un peu funky, ce qui n’est pas pour nous déplaire. Bref, c’est bien. On se surprend presque à aimer ça !

Au final, Superhero, le dernier album en date de State of Salazar, est une belle réussite. Piochant allègrement dans de grosses références du rock des années 70/80 pour proposer un AOR de grande qualité, les suédois offre une galette qui donne envie de chanter, de danser, et de prendre le volant sur une route ensoleillée en bord de mer. Alors oui, on n’échappe pas à certains moments kitschs, mais globalement, on prend du plaisir sur cet album, et ce serait mal venu d’en dire du mal, sous prétexte que l’AOR, c’est ringard. Là, ça marche à plein régime.

  • If you Wait for Me
  • My Heart is at War
  • Hold on Tonight
  • Masquerade
  • She’s a Loaded Gun
  • Lie to Me
  • Joanne
  • Someone I Know
  • To the Wire
  • Love Will Find a Way
  • Superhero

Note : 15/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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