mars 29, 2024

L’Employeur

Titre Original : The Employer

De : Frank Merle

Avec Malcolm McDowell, Paige Howard, David Dastmalchian, Michael DeLorenzo

Année: 2013

Pays: Etats-Unis

Genre: Thriller

Résumé:

Cinq candidats pour un emploi au sein de la Carcharias Corporation sont drogués et enfermés dans une pièce ensemble. Le PDG de la société les informe alors que leur dernier entretien va avoir lieu…

Avis:

En 2004, le Saw de James Wan va déclencher une vague d’un sous-genre de l’horreur, le torture-porn. Piégeant des gens dans des pièges machiavéliques, le spectateur assistait alors à des exécutions sommaires et bien dégueulasses. Le succès est tel que le film va devenir une franchise lucrative et que bien d’autres réalisateurs vont se tenter à l’exercice. Souvent plus soft, s’amusant à mettre plusieurs personnes au sein d’un même piège, on va vite se retrouver avec des DTV à la qualité douteuse, s’essayant au huis-clos sans vraiment de réussite. Qui se souvient aujourd’hui de Nine Dead? Die le Châtiment? Personne. Pourtant, d’autres films de ce style vont sortir, et notamment L’Employeur de Frank Merle.

Si le titre n’est pas très engageant, force est de constater que le casting l’est beaucoup plus. Ce roublard de Malcolm McDowell, David Dastmalchian, une apparition furtive de Billy Zane, le massif Matthew Willig, autant dire que le film a des arguments pour un petit regard discret. Mais avons-nous bien fait? Oui et non. Car sans être la catastrophe attendue, le film souffre bien sûr d’un budget riquiqui et d’une mise en scène qui manque clairement d’inspiration. Retour donc sur un film à la jaquette nanardesque, aux prix mensongers et à la morale douteuse.

Le job ou la mort

Cinq personnes se retrouvent enfermées dans une salle scellée par une grosse porte. A côté de la porte, quatre claviers pour rentrer des codes. Un téléphone sonne et un homme annonce alors qu’un code sera donné à chaque mort. Seul le dernier survivant pourra sortir et avoir le travail pour Carcharias. Car oui, l’homme derrière le téléphone est connu de tous, c’est le patron d’une boîte avec qui les prisonniers ont passé un entretien d’embauche. Tout d’abord réticent à se buter les uns les autres, la pression va alors prendre le pas sur la raison. Le pitch est relativement simple, mais dans son ensemble, il ne va pas tenir la route bien longtemps. Il faut dire que le film donne peu d’éléments pour inciter au meurtre, et pourtant, ces personnes ambitieuses mais raisonnées vont vite perdre pied. Bien trop vite.

C’est le principal problème de ce film qui n’arrivera jamais à mettre en avant les tares de chacun. Si les personnalités sont affirmées et bien construites avec des flashbacks qui ne cassent jamais le rythme du film, on restera circonspect sur les attitudes vives adoptées. En fait, Frank Merle, le réalisateur, n’arrive pas à faire monter la pression, la faute à une écriture grossière et à des passages brusques qui manquent de cohérence. Les meurtres arrivent bien vite, sans raison apparente, mettant en avant des sociopathes plus que des chercheurs d’emploi ambitieux. Si le déroulement est classique, avec des meurtres au compte-goutte, le film manque d’impact, de logique et se contente d’enfiler les séquences jusqu’à un final moralement incorrect.

L’ambition sans l’envie

Il est difficile de dire que L’Employeur a de véritables ambitions. Contrairement à ses personnages qui veulent trouver un job de rêve pour couler quelques entreprises, le film oublie de mettre en avant une mise en scène attrayante. Certes, le métrage souffre d’un budget dérisoire (et dont la majeure partie a dû partir dans les poches de Malcolm McDowell), mais Frank Merle n’arrive jamais à donner une véritable identité à son film. La pièce dans laquelle se trouvent les personnages est résolument vide et les éclairages verts ne serviront pas à rendre l’atmosphère plus froide. Le metteur en scène alterne avec des plans mobiles dans un grand corridor avant d’afficher les entretiens d’embauche, mais cela n’arrive pas à rendre le film plus attrayant. Bien au contraire, cela met en exergue la pauvreté de la mise en scène et le manque d’idées visuelles.

Le plus marrant finalement, c’est que le film n’a pas les ambitions de ses personnages. Malgré les efforts consentis à nous les présenter et à afficher leur caractère, on ne ressentira aucune empathie envers personne. Il faut dire qu’ils rentrent tous dans des cases bien définies, peut-être trop. On aura le gentil discret, l’étudiante au fort caractère, le monsieur muscle qui peut vite perdre pied, le salaud de base ou encore la jeune femme simple mais qui cache un lourd secret. Tout ce petit monde joue avec les stéréotypes et n’arrive jamais à se sortir d’un carcan étouffant. Et que dire de Malcolm McDowell qui cabotine tout ce qu’il peut en bad guy qui passe son temps le cul vissé sur une chaise. Bref, tous ces personnages manquent d’épaisseur, de personnalité et d’une écriture ciselée. C’est con pour un film qui doit tout miser sur ça.

Aux chiottes la morale

Bien évidemment, comme tout bon film qui se respecte, le film affiche clairement un message qui doit donner du grain à moudre. Ici, vous l’aurez bien compris, c’est l’ambition dévorante, celle qui nous fait faire n’importe quoi, jusqu’à tuer pour avoir un poste dans une grande entreprise. Frank Merle veut critiquer le monde du travail, de ces grandes sociétés qui forgent des employés sans âme et prêts à tout pour réussir, quitte à écraser les autres. Le message est grossier, mal amené, mais surtout, il bénéficie d’une fin qui laisse pantois. En effet, derrière la critique d’un système où l’on empile les cadavres pour réussir, le réalisateur a cru bon de mal finir son film, transformant le gentil en méchant, comme si une journée dans une pièce peut transformer votre esprit et ébranler votre déontologie. Un final qui se veut choquant mais qui, là encore, manque de mise en scène et d’impact.

Les comédiens vont ce qu’ils peuvent pour sauver les meubles. Si Malcolm McDowell n’est là que pour toucher un chèque, David Dastmalchian donne tout ce qu’il a pour apporter de la crédibilité à son personnage. Sans être phénoménal, il demeure plutôt bon dans ce rôle de jeune premier déboussolé et qui ne veut pas faire de vague. A ses côtés, les autres acteurs sont moins bons, voire carrément médiocres (coucou Michael DeLorenzo) et ont bien du mal à tenir leur personnage. Enfin, que dire des différents meurtres. Loin d’être brutaux, ils manquent d’intensité et les aspects gores sont gâchés par des maquillages grossiers. Le réalisateur veut nous « choquer » en mettant en avant des gestes inattendus, comme un coup de talon dans l’œil, mais cela arrive comme un cheveu sur la soupe et ne marche pas vraiment.

Au final, L’Employeur n’est pas un bon film. Fauché, sans réelle ambition, malgré son aspect huis clos, le film a tous les atours d’un téléfilm mal branlé. Pour autant, entre sa courte durée et sa morale plus que douteuse, le film tente de sortir la tête de l’eau et de se démarquer de la concurrence en critiquant ouvertement le monde des grandes entreprises, où les requins se bouffent entre eux. Informe et sans envergure, cette grande mer ressemble plus à un petit lac artificiel, vivotant dans un vivier de DVD à un euro…

Note: 07/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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