avril 20, 2024

Dérapages

D’Après une Idée de : Ziad Doueiri

Avec Eric Cantona, Suzanne Clément, Alex Lutz, Gustave Kervern

Pays : France

Nombre d’Episodes : 6

Genre : Drame

Résumé :

Alain Delambre est un homme que le chômage a détruit. Contre toute attente, sa candidature est retenue pour un poste de DRH. Alain veut y croire à tout prix, quitte à mettre sa famille en danger. Quand il comprend qu’il n’est qu’un faire-valoir pour conforter une candidature déjà retenue, il profite de l’épreuve finale pour dynamiter le système. Alain n’a alors plus rien à perdre…

Avis :

Réalisateur Libanais, Ziad Doueiri a commencé sa carrière comme technicien dans les années 90 chez Quentin Tarantino. Son premier film, « West Beyrouth« , il le tourne en 1998 et depuis, Ziad Doueiri a pris soin de choisir ses sujets. Ainsi, il tourne quatre films en vingt ans, dont les très bons « L’attentat » et « L’insulte« . Depuis quelques années, Ziad Doueiri s’est tourné vers la télévision, et notamment les séries françaises. Il fait partie des trois réalisateurs qui se relayent sur la série « Baron noir ».

Entre deux saisons de « Baron Noir« , Ziad Doueiri s’est consacré à une mini-série en six épisodes, « Dérapages« . « Dérapages« , c’est une série qui tient une idée qui est très intéressante et à travers cette idée, surtout quand on sait que c’est Ziad Doueiri qui se trouve derrière la caméra, le réalisateur va aborder tout un tas de sujets de société essentiels, entre crise économique, chômage, capitalisme et lutte des classes. Bref, « Dérapages » avait de quoi être une série intéressante, surtout qu’en plus, elle est tenue par un casting pour le moins alléchant. Malheureusement, « Dérapages » va bien avoir du mal à nous captiver, notamment parce qu’elle met en avant un personnage détestable et qui à force d’être en colère, finit par sombrer dans la caricature et l’on a bien du mal à vouloir arriver au bout.

Alain Delambre, cinquante-sept ans, est au chômage depuis six ans maintenant. Six ans de galère, six années qui le détruisent petit à petit, et surtout six années qu’Alain considère comme une injustice, ce qui nourrit une colère permanente. Contre toute attente, sa candidature comme DRH pour l’un des groupes français les plus importants du pays est retenue. Mieux encore, il passe les tests avec succès. Alain veut y croire, de toute manière, il n’a pas le choix, il doit décrocher ce poste. Alors quand l’entreprise aborde le dernier test auquel il doit participer, Alain va se donner tous les moyens possibles, quitte à perdre un temps sa famille, quitte à trahir, espionner et même plus s’il le faut…

« Dérapages« , c’est une série qui sur le papier avait tout en poche pour être une grande réussite. Un excellent réalisateur, de très bons comédiens et surtout cette idée, qui pouvait donner naissance à un scénario torturé, imprévisible, quelque part entre thriller social et drame humain. Et ce qui est encore plus agaçant, c’est que lorsqu’on survole « Dérapages« , une très grosse partie de ces arguments sont bel et bien mis en avant. L’intrigue tient notre intérêt, Ziad Doueiri arrive à créer un suspens, tout en dénonçant les méthodes de certaines grandes entreprises. Bon, il vrai que le trait et l’idée en elle-même d’une fausse prise d’otages pour tester la solidité des cadres est un peu grosse, mais la peinture entre les lignes de ces dirigeants, des actionnaires, des décisions à prendre, est intéressant. Ziad Doueiri questionne la lâcheté de ces hommes, qui vise leurs intérêts personnels et préfère déléguer le sale boulot à d’autres. De ce côté-là, « Dérapages » est intéressante. La série, s’il faut passer du côté misérabiliste ou agaçant, parle plutôt bien du chômage, et comment ce dernier peut ronger une famille.

Mais voilà, hormis ces quelques points, pour le reste, on ne va pas trouver grand-chose à quoi se raccrocher dans cette mini-série. En fait, c’est terriblement agaçant, car les idées sont bonnes et intéressantes, mais tout est gâché par son personnage principal, qui est parfaitement détestable. Que ce soient les gestes, les décisions, les dialogues, les intonations, le jeu, tout révulse chez Alain Delambre et au-delà de lui, chez Eric Cantona qui en fait des tonnes et des tonnes pour être l’incarnation même de la colère et de l’injustice. Le personnage est tellement insupportable que plus les épisodes passent et plus l’on se fiche royalement de ce qui peut lui arriver. On se rêve à ce que quelqu’un lui fasse la peau, comme ça, on pourrait passer à autre chose au plus vite, c’est dire.

De plus, histoire de pousser l’agacement un peu plus, Ziad Doueiri a décidé que son personnage briserait le quatrième mur, avec des discours face cam, pour nous raconter son histoire et ses ressentis et cette idée, qui laisse encore une fois place à une caricature made in Eric Cantona, ringardise une bonne partie de la série. C’est vraiment dommage, car la série, du côté de sa mise en scène, tient une bonne ambiance, un bon rythme (si l’on enlève les agacements dû au personnage) arrivant même à se faire assez prenante notamment dans ses scènes de procès.

Si l’on passe au-dessus du personnage principal, « Dérapages » est une série qui offre de bons rôles pour ses acteurs et notamment Alex Lutz qui est excellent en chef d’entreprise machiavélique. Notons, Suzanne Clément qui apporte beaucoup d’humain face à la boule de nerf et de caricature de Cantona. Notons aussi une excellente Alice de Lencquesaing et la découverte dans un petit rôle trouble, Xavier Robic.

Il y avait donc beaucoup d’ingrédients pour que cette série de Ziad Doueiri soit un excellente et intéressante. Mais voilà, même si dans le fond, les sujets abordés sont intéressants, même si la série est portée par des acteurs pour la plupart convaincants. Même si du côté de sa mise en scène, on trouve de bonnes idées, il y a avant tout et en premier plan ce personnage imbuvable, qui se noie totalement dans la caricature du mec en colère et pas content. Et comme je le disais, plus les épisodes avancent et plus l’on se fiche de ce qui peut lui arriver. Dommage, vraiment dommage.

Note : 07/20

Par Cinéted

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