avril 20, 2024

Nobody Sleeps in the Woods Tonight

Titre Original : W Lesie Dzis Nie Zasnie Nikt

De : Bartosz M. Kowalski

Avec Julia Wieniawa-Narkiewicz, Wiktoria Gasiewska, Stanislaw Cywka, Gabriela Muskala

Année : 2020

Pays : Pologne

Genre : Horreur

Résumé :

Une bande d’ados accros à la technologie participe à un stage de désintoxication en forêt où une puissance maléfique a bien l’intention de les déconnecter pour toujours.

Avis :

On cantonne souvent le cinéma d’Europe de l’Est à des films d’auteur un peu particuliers, souvent dépressifs. Sauf que Netflix, visiblement, veut faire la nique à cette image qui colle à la jaquette des films polonais. Car après le thriller glauque du Fléau de Breslau, la romance érotico-merdique 365 DNI, voici que la plateforme de streaming nous balance de l’horreur pure et simple avec Nobody Sleeps in the Woods Tonight. Promettant un joli jeu de massacre dans une forêt, avec un gros monstre bubonique, ce nouveau film estampillé Netflix va tellement enfiler les clichés que l’on se retrouve avec un collier de boyaux à se mettre autour du cou pour se pendre.

C’est bien, simple, en piochant du côté de Massacre à la Tronçonneuse pour l’ambiance, et Détour Mortel pour la tuerie dans les bois, Nobody Sleeps in the Woods Tonight n’a pas grand-chose pour lui, si ce n’est une volonté généreuse de nous balancer du sang dans la tronche. Mais est-ce que cela est suffisant ? Non, loin de là, le film n’arrivant jamais à faire décoller son intrigue, et à proposer quelque chose de novateur, ou tout du moins d’intriguant. Sans saveur malgré une jolie mise en scène, sans moment gracile plein d’hémoglobine alors que l’on a du gore, sans séquence effrayante alors qu’il y du gros monstre, on peut dire que ce film polak loupe presque tout ce qu’il entreprend.

Promenons-nous dans les bois

Le scénario est on ne peut plus simple. Des jeunes se rendent à un stage de désintoxication aux nouvelles technologies. C’est-à-dire qu’ils arrivent dans un camp de vacances perdu dans la forêt et qu’ils laissent à l’entrée leurs téléphones et autres tablettes. Un groupe de cinq jeunes, amené par une guide, part pour trois jours en randonnée. Sauf que pendant ce temps, dans un chalet isolé, deux monstres gardés dans une cave se libèrent et vont semer le chaos dans les bois. Difficile ici de ne pas y voir des accointances avec la saga des Détour Mortel. Des personnages hideux qui vont venir tuer du jeune adolescent un peu stupide. Sans jamais prendre du recul avec ce qu’il nous raconte, le réalisateur va aller à l’essentiel et pondre des mises à mort peu subtiles avec une héroïne qui sera marquée dès le début.

D’ailleurs, histoire de bien voir que le film se veut une resucée de n’importe quel survival horror boisé, on aura droit à tous les stéréotypes possibles chez les jeunes victimes. On aura la blonde sexy, le geek, l’héroïne paumée, le sportif et le gay. Tous les clichés seront présents et rien ne sera fait pour les rendre attachant ou empathique. Seule l’héroïne va bénéficier d’un traitement de faveur, avec un passé douloureux, expliquant son instinct de survie, qui tient aussi du miracle à un certain moment dans le film. Nobody Sleeps in the Woods Tonight ne cherche pas à faire compliqué et veut aller à l’essentiel sans trop lambiner. Sauf que l’on va vite se perdre en tergiversations inutiles.

Balade de santé

Là où le film aurait pu être efficace en ne durant qu’une heure et quart, le réalisateur a décidé d’étirer certaines séquences pour allonger la durée de son film. De ce fait, on va se retrouver avec des moments gênants, des passages inutiles et une envie de creuser un peu les personnages sans que cela ne serve à rien. Prenons un exemple concret, quand le couple baise au bord du lac. Ici, on sent clairement que le film veut approfondir ses personnages. On tente de rendre le sportif obsédé un peu fébrile, car il est puceau. On essaye de rendre un peu plus allumeuse la jolie blonde en faisant un gros plan sur ses seins. Mais clairement, cela ne sert à rien, si ce n’est à mettre en avant des clichés punitifs dans les films d’horreur. Le « on a vu tes seins alors tu dois mourir » prend tout son sens ici. Cependant, cela ralentit le rythme du film, qui s’allonge aussi avec de longs plans de coupe.

Des plans qui prouvent la volonté de d’une réalisation relativement propre. On sent qu’il y a un petit budget derrière le métrage, avec un beau travail sur l’éclairage et sur les plans larges. Cette forêt semble inextricable (même s’il y a une église et quelques chalets) et on voit que le metteur en scène tente de rendre tout cela anxiogène. Malheureusement, ça ne marche qu’à moitié, car il y en a trop et cela scande le rythme du film, qui en devient presque pénible, ou tout du moins, ennuyeux. C’est dommage, car la mise en scène lorgne du côté d’un Tobe Hooper quand elle essaye de faire dans le craspec, avec cette cave dégueulasse et sanguinolente, ou encore cette maison en sale état avec des restes de bouffe un peu partout. Mais le réalisateur n’ose pas vraiment tailler dans le gras pour rendre son film plus percutant et c’est triste.

Gore et sangliers

Alors oui, il y a quelques bouts de bidoche qui parsèment le film. Le réalisateur va se faire plaisir sur quelques séquences, et les amateurs de gore en auront pour leur argent. On aura droit à un petit arrachage de langue avec les dents, à des têtes découpées ou encore à une barre de fer en travers la bouche et un homme coupé en deux verticalement. Sauf que bon, là aussi c’est du recyclage. Oscillant entre La Maison de Cire (coucou Paris Hilton) ou Détour Mortel, rien ne viendra nous secouer vraiment. D’autant plus que cela concerne des personnages que l’on déteste, dans des situations grotesques. Comment ne pas entendre un gros sac qui vient de planter une barre d’acier dans la bouche de la nana qui se trouve à côté de soi ? Il n’y a rien de logique dans ce métrage.

Tout comme l’ajout d’une église et d’un prêtre maléfique qui va assommer un personnage pour ne rien en faire, puisqu’il va aussi y passer. Les personnages secondaires auront des arcs narratifs simplistes et inutiles, et certains n’auront même pas de conclusion. On y voit ici tous les trous scénaristiques qui posent un gros problème à ce film. Si on ajoute à cela des méchants peu intéressants, au design sans réel intérêt, on tombe vite devant un film qui loupe son coche, malgré sa volonté d’être généreux dans le sale.

Et le film de se vouloir une critique de plusieurs choses importantes de notre société. Le personnage gay déblatère son laïus sur l’acceptation des homosexuels dans la société polonaise, déplorant le manque d’ouverture, mais ce ne sera jamais exploité. Pire, il subira un sort peu enviable, comme si l’homosexualité était punie. Il en va de même pour la chaudasse qui estime jouer un jeu pour arriver à ses fins. Et on retrouvera un discours contre les nouvelles technologies, mais qui se révèlent pourtant salvatrices quand on se retrouve avec des psychopathes au cul. Psychopathes dont les origines sont à pouffer de rire tellement c’est nanardesque…

Au final, Nobody Sleeps in the Woods Tonight est un mauvais film d’horreur. On aurait pourtant voulu y croire avec ses origines polonaises et son affiche intrigante, mais rien n’y fera. Mou, cliché sur tous ses points, le film se perd dans un faux rythme et des personnages à peine esquissé que l’on prendra plaisir à voir mourir. Et un film d’horreur ne peut être réussi que si on ressent de l’empathie pour les victimes, pas pour les tueurs. Pour le coup, ici, on ne ressent rien, preuve que le film est raté, malgré ses bonnes intentions et sa mise en scène propre.

Note : 06/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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