avril 18, 2024

Rebecca

De : Ben Wheatley

Avec Armie Hammer, Lily James, Kristin Scott Thomas, Keeley Hawes

Année: 2020

Pays: Etats-Unis

Genre: Drame, Thriller, Romance

Résumé :

En Angleterre, une jeune mariée s’installe dans le domaine familial de son époux, où elle est poursuivie par l’ombre obsédante de la première femme défunte de son mari.

Avis :

Réalisateur anglais, Ben Wheatley est tout d’abord une pointure de la publicité. Dans les années 2000, le cinéaste collabore et réalise une centaine de publicités. Après quelques épisodes de séries, il passe au cinéma en 2009 avec « Down Terrace« , mais c’est surtout son deuxième film, « Kill List« , qui le fait remarquer en 2011. Depuis, le réalisateur s’est assuré une certaine stature avec des films comme « Touristes« , « High-Rise » et « Free Fire« .

Après quatre années de silence, Ben Wheatley revient et ce n’est pas dans les salles obscures qu’il faut aller le chercher, mais sur la célèbre plateforme Netflix. Après avoir livré un cinéma aussi fun que barré, le britannique Ben Wheatley s’attaque à une montagne avec son nouveau film « Rebecca« . Alors il est vrai que « Rebecca« , c’est l’adaptation d’un roman du même nom de Daphné du Maurier, mais « Rebecca« , pour bien des passions de cinéma, c’est surtout un film de Sir Alfred Hitchcock et quatre-vingts ans après le chef-d’œuvre du maître du suspens, il est encore très difficile de passer après, tant l’envie de comparaison est là.

Et c’est bien de ça que va souffrir le film de Ben Wheatley, car pour ceux qui connaissent l’œuvre de Hitchcock, cette version 2020 de « Rebecca » se fait plate et fait des choix très discutables. Et pour ceux qui ne connaissent pas le « Rebecca » des années 40, alors pourquoi le discutable prend le pas sur les bons éléments.

Monte-Carlo, les années 30, Mrs Edythe Van Hopper est une veuve horripilante qui est accompagnée par sa dame de compagnie. Elle croise le chemin de Maxim De Winter, un jeune et riche veuf. Ce dernier s’éprend de la jeune femme qui accompagne Mrs Van Hopper et il n’a aucun mal à la séduire. Mieux encore, puisque très vite, il la demande en mariage. Après une lune de miel, Mr De Winter emmène donc sa jeune épouse chez lui en Angleterre, dans sa célèbre demeure, le manoir de Manderley. Très vite, la nouvelle Mrs De Winter va se retrouver dans une demeure où le souvenir de la défunte épouse est omniprésent. Un souvenir qui est à la limite du fantôme qui hanterait le manoir.

Si l’on ne cède pas à la comparaison, ce que le réalisateur britannique nous raconte avec son « Rebecca » est un film qui se regarde, comme on regarde n’importe quel autre film. On saluera la reconstitution, l’époque, les costumes, les décors, quelques idées de mise en scène, ou encore ces acteurs qui sans être non plus transcendants, sont plutôt bons dans les rôles qui leur sont attribués. Mais voilà, même sans comparaison aucune, on ne peut pas non plus dire que ce soit follement passionnant à suivre et déjà une première déception pointe le bout de son nez, puisque ce « Rebecca » se regarde et ne se détache pas d’autres films, n’ayant pas quelque chose qui nous accroche plus que ça, il en deviendra oubliable. Et c’est d’ailleurs très étrange venant de la part d’un réalisateur tel que Ben Wheatley qui d’ordinaire, nous offre du cinéma marquant.

Mais voilà, ça, c’était si l’on ne fait pas de comparaison et surtout si l’on ne connaît pas l’œuvre précédente, car si l’on connaît déjà le « Rebecca » d’Alfred Hitchcock, alors Ben Wheatley déçoit encore plus.

Si le metteur en scène a bien fait quelques petits « ajouts » assez sympathiques, notamment dans la romance de départ, très vite, une fois qu’on arrive entre les murs de Manderley, son film retombe. Très plat dans son intrigue, on lui reprochera surtout d’oublier toute l’atmosphère qui faisait la force folle du film d’Hitchcock. Où est l’ambiance gothique ? Où est l’ambiance et surtout la présence fantomatique terrible de la défunte épouse ? Parler de Rebecca et la faire apparaître lors de rêves (assez ridicules, il faut le dire), ne suffit pas à faire d’elle un fantôme qui hante tout le film. De plus, « Rebecca » passé à la moulinette de 2020 devient sur certaines des idées mises en place, un film qui tient des séquences horrifiques qu’on a déjà vu partout. Ce genre de séquences où le montage enchaîne beaucoup d’images en très peu de temps pour créer une sorte de cauchemar… « Rebecca » n’avait pas besoin de ça. Certes, il est louable de proposer et d’essayer autre chose, mais parfois, comme ici, ça ne fonctionne pas et surtout ça ne fonctionne pas avec « Rebecca« .

On ressort donc déçu du nouveau film de Ben Wheatley. Il y a quatre-vingts ans de cela, Alfred Hitchcock a posé un chef-d’œuvre intemporel. Son « Rebecca » est une œuvre fascinante, folle, incroyable, une œuvre qui réussit à créer un véritable fantôme au sein de ses images, de ses lieux et ses scènes. L’envie de raconter cette histoire est louable, le roman de Daphné du Maurier n’étant pas attribué ad vitam æternam à Alfred Hitchcock (et comme je le disais, pour ceux qui ne connaissent pas le film des années 40, ce « Rebecca » ci est passable pour habiller une soirée), mais de là à faire de cette histoire un film lambda et oubliable, il est clair que « Rebecca » méritait mieux.

Bref, comme je le disais, Ben Wheatley s’est attaqué à une montagne et après avoir commencé son ascension assez sympathiquement, le réalisateur anglais a chuté et c’est bien dommage.

Note : 09/20

Par Cinéted

Une réflexion sur « Rebecca »

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