De : Hasan Karacadag
Avec Sultan Köroglu Kiliç, Elcin Atamgüc, Sabriye Günüç, Cansu Kurgun
Année : 2013
Pays : Turquie
Genre : Horreur
Résumé :
La veille de son mariage, la jeune Kübra s’apprête à passer la traditionnelle nuit du henné avec des amies. Habituellement, ce rituel se déroule dans le calme. Mais durant la soirée, Kübra est attaquée par des démons qui prennent possession de son corps. Dès lors, elle apparaît transformée. Son esprit semble avoir totalement disparu. Ebru, une amie psychiatre, va tenter de la sauver. Mais il faut pour cela exorciser Kübra. Elle fait donc appel à Faruk, un spécialiste.
Avis :
Peu de films turcs parviennent jusqu’à nous, surtout quand il s’agit de cinéma d’horreur. Si l’on excepte quelques sorties directement en DVD et qui ne sont franchement pas terribles, comme Gen, par exemple, rares sont les films turcs à passer nos frontières. Pour autant, on a beau critiquer Netflix sur certains choix douteux et des campagnes de comm’ hasardeuses, la plateforme reste un support inédit pour voir des films d’autres pays. Et c’est comme cela que l’on peut tomber sur la saga des Dabbe. Apparue en 2006 en Turquie, la franchise va se composer de six épisodes, indépendants les uns des autres, et abordant des thèmes différents. Ainsi donc, ce Dabbe Cin Carpmasi est le quatrième opus et le premier que propose Netflix.
Ici, on nous propose de suivre une médecin qui est très sceptique sur les méthodes d’un exorciste. Elle lui propose alors d’aller voir sa cousine qui souffre, selon ses dires, de schizophrénie, mais aucun traitement ne lui permet d’aller mieux. Faruk accepte donc de partir faire un exorcisme avec plusieurs caméras pour filmer les faits. C’est dans ce contexte assez classique que démarre donc ce Dabbe. Un premier exorcisme qui se veut impressionnant, quelques discussions, des faits étranges autour de la ville de la cousine de la toubib, puis à nouveau des exorcismes et la présence de djinns. Bref, Dabbe semble rouler sur des rails qui ont déjà été posés auparavant par d’autres films comme Conjuring pour rester dans quelque chose de récent. Cependant, le scénario recèle quelques surprises.
Premièrement, le seul vrai intérêt de ce film, c’est d’explorer et de découvrir les mœurs et les coutumes du peuple turc à travers diverses religions et exorcismes. Ici, les démons sont des djinns, les exorcismes se pratiquent autrement, avec des miroirs, des surates et autres cantiques et on va découvrir tout un folklore auquel nous ne sommes pas habitués. Alors effectivement, certaines choses peuvent prêter à sourire, comme ce fameux sort des toilettes. Un sort puissant où des gens planquent des cadavres d’animaux sous des toilettes pour lancer une puissante malédiction. Mais le film est assez malin pour rendre cela dégueulasse, en plantant une longue séquence qui va toujours plus loin dans le gore et le malaise. On verra aussi que les djinns sont classés par famille, avec des intentions particulières à chaque fois. Bref, mine de rien, on apprend des choses qui nous sortent de notre zone de confort.
Deuxièmement, si l’histoire est assez classique avec un exorcisme qui va mal se passer et un twist final un peu ridicule, le film tient sur sa longueur. Et ce n’était pas gagné. Tenir plus de deux heures, en found-footage, sur un exorcisme turc, avec des explications sur les croyances des villages reculés, ce n’était pas un pari gagné d’avance. Mais le réalisateur manie assez bien son intrigue, essaye diverses méthodes pour susciter de l’angoisse, et même si ça reste très inégal, ça tient sur la distance. Les acteurs sont plutôt bons et les deux personnages centraux sont plutôt empathiques, car ils sont travaillés et bien développés.
Néanmoins, malgré ces quelques bons points, Dabbe Cin Carpmasi se compose de pas mal de points noirs, et la première chose est bien évidemment la mise en scène. Quatrième opus d’une longue franchise, cet épisode est tourné totalement caméra à l’épaule et au bout de deux heures, cela commence à faire long. On a beau avoir des changements de plans grâce à plusieurs caméras et une belle justesse dans les changements, mais ça tremble beaucoup et c’est parfois assez vomitif. Le principe est de nous plonger dans une ambiance mortifère et étrange, mais malheureusement, ça ne prend quasiment jamais. Les quelques séquences d’apparition ne sont pas percutantes et le film manque vraiment de finesse. D’ailleurs, les moments de peur sont mal gérés.
Hormis quelques passages plutôt bien trouvés, malgré leur grossièreté (on pense bien évidemment à la séquence des toilettes et à sa longueur avec toutes les cadavres d’animaux déterrés), le film peine à susciter en nous de la peur ou de la crainte. Le problème, c’est que le réalisateur abuse de jump scare relativement téléphonés. On y trouvera des images brouillées, du son qui augmente d’un seul coup ou encore des cris qui surprendront uniquement de par la montée du volume. C’est faiblard et ça beaucoup trop sur des choses qui ne font pas avancer l’intrigue. D’ailleurs, le film prend beaucoup trop son temps pour développer une intrigue qui aurait pu être raccourcie. Le twist final est ringard au possible et les quelques pistes lancées çà et là sur les manipulations des djinns n’aboutissent finalement à rien, ce qui est dommage.
Au final, Dabbe Cin Carpmasi est un film étrange et assez inattendu. Long found-footage de plus de deux heures, le film propose une virée dans les croyances et le folklore turc plutôt intéressante et surtout inédite. Le problème, c’est que l’intrigue explore trop de pistes sans but, la mise en scène n’est pas la plus adéquat pour ce format et la peur n’est pas savamment dosée, s’appuyant trop sur des effets ringards au possible. Bref, ce film turc souffle le chaud et le froid, mais pousse à la curiosité sur les autres opus, ce qui est déjà pas mal.
Note : 12/20
Par AqME