avril 18, 2024

Ludo

De : Nikon et Q

Avec Kamalika Banerjee, Joyraj Bhattacharya, Soumendra Bhattacharya, Ananya Biswas

Année : 2015

Pays : Inde

Genre : Horreur

Résumé :

Deux couples se cachent dans un centre commercial après l’horaire de fermeture pour un rendez-vous galant. Mais ils se retrouvent pris au piège dans un jeu funeste.

Avis :

Pour beaucoup de monde, le cinéma indien se réduit à une vision étriquée de Bollywood, avec de grandes fresques historiques et de longues séquences dansées. Cependant, l’Inde essaye aussi de s’ouvrir au monde et de faire des films plus « conventionnels », moins longs et plus accessibles. Ainsi donc, on se retrouve avec quelques métrages qui délaissent le côté historique pour plonger pleinement dans d’autres genres dont l’horreur. En France, c’est plutôt compliqué de voir des films de genre, qui plus est indien, et on peut saluer Netflix qui fait l’effort de proposer des métrages que l’on ne trouve nulle part ailleurs, et certainement pas en DVD ou Bluray. Cependant, on peut se poser la question des films proposés sur la plateforme, notamment ceux qui ne sont pas produits par eux, puisque bien souvent, surtout dans l’horreur, la qualité n’est pas au rendez-vous. En atteste ce Ludo, film horrifique qui raconte comment un jeu maudit transforme des gens en vampire.

L’histoire du film nous plonge directement au plus près de deux jeunes couples qui vont faire les cons dans les rues d’une grande ville. N’ayant comme seule obsession de baiser un coup, les jeunes cherchent un hôtel en vain et vont alors se retrouver dans un centre commercial après sa fermeture. Pensant avoir le magasin pour eux seuls, ils tombent sur un couple de vieux qui vont les forcer à jouer à un jeu de dés, qui va avoir pour conséquence de buter tout le monde. Ludo, c’est clairement un film qui essaye de copier ses homologues américains en mettant en avant de jeunes adultes aux mœurs légères et dont le langage grossier ne leur rend pas service. Ces jeunes gens vont alors se faire « punir » par un couple de personnes étranges qui a décidé de lancer un jeu maudit. De là en découle quelques séquences gores, un gros flashback pour raconter les origines du jeu, puis une résolution qui prend la forme d’un twist pas forcément malin. Sous ses atours de film d’horreur original, Ludo prend toutes les balises déjà établies et ne surprend que par des ellipses mal foutues.

En effet, si le film met du temps à démarrer pour nous montrer une soirée arrosée entre potes et tenter, désespérément, de nous faire ressentir des choses pour ces personnages, la bascule dans l’horreur surgit d’un coup et ne se laisse pas le temps d’infuser. C’est-à-dire qu’une fois dans le centre commercial et une fois la rencontre passée avec les deux vieux, on plonge dans le jeu sans qu’il y ait d’explications et avec un montage totalement anarchique. Les règles ne sont pas expliquées, on se retrouve avec des jeunes qui semblent drogués, ou hypnotisés, mais on n’en saura rien, et d’un coup, la vieille femme va littéralement bouffer l’un des protagonistes. Il y a une coupure bien trop nette pour que l’on ressente quelque chose. Non seulement les jeunes ne sont pas empathiques et manquent de relief, mais en plus de ça l’arrivée de l’horreur est bien trop abrupte pour susciter la moindre frayeur. On reste juste circonspect sur ce que l’on voit.

Mais le plus gros défaut du film réside surtout dans sa façon d’aborder son histoire. Il y a un réel déséquilibre dans ce qui se passe dans le présent et dans son flashback qui dure toute la seconde moitié du métrage. En effet, passé le premier meurtre, la grande méchante va prendre dans ses bras les deux femmes et leur raconter l’histoire de ce jeu maudit qui transforme les gens en amateurs de sang. Si cela permet de donner un semblant de sens à l’intrigue et au fond même du film, on va rapidement se perdre dans des explications nébuleuses et pénibles. En voulant expliquer les origines du jeu, les scénaristes se perdent dans des explications complexes, dans des relations dont on se fiche éperdument et petit à petit, le spectateur de lâcher prise sur une histoire rocambolesque et sans intérêt. Le film est sans intérêt puisqu’il brasse du vent en tentant de faire croire à une origine profonde mais qui est plus brouillonne qu’autre chose. D’autant plus que ce flashback va tenter d’avoir une résonance dans le présent, mais c’est très maladroit en plus d’être incompréhensible.

Alors que reste-t-il à Ludo ? Pas grand-chose, il faut bien l’avouer. Le jeu des acteurs est assez bancal et ils ne font que remplir certaines fonctions basiques, comme s’embrasser, faire les kékés ou encore s’insulter. On ne peut pas vraiment blâmer les comédiens qui font ce qu’ils peuvent avec leurs maigres personnages. Même les méchants sont des caricatures de vieux vampires ricanant, avec en plus, du maquillage mal fichu qui s’enlève au fur et à mesure des plans. Le seul vrai petit point positif que l’on peut trouver au film, c’est son côté gore grand-guignol. Les deux réalisateurs ont lâché la machine à hémoglobine pour fournir quelques plans bien dégueulasses, mais cela ne suffit pas à faire un bon film (et même un film tout court). C’est crade, c’est parfois drôle tellement c’est gros, mais ça reste inutile. Et c’est bien dommage, car le film possède un passage intéressant, un passage qui n’aura aucune incidence sur le film. A un moment donné, les quatre jeunes vont se rendre dans un hôtel étrange et mal famé. Les metteurs en scène vont alors nous plonger dans une noirceur glauque qui va nous mettre mal à l’aise et c’est tout ce que l’on recherche dans un film d’horreur. Malheureusement, cet hôtel ne sera pas exploité et la peur ne durera que quelques secondes, alors qu’il y avait un énorme potentiel.

Au final, Ludo est un film raté. Il s’agit d’un film d’horreur qui lorgne du côté des productions américaines que l’on voit à la pelle et qui n’a pour originalité qu’un jeu dont les origines sont beaucoup trop obscures. N’ayant pour lui que son aspect gore et déluré, le film se perd dans une structure narrative bancale et des personnages détestables dont on ne souhaite qu’une chose, la mort. Le twist final est d’ailleurs à l’image du film, faussement punk et totalement raté. Un film à éviter donc.

Note : 04/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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