avril 20, 2024

#Alive

Titre Original : #Saraitda

De : Hyung-Cho Il

Avec Ah-In Yoo, Shin-Hye Park, Hyun-Wook Lee, Bae-Soo Jeon

Année: 2020

Pays: Corée du Sud

Genre: Horreur, Action, Drame

Résumé :

Comme un terrifiant virus ravage sa ville, un homme seul se retrouve coincé dans son appartement, sans aucun moyen d’appeler à l’aide, mais prêt à tout pour s’en sortir.

Avis :

Depuis de nombreuses années maintenant, le cinéma coréen est en pleine explosion et prouve chaque année qu’il est capable de faire tout style de film. Si l’on s’arrête sur des films d’horreur, le cinéma coréen a déjà proposé de nombreuses surprises dont Dernier Train Pour Busan. Et il est difficile de ne pas comparer ce dernier avec #Alive, car ils partagent tous les deux les mêmes codes, la survie en milieu zombie. Sorti au mois de Juin en Corée, Netflix a très vite eu les droits de diffusion du métrage, qui se retrouve désormais sur la plateforme de streaming. Et on à beau crier sur tous les toits que Netflix peut potentiellement tuer le cinéma, il fournit chaque mois de petites pépites que l’on ne peut voir autrement. Car oui, #Alive est réussi, c’est un bon film, imparfait certes, mais un métrage qui se tient de bout en bout.

Bloqués

Le scénario est relativement simple. Un jeune streamer se retrouve seul chez lui un beau matin, et il se rend compte que la ville dans laquelle il habite est attaquée par des zombies. Il va devoir alors se débrouiller tout seul pour survivre dans son appartement, et rationner sa nourriture, car sa mère lui avait demandé de faire les courses. Très vite, le manque va le forcer à sortir et à affronter le danger. Simple. Le scénario tient sur un post-it et pourtant, le jeune réalisateur, dont c’est le premier film, va créer une ambiance de folie et tisser une histoire intense entre deux voisins que tout oppose. En effet, le jeune homme, alors au bout du rouleau, va se rendre compte que sa voisine d’en face est vivante aussi, et ils vont rentrer en contact pour élaborer des stratégies de survie.

Malgré la simplicité du pitch, le film va fonctionner grâce à une évolution logique et plutôt touchante. Le jeune homme perd progressivement pied et on se prendre d’affection pour lui, qui tente par tous les moyens de se raccrocher à des choses qui le confortent. Par exemple, tenir un journal de bord sur le net, ou encore utiliser des technologies pour trouver du réseau ou des informations. Le film arrive à maintenir une tension palpable alors même que les personnages sont bloqués dans leur appartement. Si on pourra y voir un léger ventre mou et un surjeu des émotions propre au cinéma coréen, il n’en demeure pas moins que c’est suffisamment tendu pour nous accrocher. Et le cinéaste nous accroche avec trois fois rien, si ce n’est une maîtrise parfaite de son histoire et de sa mise en scène.

Dernier Appart à Busan

Malgré son aspect statique du début, le film va alors se débloquer par la suite, lorsque les deux voisins vont se retrouver et tenter de rejoindre le huitième étage qui semble sûr. Le film s’emballe alors et les attaques de zombies se font sauvages. Mais techniquement, c’est parfaitement maîtrisé. Non seulement l’action est lisible, mais on va en prendre plein les mirettes, avec des ralentis, de belles chorégraphies et surtout une utilisation parfaite des décors et des mouvements de caméra. A titre d’exemple, quand les deux personnages se réunissent au milieu des deux immeubles, l’héroïne utilise tout ce qui lui tombe sous la main pour s’en sortir, la caméra la suivant au plus près. Bien évidemment, c’est dans ces moments-là que la comparaison avec Dernier Train Pour Busan est inévitable.

Mais cette action ne serait rien si l’on ne ressentait rien pour les personnages, et c’est un point très important du film. Alors que tout démarre au bout d’une minute de métrage, on ne nous présente que sommairement ce jeune garçon addict aux nouvelles technologies. Le réalisateur le sait, il place rapidement son contexte pour permettre de faire exister son personnage qui va se découvrir au fil des jours de survie. On y voit un jeune garçon aimant, simple, un peu bête, mais qui n’a pas une once de mauvais fond. Un personnage attachant, normal, pour lequel on va avoir beaucoup d’empathie. Il en va de même avec sa voisine, que l’on va connaître au fur et à mesure. On craint pour eux et c’est bien le plus important dans ce film. Le seul petit bémol viendra d’une rencontre en fin de métrage qui semble un peu forcée et désuète.

La Beauté de la Mort

Le plus étonnant dans ce film, c’est aussi que malgré son faible budget, il arrive à être saisissant sur les effets spéciaux. Les zombies sont parfaitement faits et il y a très peu d’utilisation d’effets numériques. On est face à un cinéma traditionnel qui n’utilise finalement les CGI que pour les effets de masse et les plans larges. Mais la réelle volonté du metteur en scène est d’être le plus proche possible de la réalité et de mettre en avant des zombies plus vrais que nature. De ce fait, en conjuguant des personnages attachants, des zombies bien fichus et une mise en scène inspirée, on arrive à des moments de tension intense, comme lors de la fouille de la chambre de l’alpiniste. On s’y attend. On sait que quelque chose va se passer, mais ça fonctionne à plein régime.

Enfin, limiter #Alive à un simple film de survie en milieu urbain au milieu des zombies est trop réducteur. Car si le cinéaste arrive à parfaitement utiliser l’espace des immeubles pour créer de la tension, il parsème son film de quelques messages intéressants. En premier lieu, il veut montrer que l’Homme n’est pas capable de s’en sortir tout seul. Ici, on parle de l’humanité en général, puisqu’il faut être deux pour se sortir de chaque situation. Mais il va encore plus loin en démontrant que l’homme ne peut pas s’en sortir sans la femme. Pour preuve, c’est la voisine qui sauve le voisin de la faim et trouve un plan pour s’en sortir. L’altruisme est alors une bénédiction pour tout réussir. Mais on trouvera aussi des thèmes moins évidents, comme l’abandon, la douleur du deuil, la sensation de se sentir inutile. Bref, tout un tas de sujets intelligents qui sont abordés ici avec justesse.

Au final, #Alive est un très bon film de zombie, mais aussi un très bon film tout court. Dense, tendu, parfaitement réalisé et perclus de bonnes intentions et de bonnes idées visuelles, on peut dire que la Corée nous a encore gâtés. Si le film n’est pas exempt de défauts, comme un petit ventre mou rythmique en son milieu, #Alive tient toutes ses promesses et mérite clairement que l’on s’y arrête dessus.

Note : 16/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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