avril 25, 2024

Holler

De : Nicole Riegel

Avec Jessica Barden, Gus Halper, Austin Amelio, Grace Kaiser

Année: 2020

Pays: Etats-Unis

Genre: Drame

Résumé:

Dans un coin perdu du sud de l’Ohio où les industries manufacturières américaines se meurent, une jeune femme résolue a l’opportunité de changer de vie le jour où elle décroche son ticket d’entrée dans une faculté. Afin de régler les frais de scolarité, Ruth Avery rejoint avec son frère aîné une dangereuse bande de ferrailleurs. Ils travaillent dur la journée et volent des métaux précieux la nuit dans les usines jadis prospères. Au-delà de l’aspect financier, Ruth va se rendre compte que le prix à payer pour faire des études supérieures est bien plus élevé qu’elle ne le pensait.

Avis:

Nouvelle venue dans le paysage du cinéma indépendant américain, Nicole Riegel s’est d’abord engagée dans l’armée. Après ceci, elle se reconvertit dans l’écriture et fait des études de scénario. Elle commence à réaliser en 2016 et se fait remarquer d’emblée, au point que Filmmaker Magazin la nomme parmi les quarante autres jeunes réalisateurs à surveiller, ceux qui sont susceptibles de faire le cinéma de demain.

Après avoir réalisé « Holler » en court-métrage, Nicole Riegel décide d’en faire une adaptation en long et c’est ainsi qu’après des années de travail, « Holler » voit le jour. Présenté dans la compétition de Deauville, « Holler » est un regard rude et froid sur une Amérique qu’on montre rarement. Plongée radicale dans l’Amérique de Donald Trump, « Holler » met en avant ceux qui vivent et survivent de petits boulots mal payés au fin fond de l’Amérique. Chronique touchante, Holler dévoile une jeune réalisatrice qui a des choses à dire, et une belle envie de cinéma.

Dans un coin perdu du sud de l’Ohio où les industries manufacturières américaines se meurent, une jeune femme résolue a l’opportunité de changer de vie le jour où elle décroche son ticket d’entrée dans une faculté. Afin de régler les frais de scolarité, Ruth Avery rejoint avec son frère aîné une dangereuse bande de ferrailleurs. Ils travaillent dur la journée et volent des métaux précieux la nuit dans les usines jadis prospères. Au-delà de l’aspect financier, Ruth va se rendre compte que le prix à payer pour faire des études supérieures est bien plus élevé qu’elle ne le pensait.

Depuis quelques années maintenant, le Festival de Deauville aime particulièrement observer l’Amérique dans sa sélection et il aime choisir des films qui parlent de ceux dont on ne parle pas forcément. Ceux qui sont loin des grandes villes et loin des regards et pour son premier film, la réalisatrice Nicole Riegel est pile dans cette optique-là. Rappelant certains films des sélections précédentes, comme « Katie Says Goodbye » de Wayne Robert, ou encore « Mickey and the bear » d’Annabelle Attanasio, Nicole Riegel nous entraîne au plus près d’une famille qui se débrouille comme elle peut pour seulement vivre. Brossant le portrait d’une Amérique pauvre, surendettée, dont l’avenir est loin d’être clair, une Amérique qui a plusieurs petits boulots et parfois loin d’être légaux pour arriver à boucler les fins de mois, une Amérique qui rêve de s’enfuir de là où elle habite, mais qui n’ose pas franchir le pas. Avec « Holler« , Nicole Riegel ne fait pas dans la dentelle, n’hésitant pas à briser et montrer l’envers du décor du célèbre « American Dream’s ».

Doté d’un scénario fait de détails, riche en sujets, et surtout doté de personnages qui sont vraiment excellents, on se prend sans l’ombre d’une hésitation par ce que la réalisatrice nous raconte. Injuste et débrouillard, lourd, dur et en même temps très touchant, Nicole Riegel prend un soin tout particulier à faire exister ses personnages, et surtout à leur donner une saveur qui sonne comme le plus réaliste possible. On appréciera notamment le lien qui unit ce frère et cette sœur, Nicole Riegel ayant réussi avec ses deux comédiens à capturer quelque chose de très simple, de très sincère… Bref, quelque chose de juste, qui nous renvoie à nous-même. Du coup, malgré les doutes, les difficultés de la vie, malgré les espoirs qui fondent comme neige au soleil, grâce à l’écriture de ces personnages, Nicole Riegel ne tombe pas dans le misérabilisme. Non, derrière les infinies nuances de noirs et de gris qui couvrent l’avenir de ces personnages, la cinéaste a réussi à offrir quelque chose parsemé de lumineux, ce qui fait du bien et conclut ce premier film de très belle manière.

Pour son premier film, même si parfois on sent que la réalisatrice tâtonne un peu, on retiendra surtout qu’elle offre un film qui a un sacré caractère et une ambiance prenante. Il y a un sentiment de vie qui s’est arrêté dans cette ville et dans cette région, qui est à l’image de ce ciel couvert en permanence, qui ne laisse passer aucune éclaircie. Si la métaphore est peut-être un peu lourde, il est vrai, c’est efficace et ça fonctionne très bien.

« Holler« , c’est aussi un film qui est tenu par de jeunes acteurs qui sont bourrés de talent. Pour ce premier film, Nicole Riegel nous a sorti de son chapeau Jessica Barden et Gus Halper et franchement les deux sont de jolies découvertes.

« Holler » est donc un bon premier film. Avec ce premier film, Nicole Riegel a des choses à dire, et ce qu’elle dit, ce qu’elle décrit, est intéressant. Son portrait de cette Amérique est glaçant, il fait froid dans le dos, mais le pire et le meilleur dans tout cela, c’est qu’il sonne comme juste, vrai et réaliste.

Note : 13/20

Par Cinéted

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.