avril 25, 2024

Santiago 73 Post Mortem

De : Pablo Larrain

Avec Alfredo Castro, Antonia Zegers, Jaime Vadell, Amparo Noguera

Année: 2011

Pays: Chili, Mexique, Allemagne

Genre : Drame

Résumé :

Santiago du Chili, septembre 73. Mario travaille à la morgue, où il rédige les rapports d’autopsie. Amoureux de sa voisine Nancy, une danseuse de cabaret soupçonnée de sympathies communistes, sa vie va être bouleversée par le coup d’Etat contre Salvador Allende…

Avis :

En 2013, j’allais en salle voir un petit film venu du Chili. Tenu par Gael García Bernal, réalisé par un mec dont je n’avais jamais entendu parler, « No » fut une petite révolution et une très belle claque. D’un coup, j’avais un nouveau nom qui m’intéressait fortement, Pablo Larraín. Depuis « No« , le réalisateur n’a fait que me passionner. « El Club » est un grand film, « Neruda » et « Jackie » ont été tous deux passionnants, même si « Jackie » a eu tendance à en laisser certains sur le carreau. « No » ne fut pas le premier film de Pablo Larraín, et voir ses premiers films relève du défi, car le metteur en scène chilien reste connu principalement que des cinéphiles et ses premiers métrages ont été assez mal distribués aussi bien en salle qu’en support physique.

Parmi ses trois premiers films, « Santiago 73, post mortem » est peut-être celui qui est le plus facile à dégoter. Certes, j’aurais mis le temps, mais ça y est, j’ai enfin pu accéder à mon précieux et un peu comme « No » qui est tout aussi politique, je m’attendais à ce que le réalisateur me donne encore une belle gifle. Et bien quelle ne fut pas ma déception devant « Santiago 73, post mortem« . Pour son troisième film, Pablo Larraín a décidé de mettre en scène le coup d’état d’Augusto Pinochet en nous le montrant à travers les yeux d’un homme lambda et malheureusement, le film va se révéler être une œuvre d’un profond ennui. Une œuvre qui n’arrivera pas à intéresser, ni même toucher, nous livrant des personnages sans vie, sans émotion, sans âme. Un film de Pablo Larraín est devenu une sorte d’événement de cinéma et la découverte de cette déception est finalement à la hauteur des attentes que le réalisateur suscite.

Santiago du Chili, Septembre 1973, la colère gronde dans le pays. Mario est un homme aussi étrange qu’il est simple. Mario travaille dans la morgue de la ville, où il y rédige des rapports d’autopsie. Mario est amoureux de sa voisine d’en face, la belle Nancy qui travaille dans un cabaret. Mario soupçonne Nancy d’avoir de la sympathie et plus encore avec des communistes, mais ça ne l’empêche pas de faire sa connaissance et plus encore. Puis survient le coup d’état d’Augusto Pinochet…

« No » est un film qui évoquait la campagne présidentielle du dictateur chilien Augusto Pinochet en 1988, mais juste avant ce film, qui a contribué à une certaine reconnaissance mondiale de Pablo Larraín, le metteur en scène s’était déjà frotté au Chili de Pinochet. Il y avait « Tony Manero » (film que je n’ai pas encore vu malheureusement) et puis il y a ce « Santiago 73, post mortem« .

Pablo Larraín qui se lance dans un film qui aborde la prise de pouvoir de Pinochet était forcément un film qui m’intéressait, même si le réalisateur, pour en parler, avait l’air de prendre une trajectoire assez étrange. Mais à la rigueur, pourquoi ne pas prendre la trajectoire du regard d’un homme extérieur, qui voit son pays sombrer dans l’horreur. Cela pouvait donner quelque chose de très intéressant, surtout avec Larraín aux commandes. Malheureusement, tout ceci ne va pas être le cas, et finalement, le renversement du gouvernement de Salvador Allende ne va être évoqué que bien tard et il n’arrive jamais à nous passionner.

Avec ce film, Pablo Larraín se lance dans une histoire d’amour à sens unique et surtout une histoire d’amour sombre à la limite du morbide. Le film n’a pas vraiment de rythme, étirant encore et encore des scènes en plan fixe où il ne se passe absolument rien. On a le temps de voir le temps passer et surtout, on reste dans l’attente que Pablo Larraín nous raconte quelque chose, qu’il donne de la vie à ses personnages ou ses situations. Bref, derrière cette mise en scène presque clinique qui n’avance pas, le véritable souci avec « Santiago 73, post mortem« , c’est son personnage principal qui est inexistant. Tenu par Alfredo Castro, on a bien du mal à être touché, ou même intéressé par cet homme bizarre, étouffé, neurasthénique qui finit par agacer plus qu’autre chose. Certes, il y a bien un parallèle entre lui et la tension qui règne dans le pays et au fur et à mesure que l’intrigue avance et que le personnage « évolue », on le voit se radicaliser et se laisser emporter par le fascisme grandissant, mais il n’y a rien à faire, le non jeu et les silences d’Alfredo Castro et la mise en scène sans vie de Pablo Larraín font que l’on finit par se désintéresser par ce qui nous est raconté. Et même quand, enfin sur la fin, on arrive à ce coup d’état, on arrive à ce qui le titre évoque, rien à faire, on s’ennuie ferme, le mal est déjà fait et plus rien ne nous sauvera, et malheureusement pour nous, Pablo Larraín décidera de nous achever avec une dernière scène, absolument interminable, qui fut censée nous bouleverser et qui de manière assez vulgaire, en touche une sans faire bouger l’autre…

« Santiago 73, post mortem » est une terrible déception. C’est un film mort, qui se trompe de sujet, qui nous présente un personnage avec lequel on n’a aucun accroche et finalement, on reste là, presque pris au piège, attendant que Pablo Larraín, lui si doué d’ordinaire, nous entraîne dans son film, son histoire. Rien n’y aura fait et les une heure trente-huit que dure « Santiago 73, post mortem » seront passées comme trois…

Note : 06/20

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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