avril 24, 2024

Mosquito – Guerre Sensorielle

De : João Nuno Pinto

Avec João Nunes Monteiro, Sebastian Jehkul, Filipe Duarte, Josefina Massango

Année : 2020

Pays : Portugal, France

Genre : Guerre

Résumé :

Rêvant de grandes aventures et de défendre sa patrie, un jeune homme portugais s’enrôle dans l’armée durant la Première Guerre Mondiale. Il est envoyé au front au Mozambique, en Afrique. Abandonné par son unité, il s’engage dans une longue traversée de la mystique terre Makua, marchant des milliers de kilomètres à la recherche de ses rêves.

Avis :

On parle assez peu du cinéma portugais. Il faut dire que ce cinéma-là ne s’exporte pas plus que ça. Aujourd’hui, on s’arrête sur « Mosquito » qui est le deuxième film de João Nuno Pinto. Réalisateur portugais donc, cela fait une petite dizaine d’années que João Nuno Pinto traîne sur les tournages. Ayant touché à plusieurs postes, le cinéaste réalise un court-métrage en 2008 et se fait repérer directement, ce qui lui permet alors de passer au long avec « America » qui est sorti en 2010. Par la suite, il va prendre son temps pour revenir avec tout d’abord un second court-métrage en 2014, puis un film ambitieux. Ce film, c’est « Mosquito« .

Pour son second long-métrage, João Nuno Pinto a décidé de s’arrêter sur un chapitre très peu connu de la Première Guerre mondiale. Un chapitre qui est d’ailleurs complétement passé sous silence dans le cinéma. Ce chapitre ? C’est l’évocation de la défense portugaise contre l’Allemagne dans ses colonies africaines et plus précisément sur le front du Mozambique. Le sujet est intéressant et complexe en même temps et s’il est clair que le film de João Nuno Pinto n’est pas facile d’accès, il demeure néanmoins une expérience unique. Une expérience sensorielle qui tire même vers l’hallucination.

Zacarias, 17 ans, veut servir et défendre son pays et pour cela, il s’enrôle dans l’armée. Le jeune homme est envoyé au Mozambique. Séparé de son unité, le jeune garçon se retrouve seul et ne peut que compter sur lui-même. Cherchant à retrouver les siens, il marche et traverse la mystique terre Makua. Une terre qui va lui réserver bien des surprises.

Après trois mois, ça y est, on peut enfin retourner dans les salles obscures et ça m’avait tant, mais tant, manqué. Pour fêter nos plongées dans le noir et ces écrans qui s’allument enfin, je me suis dit que je vais marquer le coup et pourquoi pas me faire une expérience à la séance de neuf heures du matin. Mon choix s’est donc arrêté sur « Mosquito« , dont l’affiche titillait beaucoup trop ma curiosité et je dois dire que je ressors assez bousculé tant le film de João Nuno Pinto fut l’expérience que j’étais venu chercher et en même temps, le film est très différent de ce à quoi l’on s’attend.

Sur fond de Première Guerre mondiale, João Nuno Pinto a décidé de nous parler de la guerre autrement et ainsi, il nous invite à suivre les aventures, pour ne pas dire le trip, d’un gamin de dix-sept ans venu faire la guerre par amour pour son pays.

« Mosquito » est un film qui est très riche et peut-être même un peu trop, car c’est aussi ce qui peut faire sa faiblesse, car l’ensemble apparaît comme décousu. « Mosquito« , c’est un film qui parle aussi bien de la guerre, de ses conséquences, de sa folie et de son injustice. Puis João Nuno Pinto ira plus loin parlant aussi de la culture africaine, des colonies, du colonialisme et de l’esclavage. Le film abordera aussi une certaine révolte, ou encore la guerre loin des fronts, la guerre autrement, la guerre de manière perdue, avec l’errance de son personnage qui tient une très grande place dans le film de João Nuno Pinto. Si « Mosquito » est un film très riche, s’il parle très bien de ses sujets, sur l’ensemble, sa richesse le fait apparaître comme flou parfois, tant on peut avoir du mal à comprendre où João Nuno Pinto veut en venir. Le film est décousu, il oscille entre les flashbacks, il mélange son passé, son présent et son avenir, au point que parfois, même si une scène est intéressante, sur un ensemble, on peut se sentir perdu.

De plus, si l’on sera pris par certains des choix de son personnage, ou certaines des épreuves que ce pauvre garçon peut traverser, il est vrai que « Mosquito » est un film qui manque d’émotion. L’expérience visuelle et sensorielle est telle que parfois, on a l’impression que son réalisateur a oublié de nous toucher, ce qui est dommage, car le comédien João Nunes Monteiro est très bon dans le rôle.

Si l’intrigue est parfois trop riche et s’éparpille, ce ne sera pas là que le film de João Nuno Pinto se fera le plus difficile d’accès. « Mosquito« , comme je le disais plus haut, c’est une expérience sensorielle et visuelle et le terme de trip serait parfois bien plus approprié tant le cinéaste part assez loin dans les délires, les métaphores ou encore dans ses idées de mise en scène, d’ambiance, de terreur, de douleur ou encore de joie. Entre scènes d’errance, scènes de possession, scènes de guerre, ou encore scènes de cauchemar éveillé ou non, « Mosquito » ose, s’aventure, essaie, apporte, enrichit, et qu’importe si le film en lui-même devient clivant.

Deuxième film de João Nuno Pinto et première incursion pour ma part dans son cinéma, je ressors de « Mosquito » bousculé et partagé. Si l’expérience de cinéma fut bel et bien là, si elle fut forte, et même parfois fascinante, je ne suis pas sûr non plus que tout fut incroyable et passionnant. Décousu, on peut avoir tendance à se perdre et cette impression de trop fait que parfois le film ne va pas au bout de certains sujets qui auraient mérité d’être plus approfondis. Bref, si je suis partagé donc, une chose est sûre, c’est que cette reprise de cinéma, avec une pareille expérience, je vais m’en souvenir.

Note : 12,5/20

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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