avril 20, 2024

Paradise Lost – Obsidian

Avis :

Fondé à la toute fin des années 80, Paradise Lost est un groupe anglais qui est considéré pour beaucoup comme un pilier fondateur du Doom Métal, mais aussi du Gothic Metal, notamment de 1991 à 1995. Et y-a-t-il groupe plus précieux que celui-ci, qui a réussi à quasiment garder son line-up depuis ses débuts, ne changeant finalement que de batteur en 2016 ? Rares sont les groupes qui arrivent à rester fidèles à eux-mêmes, à garder une grande complicité, malgré les side-projects comme Strigoi pour le guitariste Greg Mackintosh ou encore Bloodbath pour le chanteur Nick Holmes. Obsidian marque tout de même le seizième album du groupe, qui fournit des galettes de façon métronomique tous les deux/trois ans et il y avait fort à faire en succédant à Medusa qui était un très gros effort, démontrant que le groupe a beau avoir plus de trente d’ans, il tient toujours la barre. Ne changeant pas de crèmerie, restant du côté de Nuclear Blast, les anglais semblent rester dans leur zone de confort et la crainte d’avoir un album sans originalité peut se faire sentir, même si on fait confiance aux bonhommes derrière les instruments, tant ces derniers ont su nous charmer avec leur noirceur ténébreuse. Et on a bien fait de se laisser tenter par cet album.

Le skeud débute avec Darker Thoughts. Cela débute tout calmement avec une guitare sèche, un chant clair et doux, une ambiance un peu délétère et touchante et on sent un venin entêtant nous cueillir tendrement. Une fois cette introduction passée, une fois les violons éteints, le groupe nous propose un très gros morceau qui défouraille à tout va et s’appuie sur le chant crié qui augmente une certaine agressivité sur des paroles désespérées et réellement sombres. Cependant, c’est avec le deuxième morceau que l’on va s’en prendre plein la poire. Fall From Grace est certainement le meilleur morceau de l’album. Il y a une parfaite justesse entre les couplets en growl et le refrain en chant clair, qui permet de relancer la machine sur les autres couplets. Le break est démentiel et c’est surtout le riff dans les couplets qui donne immédiatement envie de hocher la tête dans tous les sens. Bref, ce titre est une tuerie qui ne lasse jamais. Tout comme Ghosts d’ailleurs, avec sa batterie démentielle et son chant presque liturgique totalement fédérateur. Malgré des paroles sombres, Paradise Lost arrive à nous toucher de différentes manières, soit en démontrant une violence inouïe, soit en se faisant doucereux et mélancolique. Quand The Devil Embraced, morceau phare de l’album tape très fort sur un refrain simple mais efficace, Forsaken n’utilise que le chant clair pour nous embarquer dans un morceau à la fois tendre et puissant, le groupe trouvant toujours un équilibre entre virulence, noirceur et ambiance éthérée.

La deuxième partie de l’album sera peut-être moins percutante que la première, notamment sur la présence de hits en puissance. Les morceaux sont moins entêtants, mais ils n’en demeurent pas moins grandiloquents et surpuissants. En atteste Serenity et son démarrage en trombe qui met tout le monde d’accord. Greg Mackintosh démonte la baraque sur ses prestations tandis que Nick Holmes donne tout ce qu’il a pour un mélange parfait de Doom et de Gothic qui emporte tout sur son passage. Ending Days est un moment aérien absolument remarquable. Le solo de guitare, très axé Rock, est incroyable, l’ambiance noire qui se dégage de l’ensemble doit beaucoup au chant clair à la fois doux et macabre mais aussi aux violons qui arrivent sur la fin du titre. Bref, c’est tout bonnement superbe. Hope Dies Young restera dans cette veine d’un Gothic Metal très dépressif, très mélancolique, mais qui reste maîtrisé du début à la fin. Paradise Lost arrive à garder cette ligne de conduite sombre, tout en proposant des mélodies à la fois lourdes et aériennes, ce qui est clairement un exploit et n’est pas donné à tout le monde. Ravenghast, qui clôture la version simple de l’album, est un énorme morceau, très lourd, très dense, mais qui détruit tout sur son passage. Epique, surpuissant, le groupe sort vraiment l’artillerie avec ce titre, et le refrain, aérien en diable, est sublime. Pour la version de luxe, deux titres viennent se rajouter à la fête, Hear the Night, excellent titre, qui est dans la veine du reste de l’album, et Defiler, un titre plus court, plus sec, plus percutant, tout en gardant ces riffs si remarquables.

Au final, Obsidian, le dernier album en date de Paradise Lost, est une grande, très grande réussite. Il s’agit d’un album qui ne fait que très peu de faux pas, chaque morceau trouvant une résonance, une raison d’exister et d’être sur cet album. Toujours dans des thématiques très sombres, des pensées très noires, le groupe fournit un effort sublime, qui nous fait passer par tout un tas d’émotions, à la fois tristes et parfois euphoriques. Et finalement, ressentir est le propre de la musique et Paradise Lost s’impose encore une fois comme un moteur d’émotions fortes. Ce sont des grands, des géants.

  • Darker Thoughts
  • Fall From Grace
  • Ghosts
  • The Devil Embraced
  • Forsaken
  • Serenity
  • Ending Days
  • Hope Dies Young
  • Ravenghast
  • Hear the Night
  • Defiler

Note : 19/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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