avril 16, 2024

Killer Condom

Titre Original : Kondom des Grauens

De : Martin Walz

Avec Udo Samel, Peter Lohmeyer, Iris Berben, Leonard Lansink

Année : 1996

Pays : Allemagne, Suisse

Genre : Horreur, Comédie

Résumé :

Un préservatif bien vivant et à la mâchoire acérée sème la panique dans les bordels de la ville. Le détective Lugi Mackeroni, habitué des lieux malfamés, en sait quelque chose.

Avis :

Dans la série des réalisateurs improbables, aujourd’hui, on s’arrête sur le cas de Martin Walz. Réalisateur suisse, habitant Berlin depuis presque toujours, Martin Walz, après des études de théâtre, est apparu dans quelques téléfilms au cours des années 80. À la fin de cette décennie, Martin Walz décide de se lancer dans la réalisation. Pendant un peu moins d’une vingtaine d’années, il fera quelques petits films, qui pour la plupart seront de l’ordre du téléfilm nanardesque ou de la bonne vieille série Z. Depuis les années 2010, Martin Walz a posé sa caméra et il officie aujourd’hui en tant que cinéaste.

Parmi ses films plus ou moins oubliés, il y en a un qui sort clairement du lot. Un film qui de par son idée, son délire, ses hommages, ses acteurs, ses dialogues et ou encore son animation, reste dans les mémoires. Ce film, c’est « Killer Condom« . Adapté d’une bande dessinée de Ralf König, avec « Killer Condom« , Martin Walz se lance dans une comédie parodique horrifique, aussi génialement lamentable qu’elle est fascinante et passionnante de bout en bout. Poussant son délire toujours plus loin, le réalisateur nous offre une connerie jouissive qui n’a aucune limite, au point qu’une fois qu’on l’a vu, une fois qu’on en est arrivé au bout, chaque scène qu’on se remémore est une sérieuse candidate pour devenir culte.

New York, dans un bordel à putes. Alors que les passes en tout genre ont lieu, des drames se produisent. Des drames étranges et singuliers, pour ne pas dire cruels. Les clients, pour beaucoup, perdent leur pénis, ou le perdent en partie, quelque chose les ayant mordu, et même mangé. Toutes les prostituées parlent d’un préservatif vivant, mais personne ne veut les croire. Comment pourrait-on les croire d’ailleurs ? Cette enquête étrange revient alors à Luigi Mackeroni, un inspecteur de la ville habitué des lieux, puisque c’est entre ces murs qu’il vient souvent pour coucher avec des hommes… D’ailleurs, si l’inspecteur ne croit pas plus que ça à cette étrange histoire, très vite, il va se rendre compte qu’elle est vraie quand il devient avec son amant Billy la nouvelle cible de la capote tueuse…

« Killer Condom« , c’est donc l’histoire d’une capote qui fout le bordel dans un bordel… Hein ? Quoi ? Euh attend laissez-moi encaisser ça… Euh, non ce n’est pas vrai, qui a eu cette idée ? Et mieux encore, où est-ce que je peux voir ça ? C’est simple, sur YouTube, grâce à Troma films, qui l’a mis en ligne avec d’autres films d’ailleurs gratuitement. Oui, mais alors une deuxième question me vient : est-ce que c’est bien ? La réponse est indéniablement oui, un très grand et magique oui !!! Mais un oui qui comporte son lot de réserves évidemment, car nous sommes là dans le domaine de la comédie nanardesque et c’est un style qui ne plaît pas à tous. Il faut être armé, et surtout, ô grand surtout, il faut libérer son esprit, faire le vide et accepter le spectacle qui nous est proposé. Si cela est possible, alors le film de Martin Walz, c’est l’autoroute du bonheur, et de grand, très grand, n’importe quoi.

Ce qui est génial avec le film de Martin Walz, c’est qu’il ne tient absolument pas la route, jamais, à aucun moment et pourtant, le réalisateur arrive à nous emporter dans ce tourbillon d’aventures folles, glauques et évidemment sexuelles, sans qu’on ne voit le temps passer.

La recette qu’emploie Martin Walz est très simple, mais tout bonnement géniale. D’un côté, on trouvera une ambiance volontairement cheap, qui décrit malgré tout plutôt bien les bas-fonds de New York et de l’autre, le film sème sur sa route des scènes et des répliques (surtout, des répliques, chaque scène peut être un petit best of à elle seule) devant lesquelles il est bien impossible de garder son sérieux. « Killer Condom« , avec son pitch insensé et original, arrive même l’impossible, c’est-à-dire de tenir sur la longueur, inventant toujours quelque chose qui pique notre intérêt et ça, même si, parfois c’est lourdingue, c’est mal réalisé et génialement mal joué. On notera que cette intrigue absurde nous entraîne vers un fond qui abordera la tolérance, la différence tout en faisant une critique du puritanisme américain, qu’on connaît si bien.

Rythmé et tenu, « Killer Condom » demeure assez étrange quand on le découvre, car outre son histoire à dormir debout, ce qui étonne, c’est la façon dont Martin Walz s’en sort, livrant un film aussi mauvais qu’il est bon. Ultra référencé, parodique à souhait, mélange de comédie et de film noir, « Killer Condom » est un paradoxe à lui seul où chaque scène, entre défauts et qualités, fascine par sa folie, par son audace, par son délire (je ne me suis pas encore remis que la langue nationale à New York soit apparemment l’allemand). On notera aussi que si parfois l’animation de la capote mangeuse de bites apparaît très kitsch, notamment les moments où cette dernière sort les dents, d’autres fois, quand celle-ci n’est qu’à l’état de préservatif pas encore déroulé, ses mouvements et son animation sont vraiment terribles.

Enfin, dernier élément de cette recette imparable, c’est son acteur principal. Tous les comédiens autour de lui sont excellents (avec des limites bien sûr), et tiennent des personnages accrocheurs, mais c’est Udo Samel, un mélange savoureux entre un Kevin Spacey et un Gene Hackman du pauvre, qui nous fait chavirer. L’acteur, qui peut prétendre en une scène à devenir iconique, est absolument parfait dans la peau de ce détective gay doublement armé (ceux qui ont vu comprendront, quant aux autres, vous ne serez pas déçus).

« Killer Condom« , c’est donc un délire. Un délire complètement assumé de la part de son réalisateur qui nous entraîne avec perte et fracas dans une histoire totalement absurde. Une histoire où les capotes mangent des queues pour rétablir l’ordre dans une société décadente. Le tout est con, très con, et en même temps, pas tant que ça. À voir évidemment entre amis, armés de pizzas et de bières, beaucoup de bières, le délire sera collectif, et surtout assuré.

Note : 14/20

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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