avril 20, 2024

Jonas

De : Christophe Charrier

Avec Félix Maritaud, Nicolas Bauwens, Tommy Lee Baïk, Aura Atika

Année : 2018

Pays : France

Genre : Drame

Résumé :

Que s’est-il passé un soir de 1997 pour que Jonas, 16 ans à peine, se retrouve seul et terrorisé dans la voiture de son père, à l’arrêt dans une station-service ? Des années plus tard, à 30 ans passés, le jeune homme finit enfin par affronter les fantômes du passé pour faire le deuil de son adolescence et de sa première histoire d’amour.

Avis :

Jeune réalisateur français, Christophe Charrier entre dans le monde du cinéma en tant qu’assistant de production pour Jacques Audiard, Christophe Honoré ou encore Anne Fontaine. Par la suite, il passe de maison de production en maison de production, jusqu’en 2009 où il fonde Hide Park Productions. De là, il se met à réaliser des clips notamment pour Alex Beaupain, Benjamin Siksou ou Emmanuel Moire. Il réalise aussi des courts-métrages qui se font remarquer.

« Jonas » est le premier long-métrage que Christophe Charrier réalise et on peut dire que le réalisateur s’est fait encore un peu plus remarquer avec ce film. Raflant plusieurs prix au festival de la Rochelle et réunissant un peu plus d’un million de spectateurs lors de sa diffusion sur Arte, on peut dire que Christophe Charrier a frappé fort. Drame social qui aborde la question de la culpabilité, « Jonas » est un joli film, peut-être peu long à se lancer, mais toutefois joli et prenant, d’autant plus qu’il est tenu par un casting impeccable avec à sa tête, la révélation Félix Maritaud.

Jonas, la trentaine passée, est un jeune homme perdu dans sa vie. Brancardier, il enchaîne les aventures sans lendemain et il n’arrive pas à se fixer, malgré un désir d’y arriver. Jonas, plus jeune, a vécu une expérience traumatisante et il n’a jamais affronté les fantômes de cette expérience. Il serait peut-être temps…

Diffusé sur Arte, faisant partie du catalogue Netflix, le premier film de Christophe Charrier connaît un joli petit succès et à la découverte de cette œuvre aussi sensible que belle, le succès est plus que mérité.

« Jonas« , c’est tout d’abord une intrigue intelligente. Une intrigue riche, intéressante et surtout qui véhicule avec elle des sujets importants. « Jonas« , c’est l’histoire d’une culpabilité. Une culpabilité sournoise qui ronge la vie petit à petit sans qu’on s’en aperçoive vraiment. Monté en flashbacks, « Jonas » est un film qui fait des allers-retours dans le passé pour construire le présent de son personnage. S’il est vrai que le film est un peu long à se mettre en place, sur l’ensemble de l’œuvre, le tout ressort comme subtil, beau, fort, humain et les émotions sont belles et bien au rendez-vous. Ce qui est très bien avec ce film, c’est que finalement, il ne parle pas de l’homosexualité, « Jonas » n’est pas un énième film abordant cette question-là. Non, « Jonas » est un film qui aborde la douleur, l’amour, la découverte de soi, les premiers émois, la perte d’un proche, l’incapacité à avancer, les regrets, les remords, le sentiment d’injustice, de culpabilité, et surtout de lâcheté. Christophe Charrier mélange tous ces sujets pour peindre le portrait d’un très beau personnage tenu par un Félix Maritaud qui confirme encore une fois le talent qu’on lui avait déjà remarqué. On regrettera cependant que le film n’aille pas plus loin dans certaines de ces relations, qu’il ne développe pas plus en profondeur par exemple la relation qui unit Jonas et Nathan pour que celle-ci soit plus impactante. Sûrement faute de budget, Christophe Charrier fait court, très court, à peine une heure vingt, mais l’essentiel est là, et surtout l’histoire est belle et touchante.

Une peinture évoquée plus haut passe évidemment aussi par l’esthétisme de cette première œuvre. Un bel esthétisme qui fait le choix d’être plutôt lumineux et sensible, pour une intrigue aussi triste et dure. Christophe Charrier a un œil intéressant, qui laisse finalement les émotions se créer toutes seules, à la force des regrets de son personnage. Le réalisateur évite aussi les clichés et les lourdeurs qui sont monnaies courantes avec ce genre d’intrigue. De plus, il s’entoure très bien, et l’on notera une belle photographie, une certaine élégance dans ses images et ses mouvements et le tout est souligné par une discrète et jolie BO signée de l’ami Alex Beaupain.

Comme dit plus haut, le film est tenu par un remarquable Félix Maritaud, mais on pourra aussi compter sur Nicolas Bauwens, Tommy Lee Baïk, Aura Atika, Ilian Bergala, Marie Denarmaud et Pierre Cantonnet. Tous trouvent des personnages qui renforcent l’intrigue et qui sont intéressants (les relations avec les parents, les relations entre les mères, les amitiés naissantes, les histoires naissantes).

« Jonas » est donc un joli premier film et un premier film réussi. Christophe Charrier nous entraîne dans une intrigue riche et loin de celle qu’on imaginait. Le tout est sensible, juste, profond, le film développe bien ses sujets et on se laisse facilement prendre dans ses filets. On ressort touché aussi par cette triste histoire, par son acteur principal, qui est décidément une bien belle révélation. On attend désormais avec curiosité un deuxième film de la part de Christophe Charrier.

Note : 14/20

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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