avril 24, 2024

The Recall

De : Mauro Borrelli

Avec Wesley Snipes, RJ Mitte, Jedidiah Goodacre, Laura Bilgeri

Année : 2017

Pays : Etats-Unis

Genre : Science-Fiction, Horreur

Résumé :

Un groupe d’amis partent en week-end à la campagne, mais découvrent qu’un chasseur local leur pose problème. Ceci dit, cela n’est rien face à l’invasion extraterrestre qui menace la Terre.

Avis :

La science-fiction horrifique est un sous-genre très codifié et qui n’a pas souvent les honneurs d’une sortie en salles. Il faut dire que c’est bien souvent du bis, voire du Z, à peine assumé et que ça n’a jamais la volonté d’aller plus loin que le DTV de base qui se retrouve rapidement dans les bacs à un euro. Pour autant, certains trouvent le chemin des écrans de cinéma comme l’excellent Event Horizon de Paul W.S. Anderson (son seul bon film) ou encore le sympathique Pandorum. Et sans oublier la franchise Alien, d’une très grande qualité, tout du moins à ses débuts. De nos jours, on ne voit plus trop de films de SF à tendance horreur, la faute à des purges innommables et à une certaine frilosité des producteurs de perdre de l’argent sur un projet bancal. Du coup, on retrouve cela sur Netflix ou directement en DTV. Pour preuve avec The Recall qui affiche fièrement un Wesley Snipes fraîchement sorti de taule, disponible sur Netflix (sans être une production Netflix), destiné à un marché foireux de DVD bas de gamme, et qui se glisse même assez aisément dans le carcan nanar.

Il y a quelque chose d’assez agaçant dans ce genre de film, c’est la façon assez niaise dont certains effets de peur sont amenés. En dehors du scénario, des effets visuels ou encore des personnages, dont on parlera plus tard, c’est avant tout sur le début du film que je vais m’arrêter. Pourquoi ? Parce qu’il va tenter de créer une tension qui n’a pas lieu d’être et qui, de ce fait, ne marche pas, mais semble convenir au réalisateur, prenant dès lors le spectateur pour un débile profond. En règle générale, quand on regarde un film, on se situe la globalité du scénario (et sur Netflix, tu as le synopsis en gros à côté du film) et on sait de quoi cela va parler (ici, une invasion extraterrestre). Avec The Recall, on commence à nous présenter le personnage de Wesley Snipes comme un méchant, un trappeur acerbe et violent qui va même tenter de tuer les jeunes qui viennent dans son chalet. Pendant le premier quart d’heure, le cinéaste s’évertue à nous faire croire que c’est un grand méchant psychotique. Mais on sait que ce n’est pas le sujet du film et que l’on subit là du remplissage crétin qui n’a pas lieu d’être. C’est dégradant par rapport à notre rapport au film (voire même au cinéma), c’est même mensonger sur le fond du métrage, et en plus de cela ça essaye de faire monter de la tension avec un truc qui ne fonctionnera pas.

A partir de là, difficile alors de dire du bien de ce film. Déjà, d’un point de vue scénaristique, ce n’est pas fameux. The Recall raconte la venue massive d’extraterrestres, mais uniquement autour d’un lac paumé où cinq jeunes ont loué un chalet au mauvais endroit. A côté de ce chalet, un trappeur vit et semble s’attendre à cette invasion qui va déclencher la panique chez les jeunes. Dès lors, une partie de chasse va se mettre en place. Conspiration, enlèvement, tests sur des humains, invasion, voilà le programme plus ou moins chargé de ce film qui tente de fournir un semblant de script sans jamais vraiment arriver à nous convaincre. Mauro Borrelli va tenter de brouiller les pistes durant tout son métrage, sans jamais arriver à nous capter, la faute à des personnages idiots et souvent insupportables. On ne le dira jamais assez, mais la chose la plus importante dans un film d’horreur, ce sont les personnages. Il faut que l’on ressente de l’empathie pour eux et que l’on ait envie de les suivre. Ici, il va se passer quelque chose d’assez étrange et de même dichotomique.

Le scénario s’évertue à construire un personnage de façon complète. Parmi la bande des cinq jeunes adultes, l’un d’eux semble préoccupé alors qu’il se fait lourdement draguer par une jolie nana. Durant tout le film, on va apprendre à connaître ce garçon qui tire la gueule pour une bonne raison, il a perdu sa future femme dans un accident de voiture dix mois auparavant, et il a du mal à se reconstruire. Cela lui donne un certain poids et on pourrait se sentir proche de lui. Mais il y a un mais. Les réactions des personnages sont tout bonnement incohérentes. Ce type souffre, mais il semble détacher de tout ce qu’il y a autour. Pour preuve, une de ses amies meurent, et c’est le premier à vouloir laisser le corps sur le sol et se barrer, comme s’il ne ressentait absolument rien. Cela aurait pu être un lombric que l’effet était le même. Et ces incohérences relationnelles, le film en est blindé. On aura droit à celui qui pète les plombs parce qu’il a tiré sur sa nana, au geek amorphe que l’on ne tue pas dans le métrage parce que c’est l’acteur qui joue le fils dans Breaking Bad ou encore le trappeur bad ass qui se permet des blagues vaseuses sur les aliens. Bref, tout ce petit monde fait n’importe quoi et semble bien s’en accommoder, contrairement au spectateur.

Un spectateur qui va devoir se laver les yeux à l’eau de javel après avoir vu les effets numériques de ce film. Si au départ, lorsque les vaisseaux arrivent, on pourrait presque croire à quelque chose de qualité, on va vite s’apercevoir de la supercherie. C’est-à-dire qu’à partir du moment où l’on va voir des méduses rouges voler dans les airs, dans une incrustation foireuses, et avec des personnages qui ne veulent pas y toucher, on comprend bien que tout le budget du film a dû partir dans les poches de Wesley Snipes. Si les aliens sont des cascadeurs dans des costumes, il y a une dissonance impressionnante entre les effets numériques et les costumes, puisque dans les deux cas, c’est d’une laideur infâme. Et pourtant, au milieu de tout cela, il va y avoir un éclair de génie, un quart d’heure insoupçonné où le film part dans du Hellraiser spatial. A un moment, les personnages sont dans un vaisseau, l’un d’eux se réveille et va tenter de sauver sa bien-aimée et ainsi, il va crapahuter dans un vaisseau. Et durant cette recherche, il trouve ses camarades dans des machines, maintenus en vie alors qu’ils n’ont plus que la tête et le torse, ou encore accrochés à des câbles, la peau tirée dans tous les sens. Il y a, vers la fin du film, une fulgurance qui fait basculer le film dans du bis assumé et c’est dommage que le réalisateur retourne à ses travers à la fin, offrant une conclusion d’une imbécilité crasse.

Au final, The Recall est un très mauvais film. Si l’on outrepasse la malhonnêteté du début du métrage, Mauro Borrelli ne va tout de même jamais savoir comment tenir son ambiance et son scénario. Pourquoi construire un personnage de façon si précise si c’est pour lui faire des actions à la con ? Pourquoi avoir ce moment délirant et gore et ne rien en faire derrière ? Autant de questions pour un film qui n’en vaut pas vraiment la peine et qui sombrera rapidement dans les méandres oubliées de Netflix.

Note : 05/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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