avril 25, 2024

Downhill

De : Nat Faxon et Jim Rash

Avec Will Ferrell, Julia Louis-Dreyfus, Miranda Otto, Zoe Chao

Année: 2019

Pays: Etats-Unis

Genre : Comédie, Drame

Résumé :

Comment une avalanche dans les Alpes plonge une famille apparemment parfaite au désarroi ?

Avis :

Le duo Faxon et Rash est un duo de réalisateurs qui est surtout connu en tant que scénariste, pour avoir écrit le scénario de « The Descendants » d’Alexander Payne qui leur a valu l’Oscar du meilleur scénario adapté. En plus d’être scénaristes et réalisateurs, il faut noter que les deux sont chacun de leur côté aussi comédiens et ils ont tout deux une très belle carrière de ce côté-là. On aura vu Nat Faxon dans « Bad teacher« , « Tammy » ou la série « Euphoria« . Jim Rash s’est illustré quant à lui dans Brooklyn Nine Nine, « Smiley Face » ou encore la série culte « F.R.I.E.N.D.S« . En 2013, le duo passe à la réalisation avec « Cet été-là« . Depuis, ils ont réalisé un téléfilm et quelques épisodes de la série « Community« . Pour leur deuxième film, Faxon et Rash ont décidé de faire un remake du film « Snow Therapy« , excellent film suédois de Ruben Östlund.

Le film de Ruben Östlund est un excellent métrage qui n’avait nullement besoin d’un remake, d’ailleurs, on ne voit pas pourquoi l’idée d’un remake, mais comme les voies d’Hollywood sont parfois impénétrables et en prime bonus, Will Ferrell a décidé de jouer dedans, je me suis donc aventuré à découvrir ce « Downhill » et le résultat est assez pathétique, tant on est terriblement loin du drame puissant qu’est « Snow Therapy » !

Les Alpes autrichiennes, une famille américaine vient passer quelques jours de vacances idylliques. Le programme est simple, dévaler les pistes de ski à fond, prendre beaucoup de plaisir, se reposer et bien manger. Le lendemain de leur arrivée, alors qu’ils sont installés sur la terrasse d’un restaurant en altitude, une avalanche est déclenchée et alors que cette dernière était censée être contrôlée, elle déboule droit vers la terrasse du restaurant. La panique saisit tous les clients. Billie attrape ses enfants pour les protéger, et regarde alors son amour de mari fuir, les laissant face à la mort. Heureusement, l’avalanche était « bien contrôlée » et elle s’arrête au pied du restaurant. Désormais, comment faire face à ce drame ? Comment pardonner à ce mari qui a préféré sauver sa peau, plutôt que de protéger sa famille ? Cette avalanche va mettre alors à mal la tranquillité et l’amour qui régnaient dans cette famille.

Je ne dis jamais non à un film avec Will Ferrell et même si je ne voyais pas l’utilité d’adapter à la sauce américaine « Snow Therapy » tant le drame parlait à tous, j’étais curieux de voir l’acteur américain dans un rôle torturé et malgré le peu d’espoir, le résultat est assurément pathétique. Le problème ici ne vient pas de Will Ferrell, même s’il faut bien avouer que l’acteur ne dégage pas le charisme et surtout la puissance de Johannes Kuhnke. Non, ici le problème c’est que « Downhill » a été vidé de presque tout ce qui faisait la puissance de « Snow Therapy« . Certes, le scénario reprend les mêmes ficelles et parfois les mêmes plans, au point qu’en début de métrage, j’ai bien cru m’être trompé de film. Les ficelles que reprend donc le scénario ne sont que la base de cette histoire, et le duo Faxon et Rash a voulu se réapproprier l’intrigue, ce qui est intéressant dans l’idée, mais une fois transposé à l’écran, les deux réalisateurs scénaristes ont fait le choix incompréhensible de jeter aux ordures une très grosses partie de la culpabilité dont traite le film original, pour nous livrer un film qui juge ses personnages parfois de manière très malaisante, qui les pointe du doigt et au-delà de ça, après l’avoir vidé de sa substance dramatique, les deux réalisateurs ont ajouté du drama (oui, on ne peut même pas parler de drame ici) à cette intrigue, ajoutant on ne sait pourquoi, un conflit entre ami, ou encore une séance d’éducation avec un moniteur de ski. On oubliera aussi le final ambigu pour laisser place à un final en boudin, tirant presque dans la comédie, ce qui a le don de nous laisser agacé (enfin, si l’on connaît l’original évidemment).

Alors qu’il y avait de la matière avec l’œuvre originale qui touche presque ses deux heures de film, les deux réalisateurs, en plus d’en extirper le drame et les émotions, ont eu l’idée de faire plus court, une demi-heure en moins, et d’ajouter de petites péripéties qui sont censées être amusantes afin de ne pas trop faire dans le drame. Mais ces idées ne fonctionnent pas et surtout elles perdent le film, qui ne sait plus s’il est un drame qui parle, ou qui essaie de parler de la culpabilité, ou une petite comédie dramatique qui essaie de divertir avec un drame familial. Bref, les deux réalisateurs s’en vont sur d’autres pistes, ils s’éloignent du film de Ruben Östlund et ils font surtout des choix contestables.

Du côté de la mise en scène, s’il faut laisser que « Downhill » est très bien filmé, le tout s’arrêtera là. Ne sachant pas s’il est un drame ou une comédie dramatique, le film se cherche en permanence. On oubliera l’intime et les nuances que peut avoir « Snow Therapy« , car ici, american style oblige, tout est démesuré. L’avalanche est obligatoirement spectaculaire, et les engueulades de monsieur et madame le sont tout autant. Les deux réalisateurs ont pris de gros sabots et ils n’y ont pas été de main morte.

Enfin, le film décevra aussi du côté de ses acteurs, car si on ne peut pas dire qu’ils soient mauvais, on ne peut pas dire non plus qu’ils soient incroyables ou même qu’ils nous touchent comme peuvent le faire les acteurs de « Snow Therapy« . Will Ferrell trouve un personnage qui ne demande qu’à éclater, mais étrangement, le film le bride tout le temps et alors qu’il devrait y avoir un vrai sentiment de culpabilité qui s’échappe de lui, on y trouve vaguement des remords. Idem pour Julia Louis-Dreyfus qui passe quasi à côté de son personnage. Certes, elle tient un personnage en colère, mais finalement, ce personnage se trouve être autant dans le flou que nous. On ajoutera pour la blague, Miranda Otto en quadra sexuellement très ouverte et histoire de quand même valider ce remake, on fera faire à Kristofer Hivju une petite apparition.

Bref, « Downhill » est une belle déception et plus que ça, c’est un remake qui n’a rien compris au sujet que traitait Ruben Östlund avec son « Snow Therapy« . C’est quand même assez dingue avec une intrigue de base si dure et si touchante, ce film arrive à n’en tirer aucune émotion et pire encore, il ne se sait quoi faire de son histoire au final. Bref, c’est pathétique de passer autant à côté de son sujet. On restera donc sur la version suédoise et l’on oubliera au plus vite celle-ci.

Note : 06/20

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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