mars 28, 2024

Le Syndrome Chinois

Titre Original : The China Syndrome

De : James Bridges

Avec Jane Fonda, Jack Lemmon, Michael Douglas, Scott Brady

Année : 1979

Pays : Etats-Unis

Genre : Drame, Thriller

Résumé :

Deux journalistes enquêtent sur des incidents survenus dans une centrale atomique.

Avis :

Scénariste et réalisateur quelque peu oublié, James Bridges a commencé sa carrière à la télévision, notamment sur la série « Alfred Hitchcock Présente :« , dont l’un des épisodes lui vaudra même quelques prix. Sa première réalisation date de 1970. Par la suite, James Bridges aura une « courte carrière ». Il réalisera huit films sur un espace de dix-huit ans, avant d’être emporté par un cancer à l’âge de cinquante-sept ans. Pour son quatrième long-métrage, James Bridges se lance dans un film qui, plus de quarante ans après sa sortie, demeure terrifiant d’actualité.

Avec « Le syndrome chinois« , le réalisateur américain s’intéresse alors au nucléaire et à ses possibles dangers et est sorti deux semaines aux Etats-Unis avant l’accident de Three Miles Island (qui est assez identique à ce qui va se passer dans le film). Bien avant Tchernobyl et Fukushima, et bien avant qu’on se pose des questions sur le vieillissement des centrales nucléaires, comme celle de Fessenheim chez nous, James Bridges nous entraîne dans un thriller captivant qui pose énormément de questions. Un thriller qui nous offre une intrigue bien ficelée, bien tournée et qui plus est, qui est tenu par un trio d’acteurs incroyables. Moi qui m’attendais à un petit film sympa, entre discours politiques, magouille et tension, j’avoue m’être pris une petite claque.

Kimberly Wells est journaliste. Ce matin-là, elle vient faire un reportage dans la centrale nucléaire de Ventana, qui se trouve sur côte Est des États-Unis près de Los Angeles. Tout se passe bien jusqu’à ce qu’une secousse d’origine inconnue vienne jeter un froid dans la salle des commandes. Kimberbly et son cameraman le savent, ils viennent d’assister à un accident qui est bien plus grave que ce que le directeur de la centrale veut bien leur dire. Par chance, Richard, le cameraman, a filmé toute la scène, et alors que Kimberly veut rendre l’affaire publique, cette dernière se voit mettre des bâtons dans les roues par sa direction. L’accident de Ventana veut être étouffé. Kimberly et Richard, à force d’enquête, vont alors entrer en contact avec le responsable de la salle des commandes et les révélations que va faire ce dernier vont être encore pire que ce qu’on pouvait s’imaginer.

L’affiche balance fièrement « Ceux qui savent ce qu’est « Le syndrome chinois » sont terrifiés… Bientôt, vous saurez ». « Le syndrome chinois » est une hypothèse selon laquelle le matériel en fusion d’un réacteur nucléaire situé en Amérique du Nord pourrait traverser la croûte terrestre et progresser jusqu’en Chine et ainsi détruire les continents en surface. Si cette hypothèse tient de la science-fiction, le film de James Bridges n’en n’est pas moins terrifiant pour autant, car le reste de l’œuvre est terriblement d’actualité.

« Le syndrome chinois« , c’est un scénario qui est passionnant et extrêmement bien écrit. « Le syndrome chinois« , c’est un film qui interroge sur le nucléaire (sans pour autant prendre parti), c’est un film qui interroge sur l’écologie de cette solution, notamment quand il parle des déchets. C’est un film qui interroge sur le vieillissement des centrales. Mais c’est surtout un film qui interroge sur le capitalisme et les bénéfices qu’engendre une centrale nucléaire et ce que certains de ses dirigeants et autres actionnaires sont près à cacher pour limiter les pertes. Tissant une bonne intrigue faite de magouilles, de dissimulations, de mensonges, de discours bienpensants, de coups de pression, et autres enquêtes journalistiques pour découvrir la vérité, James Bridges nous entraîne dans un film qui n’ira que crescendo dans sa tension, nous emportant vers ce final, puissant, à la tension palpable, ce qui rend l’ensemble du film terrifiant. Si l’on passe outre le syndrome chinois, le film décrit dans la réaction en chaîne, dans ses erreurs humaines, dans ses batailles d’égo, et dans ses décisions, un accident très crédible, qui en plus d’être passionnant, fait tout simplement froid dans le dos.

Du côté de sa réalisation, « Le syndrome chinois » est un film qui tient un sacré suspens. James Bridges, s’il n’offre rien d’extraordinaire dans sa mise en scène, livre toutefois un film très bien fait, bien conçu, qui a tout du très bon thriller. James Bridges fait simple, mais qu’est-ce que c’est efficace. « Le syndrome chinois » jouit d’un rythme prenant qui arrivera même à être surprenant, puisqu’il en devient assez imprévisible sur sa fin. On notera que si le film a pris un petit coup de vieux, il s’en dégage une ambiance, du moins au départ, typiquement seventies, qui le rend assez cool.

Enfin, on ne peut pas passer sur ce film sans évoquer son impérial casting. Certains personnages résonnent certes comme un peu caricaturaux, c’est vrai, mais tous sont tenus avec brio par ce trio d’acteurs qui ferait crever de jalousie n’importe quel directeur de casting. Imaginez un peu Jane Fonda en journaliste soucieuse de la vérité, Michael Douglas en chien fou, avide de dénoncer les magouilles, et Jack Lemmon en ingénieur bienveillant à la recherche lui aussi de la vérité face à une administration,qui a bien d’autres priorités. On ajoutera à cela un Richard Herd glaçant et un James Hampton bien fourbe.

Vieillissant et pourtant très en avance sur son temps, « Le syndrome chinois » de James Bridges s’est révélé être film passionnant de bout en bout. Passionnant de par ses sujets et la façon qu’il a de les aborder. Passionnant dans sa mise en scène qui est très simple et diablement efficace. Passionnant dans son final, allant du tendu au terrifiant. Puis passionnant aussi grâce à ses acteurs qui y sont parfaits. Bref, comme je le disais, je ne m’y attendais pas et je me suis pris une jolie claque.

Note : 17/20

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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Une réflexion sur « Le Syndrome Chinois »

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