avril 23, 2024

Mudbound

De : Dee Rees

Avec Garrett Hedlund, Jason Mitchell, Carey Mulligan, Jason Clarke

Année: 2017

Pays: Etats-Unis

Genre: Drame

Résumé:

Mudbound suit la famille McAllan, fraîchement débarquée de la ville de Memphis, qui découvre la dure vie d’agriculteurs dans le Mississippi. Malgré les grands rêves de Henri, sa femme Laura lutte pour garder foi en son mari et en son entreprise en déclin. Pendant ce temps, Hap et Florence Jackson, exploitants agricoles de génération en génération, œuvrent courageusement pour construire leur propre rêve malgré les barrières sociales auxquelles ils font face.

Avis:

Dee Rees est une réalisatrice américaine qui a débuté sa carrière au cours des années 2000. Réalisatrice engagée, Dee Rees veut à travers son cinéma parler de la condition des noirs en Amérique. Son premier court-métrage date de 2005, et s’en suivra alors trois autres courts, jusqu’en 2011 où elle réalisera « Pariah« , qui sera l’adaptation de son deuxième court en long-métrage. Par la suite, la réalisatrice restera quelque peu dans la confidentialité, naviguant dans le cinéma indépendant américain, jusqu’en 2017 et ce partenariat avec Netflix, ce qui d’un côté va lui donner plus de visibilité et de l’autre l’emmènera jusqu’aux Oscar en 2018 pour quatre nominations, avec notamment la meilleure actrice dans un second rôle, pour Mary J. Blige.

Et justement, l’idée de retrouver la chanteuse aux Oscar était curieux et rien que pour cela, j’avais depuis longtemps envie de m’arrêter sur « Mudbound » de Dee Rees. Il y avait ça, plus son sujet évidemment, ou encore le fait que son casting soit assez exceptionnel. Bref, quoi qu’il en soit, je profite de ce confinement pour rattraper mon retard et je dois dire que pour ma première incursion dans le cinéma de Dee Rees, j’en ressors assez partagé.

Partagé entre un film qui a des aspects sacrément intéressants, et pas forcément là où je les attendais et ennuyé, car finalement, le film est bien long à démarrer, il a tendance à se perdre dans ses histoires qu’il veut conjuguer, et au-delà de ça, son rythme a du mal à fonctionner. Donc entre des moments incroyables et d’autres bien plus longs, « Mudbound » est loin de faire l’unanimité, même si sur l’ensemble, je ne regrette pas de m’y être arrêté.

Amérique, les années 30. La famille McAllan, une famille d’Américains blancs, quitte Memphis pour une vie à la campagne, quelque part dans le Mississippi. Alors qu’ils avaient des rêves plein la tête, à peine arrivés, la réalité s’impose et la vie à la campagne est vraiment difficile. Près de chez eux habitent les Jackson, une famille de noirs américains. Les Jackson sont agriculteurs et survivent comme ils le peuvent. La guerre éclate alors en Europe, puis survient l’attaque de Pearl Harbor et l’entrée en guerre des États-Unis. Les deux familles vont chacune avoir un membre qui ira sur le front. Il faudra s’adapter et ne pas perdre espoir, mais peut-être que pour les deux familles, le pire restera à venir…

J’aurais aimé dire que « Mudbound » fut un moment de cinéma incroyable qui m’aurait laissé k.o. Il faut dire que même si son synopsis n’est pas neuf, je suis assez friand de ce genre d’histoire et des sujets que Dee Rees avaient envie de traiter. Mais malheureusement, ce ne sera pas le cas ici et sans que le film de la cinéaste américaine soit mauvais, loin de là, je ne peux pas dire qu’il ait comblé mes attentes, et c’est tellement dommage, car il tient en son sein bien des sujets intéressants et on y trouvera même de bons moments de cinéma. Puis d’ailleurs, sur son ensemble, « Mudbound » demeure un film qui mérite qu’on s’y intéresse au moins une fois.

« Mudbound« , c’est l’histoire de deux familles dans l’Amérique mississippienne des années 30/40. Adaptant et surtout mélangeant deux nouvelles, Dee Rees nous entraîne donc dans deux portraits, d’un côté une famille blanche qui vient vivre à la campagne et de l’autre une famille noire, bien installée (si l’on peut dire ainsi). Ces deux portraits et les personnages qui composent ces familles ont des aspects intéressants, et à travers eux, la metteuse en scène traite de sujets, certes déjà vus, mais qui demeurent intéressants. Dee Rees, comme on l’imagine bien, va parler de la famille, du sens de cette dernière, elle va parler du racisme dans ce Mississippi des années 30/40. Elle va parler de la difficulté de la vie paysanne, de l’agriculture, des récoltes… Bref, le film est riche, mais malheureusement, tout ce que va aborder Dee Rees de ce côté-là, même si c’est intéressant, la réalisatrice a bien du mal à vraiment nous emporter et nous captiver.

Le film est premièrement très long à se mettre en place, ensuite, il manque d’intensité, et surtout, à force de conjuguer ces histoires, en plus de traîner en longueur, avec son côté déjà vu, on se demande où la réalisatrice veut en venir. Et finalement, au milieu de tout ceci ressort un sujet. Un sujet qu’on n’avait pas vu venir. Un sujet qui est peu abordé de la manière dont la cinéaste l’aborde. Ce sujet, c’est l’après-guerre et le retour d’un jeune soldat noir ayant servi son pays, ayant découvert d’autres cultures, d’autres modes de vie et surtout un jeune soldat noir de retour au Mississipi dans les années 40. En plus des stigmates de la guerre, il faut de nouveau faire face au racisme, à l’ignorance et la haine. Comment accepter, comment vivre, ou revivre, dans ces conditions-là ? C’est là que « Mudbound » est le plus intéressant et le plus fort. C’est là qu’il nous prend enfin. Dee Rees nuance les choses, aborde plusieurs points de vue, entremêle alors très bien les histoires et de ce côté-là, elle nous tient sans aucun souci et mieux encore, elle nous entraîne jusqu’à ce final, évident certes, mais beau et intéressant.

Reste alors en plus de ce sujet en or, un casting épatant. Un casting qui rehausse aussi l’intérêt qu’on porte au film. Si des acteurs comme Garrett Hedlund, Jason Clarke, Carey Mulligan, Jonathan Banks, Rob Morgan sont très bons, il est vrai que « Mudbound« , c’est avant tout deux révélations. D’un côté, il y a Jason Mitchell dans la peau de ce jeune homme noir revenant du front et de l’autre, il y a Mary J. Blige qui livre là une prestation renversante.

« Mudbound » est donc dans son ensemble une déception, car le film n’est pas aussi fort et important qu’il le laissait penser. Toutefois, malgré la déception ressentie, malgré ses défauts et notamment ce sentiment de longueur, « Mudbound » demeure un bon film et un film intéressant. Alors entre intérêt et déception, je ne regrette pas de m’y être arrêté l’espace d’une soirée.

Note : 11/20

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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