mars 19, 2024

Total Recall

De : Paul Verhoeven

Avec Arnold Schwarzenegger, Rachel Ticotin, Sharon Sone, Ronny Cox

Année : 1990

Pays : Etats-Unis

Genre : Science-Fiction

Résumé :

En 2048, Doug Quaid rêve chaque nuit qu’il est sur la planète Mars à la recherche de la belle Melina. Sa femme, Lori, s’efforce de dissiper ce fantasme. Doug va bientôt s’apercevoir que son rêve était artificiel et que sa femme est une espionne chargée de veiller à son reconditionnement mental. Il se souvient d’un séjour réel sur Mars, à l’époque où il était l’agent le plus redouté du cruel Coohagen. Il décide de s’envoler sur Mars à la recherche de son énigmatique passé.

Avis :

Paul Verhoeven est un réalisateur néerlandais qui commence sa carrière dans les années 60 avec plusieurs courts-métrages. C’est au début des années 70 qu’il se lancera alors définitivement dans le long-métrage dans son pays d’origine, avec de très bons films, comme Turkish Delices, Le Choix du Destin ou encore Spetters. Au milieu des années 80, il décide de partir aux Etats-Unis pour bâtir une carrière plus solide. Son côté bourrin, son nihilisme ainsi que son savoir-faire pour filmer de l’action tout en gardant un message social fort font de lui la nouvelle coqueluche d’Hollywood. Il enchaine alors les grosses productions comme Robocop, Total Recall, Basic Instinct ou encore Showgirls. Malheureusement pour le réalisateur, des échecs commerciaux vont plus ou moins le blacklister du tout Hollywood et il va repartir chez lui pour faire les films qu’il a envie, comme le spectaculaire Black Book. Aujourd’hui, Paul Verhoeven tourne moins, mais chacun de ses projets titille la curiosité et il reste un grand cinéaste. A tel point de ses films sont presque peu altérables par le temps. La preuve en ait avec Total Recall qui fête cette année ses trente ans et qui n’a pas pris une ride.

D’un point de vue scénaristique, le film s’inspire très librement d’une nouvelle de Philip K. Dick, et on va suivre ici un homme qui fait des rêves et va vite se rendre compte qu’il est un agent secret avec une information dans la tête qui pourrait faire tomber le dirigeant de la planète Mars. De ce scénario assez simple va alors découler un pur film d’action avec des éléments de science-fiction puisque le héros va échapper à ses poursuivants sur Terre et il va s’enfuir pour Mars, afin de mettre de l’ordre dans ses idées. Le principal intérêt de ce film, c’est le fait que le réalisateur joue avec les faux-semblants. Tout comme son héros, nous ne serons jamais, jusqu’à la fin, si ce qui se déroule sous nos yeux est le rêve du héros, ou si nous sommes dans la réalité. Paul Verhoeven arrive, durant presque deux heures, à garder ce doute à travers un personnage perdu, qui ne sait pas à quel saint se vouer et qui va trouver des éléments de réponse dans son instinct et dans les réactions des gens qui l’entourent. Seulement, les antagonistes vont sans arrêt jouer sur cette dichotomie, sur ce déchirement qui habite le personnage principal, plein de doute et voulant faire le bien. Entre manipulation, passages tendus qui s’amusent avec les nerfs du héros pour lui faire croire qu’il est dans un rêve ou encore des trahisons que l’on ne soupçonnait pas, le film arrive à se renouveler sans cesse et à surprendre le spectateur.

Au-delà de son aspect vérité/mensonge qui joue avec tout ce petit monde, on notera que le film n’est pas vide de sens. Il possède un fort message social qui demeure cher au cinéaste, puisque chacun de ses films possède un fond, conférant alors une toute autre dimension. Ici, avec Total Recall, le réalisateur parle de ces puissants, de ces gouvernants qui sont prêts à tout pour rester au sommet, quitte à tuer, voire créer des génocides. Il évoque alors la lutte des classes, la mise en place d’une rébellion qui ne pourra rien faire à cause du manque d’air, mais aussi la nécessité d’un leader charismatique pour pouvoir donner de l’espoir et lutter contre un système injuste. Un fond qui, malheureusement, résonne toujours d’actualité, où les gens souffrent toujours dans l’indifférence des puissances qui dirigent le monde. Ce qui est intéressant aussi dans ce film, c’est cette volonté de montrer que finalement, les monstres ne sont pas les mutants, ces êtres difformes à cause des radiations, qui possèdent des dons de prédiction, mais bel et bien des gens beaux et sans scrupule, comme les hommes de main du président, qui n’hésitent pas à tirer dans le tas pour atteindre leur cible. Il y a une vraie volonté de montrer qu’il ne faut pas se fier au physique, à l’allure ou encore au travail des personnes pour les juger bonnes ou mauvaises.

Ce qui est aussi impressionnant dans ce film, c’est la mise en scène de Paul Verhoeven. L’ouverture est folle, montrant très rapidement que le film peut basculer dans le gore avec des effets spéciaux à couper le souffle. Rob Bottin, qui s’occupait des effets du film, a fait un travail de dingue au niveau des moulages et des animations. Le coup du visage qui s’ouvre pour découvrir le héros, les têtes qui gonflent lorsque l’on est sur la planète Mars, les mouvements labiaux du chauffeur de taxi, tout est beau. Certains maquillages font froid dans le dos, en atteste la tête d’un des révolutionnaires dont on pourrait croire qu’une partie de sa tête a fondu. C’est un boulot incroyable qui n’a pas pris une ride aujourd’hui. Le seul défaut que l’on peut trouver aujourd’hui, ce sont les fonds verts et les incrustations numériques qui sont moches et se voient lorsqu’un personnage passe devant cet écran. Cela n’empêche en rien le film d’être révolutionnaire pour l’époque et Paul Verhoeven s’en donne à cœur, livrant certains plans superbes et un rythme ultra soutenu. Et il faut coupler cela à des effets gores qui plus bel effet, car le réalisateur ne se brime pas pour faire un film tout public, Total Recall, tout comme Robocop, ça saigne, ça fait de grosses plaies et ça ne fait pas dans la demi-mesure. Ces élans renforcent d’ailleurs un sentiment de violence inhérente à certaines séquences.

Enfin, que serait Total Recall sans ses acteurs. Arnold Schwarzenegger est tout simplement parfait dans ce rôle de gros bras qui s’ignore et qui va se découvrir. A la fois naïf et surpuissant, il campe un héros au grand cœur qui se développe au fur et à mesure de l’intrigue, voulant constamment faire les bons choix. A ses côtés, Sharon Stone est d’une beauté incroyable. A la fois douce et perverse, l’actrice, alors au top de sa forme, joue divinement bien les veuves noires sexys et sans scrupule. Il faut aussi compter sur Michael Ironside en homme de main violent et habité par la vengeance. Il faut dire qu’il a la gueule de l’emploi et il joue ça parfaitement bien. Quant à Rachel Ticotin, elle est plutôt touchante, alors que Ronny Cox sera extraordinaire dans ce rôle de politique pourri. Bref, un casting fort intéressant où chacun est à sa place et tient bien son rôle.

Au final, Total Recall est encore et toujours un excellent film qui vieillit extrêmement bien. Aussi dense dans son scénario intelligent et rythmé que dans sa mise en scène soignée, et même embellit par les effets spéciaux de Rob Bottin, Paul Verhoeven signe un métrage dans la continuité de son succès précédent, Robocop. On y retrouve tous les ingrédients du cinéaste néerlandais qui, loin de vouloir fournir un défouloir crétin, offre au spectateur un show qui a du fond, de l’action et du sang, un cocktail explosif parfaitement maîtrisé du début à la fin.

Note : 19/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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