avril 19, 2024

Super 8

De : J.J. Abrams

Avec Kyle Chandler, Joel Courtney, Elle Fanning, Riley Griffiths

Année: 2011

Pays: Etats-Unis

Genre: Science-Fiction

Résumé :

Été 1979, une petite ville de l’Ohio. Alors qu’ils tournent un film en super 8, un groupe d’adolescents est témoin d’une spectaculaire catastrophe ferroviaire. Ils ne tardent pas à comprendre qu’il ne s’agit pas d’un accident. Peu après, des disparitions étonnantes et des événements inexplicables se produisent en ville, et la police tente de découvrir la vérité… Une vérité qu’aucun d’entre eux n’aurait pu imaginer.

Avis :

Toute personne qui soit possède en son for intérieur une sorte de bibliothèque mentale qui fait que nous sommes forcément inspirés par des modèles qui ont baigné notre culture. Si certains nagent dans la nostalgie des années 60/70, d’autres ont été biberonnés aux films fantastiques des années 80 et n’arrivent pas forcément en s’en défaire dès qu’il faut rendre une œuvre. Prenons par exemple J.J. Abrams qui possède un grand maître, Steven Spielberg. Chaque film du « jeune » réalisateur porte l’empreinte du grand maître et les références sont multiples. Et si ce n’est pas chez Spielberg qu’il va piocher ses idées, il fonce tête baissée sur des sagas cultes qui ont bercé son enfance, comme Star Trek. De ce fait, si J.J. Abrams est un bon faiseur, il n’a pas à proprement parlé de vraie identité visuelle, si ce n’est de foutre des « flares » dans tous les sens à force d’écraser son image. Avec Super 8, sorti en 2011, le réalisateur réalise un rêve, se faire produire par Amblin et copier sans vergogne son illustre maître. Et tout divertissant que soit son film, on voit bien qu’il n’a pas l’aura d’un E.T. ou encore de La Guerre des Mondes.

Le scénario du film est assez simple. Une bande de jeunes copains tourne un film pour un festival et lors d’une séquence autour d’une vieille gare, un train explose et semble libérer une créature étrange. Dès lors, l’armée prend le contrôle de la ville alors que des choses se volatilisent et que des personnes disparaissent. Fouinant un peu partout, les enfants vont découvrir un secret d’état bien gardé. Très clairement, le film reprend les bases de E.T. de Steven Spielberg, tout en y amenant un élan de modernité avec beaucoup d’action et un hommage aux films amateurs en super 8, d’où le titre du film. En effet, J.J. Abrams ne complexifie pas son intrigue pour faire un scénario à tiroirs, mais préfère mettre en parallèle le film des enfants comme un hommage à sa propre jeunesse et comme ressort dans l’intrigue principale. En faisant cela, le rythme du film est fluide et on ne s’ennuie quasiment jamais au sein d’une histoire agréable, ultra référence années 80 alors même que le film se déroule en 1979. Globalement, le film se déroule sans accro, mais c’est aussi ce qui fait sa faiblesse.

Citer des références, mettre des posters dans la chambre des ados comme Halloween ou Dawn of the Dead, tout cela ne suffit pas à en faire un bon film, surtout si c’est seulement pour caresser dans le sens du poil le fan boy. Et c’est là tout le problème de ce film qui ne prend aucun risque, si ce n’est de caler quelques attaques de monstre un peu sanglantes et pas toujours cohérentes. Le film n’arrive jamais à se situer sur son public cible et loupe plusieurs fois le coche, voulant de fait s’affranchir du E.T. de Spielberg. A quelque part, il y parvient en n’évitant de manière brillante l’émotion et l’empathie. Si on y regarde de plus près, on se fout royalement de cette bande de gamins, car aucun n’est vraiment attachant. Le héros perd sa mère au début de l’intrigue et a du mal à faire le deuil, mais il n’est pas touchant pour autant, la faute à une écriture pataude et une amourette qui peut même mettre mal à l’aise. Il en va de même pour celui qui se voit réalisateur, égoïste et colérique, celui qui fait les effets pyrotechniques, un gosse attiré par les jeux vidéo et les flammes et qui n’a rien pour lui, ou encore celui qui joue le héros du film amateur, qui n’est caractérisé que par le fait qu’il vomit dès qu’il a peur. Reste alors Elle Fanning, plutôt touchante mais au background téléphoné. En ce sens, on se fiche du devenir des gosses et l’impact émotionnel, sur la fin, n’est jamais présent. Il y a une sorte de déshumanisation qui est propre au cinéma d’Abrams.

D’un point de vue technique, le film est bien évidemment nickel. Déjà parce J.J. Abrams, malgré tout le mal que l’on peut en dire, n’est pas un manche derrière la caméra. Et puis parce que Super 8 possède un budget conséquent pour fournir des effets spéciaux spectaculaires et des décors conséquents. Le film possède une grosse scène avec l’explosion du train, qui est très impressionnante et dans laquelle on se perd avec délice. C’est violent, ça pétarade dans tous les sens et il y a une vraie dynamique dans les mouvements de la caméra. On retrouvera cette prouesse technique sur la fin, lorsque l’armée perd le contrôle de ses tanks et que l’on se retrouve en pleine guerre dans la petite ville de Lillian. Comme toujours, on pourra s’empêcher de penser aux films de Spielberg, avec cette caméra aérienne qui filme en plan large une petite bourgade en proie au chaos. La créature est plutôt bien fichue, même si elle semble être de la même famille que celle dans Cloverfield, mais elle ne possède pas l’aura d’autres monstres plus intéressants. D’ailleurs, là aussi, il manque de l’émotion, de l’implication. On sait que cette bestiole a été étudiée, torturée, qu’elle veut juste rentrer chez elle, et pourtant, rien n’est fait pour que l’on ressente de l’empathie pour elle. C’est dommage. Une empathie qui ne fait même pas écho au message sous-jacent du film, à savoir faire le deuil, lâcher prise pour avancer car la vie continue. Un lâcher prise que ne fait même pas le réalisateur, citant sans arrêt son maître et producteur.

Au final, Super 8 n’est pas un mauvais film, et dans les faits, il est même plutôt agréable à regarder et à suivre, mais il lui manque tellement de choses… En enlevant toute émotion, toute empathie, J.J. Abrams fait un film avec des moments spectaculaires, mais pour lequel on ne ressentira rien et on se moquera éperdument des personnages. Un constat un peu amer quand on voit le potentiel du film qui ne fait que citer ses illustres aînés sans jamais s’en affranchir. Bref, un film loin d’être détestable, mais qui est à l’image de son réalisateur, bien fichu mais sans âme.

Note : 13/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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