mars 28, 2024

Escape the Fate – I am Human

Avis :

S’il y a bien quelque chose de fatiguant dans le monde du Métal, c’est la posture. Certains groupes misent tout sur leur physique et leur attitude et cela en devient parfois énervant, parce que ça bouffe tout par rapport à la qualité musicale. Prenons un exemple concret, les débuts de Bullet for my Valentine où les nénettes étaient en pamoison devant la chevelure du chanteur, au point que lorsqu’il s’est coupé les cheveux, ce fut presque un scandale d’état. Mais au niveau look pénible, les groupes de Post-Hardcore tiennent la dragée haute à tout le monde. Sorte de rejetons de Motley Crüe avec quelques braillasses qui se rapprochent plus de la pleureuse que du vrai bonhomme qui fait peur dans la rue, les groupes de Post-Hardcore mise beaucoup trop sur leur image et pas suffisamment sur leur musique, pourtant parfois intéressante. Et Escape the Fate n’échappe pas à la règle. Porté auparavant par Ronnie Radke qui prit cinq ans de conditionnel pour participation à une bagarre qui aboutit à un mort (le type fait maintenant partie de Falling in Reverse et fait plus de live sur Twitch que de musique…), le groupe s’octroie les services de Craig Mabbitt (oui, vous avez droit de rire) et depuis six albums sont sortis, dont I am Human, dernière galette en date qui nous préoccupe aujourd’hui. Et on ne va pas forcément être tendre.

Tatouages, tenues noires, visages grimés, on peut se dire que l’on va en prendre plein la tronche et que ça va beugler dans les chaumières. Malheureusement, dès le départ, on sera vite fixés sur le chemin emprunté par le groupe, qui délaisse le Post-Hardcore pour se livrer à une sorte de mélange pénible entre Hard Rock des années 80 et un pseudo Hardcore fatigué. Beautifully Tragic démarre pourtant plutôt bien avec un solo bien senti, avant de partir vers un chant clair basique et une ligne de couplet fainéante. C’est bien simple, c’est ultra générique et on pense immédiatement à des trucs pop rock fait pour la radio et qui propose des refrains catchy pour rester dans les esprits. Un peu nunuche sur les bords, le morceau passe grâce à la maestria des musiciens, mais ça reste basique de chez basique, et tout l’album, à quelques exceptions près, sera du même acabit. Broken Heart sera un titre tellement transparent qu’il faudra se le remettre plusieurs fois pour l’entendre. Four Letter Word pourrait avoir un clip avec du rose bonbon de partout, profitant de paroles d’une nullité affligeante. Et puis surgit de nulle part I Will Make it up to You, légèrement punk rock sans jamais avoir la saveur d’un vrai titre coup de poing. C’est mou, c’est sirupeux et ça en devient insupportable. C’est le genre de titre qui peut faire effet chez les quinze/dix-huit ans, mais après, ça devient banal. Et alors, après, on a le trio gagnant du babtou fragile avec Bleed for Me, Do You Love Me ? et I am Human. Des paroles à l’eau de rose, une structure basique et une volonté de faire dodeliner de la tête en regardant amoureusement son ou sa chéri(e), très peu pour nous…

Alors tout n’est pas à jeter dans cet album, déjà parce que même dans les morceaux dégoulinants, il y a du bon à prendre. Les guitaristes sont talentueux, il y a parfois des solos qui fonctionnent parfaitement au sein d’un mélo pénible. Et puis il y a d’autres morceaux qui sortent un peu du lot, prouvant que le groupe est capable de faire des choses sympathiques. Recipe for Disaster envoie du lourd dès son départ et la participation du chanteur de DED (groupe de nu métal qui possède la même voix que le chanteur de Motionless in White) n’y est pas étrangère. Malgré un refrain générique, le groupe fournit enfin un truc qui balance bien et qui possède des modulations au niveau de la voix. Ça chante, ça gueule, parfois ça rappe et c’est bien foutu. Le morceau donne une vraie pêche. Le problème, c’est que c’est le dixième morceau et que ça arrive un peu tard au sein de l’album. Tout comme Riot et son riff parfait qui donne envie de bouger la tête dans tous les sens, ou encore Digging my Own Grave qui est, lors d’une première écoute globale, le seul titre qui ressort, notamment grâce à son chant guttural et sa double-pédale, offrant vraiment une nouvelle énergie. Bon, tout ça est plombé par un refrain fragile, mais ça fonctionne et ça permet d’entrevoir les capacités du groupe qui sombre à chaque fois dans la niaiserie. Resistance est aussi un morceau sympathique et fédérateur, mais la conclusion avec Let me Be finit d’assoir un album décousu où l’on sent bien que le groupe a envie de niquer de la midinette et pas vraiment de faire bouger dans le pit.

Au final, I am Human, le dernier album en date d’Escape the Fate, n’est pas très bon. Sans tomber dans le sirupeux écœurant, le groupe cède constamment aux sirènes de la facilité et semble préférer fournir des titres radiophoniques et mercantiles plutôt que de sortir de sa zone de confort et renouer avec un Post-Hardcore puissant. Si on ressort quelques titres de cet album, ils sont trop peu nombreux par rapport aux autres morceaux sans âme qui peuplent cette galette plutôt insignifiante.

  • Beautifully Tragic
  • Broken Heart
  • Four Letter Word
  • I Will Make it up to You
  • Bleed for Me
  • Do You Love Me?
  • I am Human
  • If Only
  • Empire
  • Recipe for Disaster
  • Riot
  • Digging my Own Grave
  • Resistance
  • Let me Be
  • Dead to Me (Bonus)
  • Mask (Bonus)

Note: 10/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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