mars 19, 2024

The Guest

De : Adam Wingard

Avec Dan Stevens, Maika Monroe, Leland Orser, Lance Reddick

Année : 2014

Pays : Etats-Unis

Genre : Thriller, Action

Résumé :

Un soldat s’investit auprès de la famille d’un ancien camarade tombé au combat. Mais il devient un danger pour ces gens dès lors qu’ils découvrent les dangereux secrets de son passé.

Avis :

Dans la nouvelle garde des cinéastes fortement attirés par les films d’horreur, on pioche aujourd’hui la carte Adam Wingard. Passionné par le cinéma et le genre, il va dès sa sortie de son école audiovisuelle faire des courts-métrages horrifiques et même des longs-métrages qui sillonneront les routes des festivals américains. Scénariste, réalisateur, directeur phot, monteur et parfois acteur, Adam Wingard enfile toutes les casquettes et s’avère être un bourreau de travail, sortant des films quasiment toutes les années. La concrétisation va se faire sur un film encore confidentiel chez nous, A Horrible Way to Die, qui remporte un franc succès dans tous les festoches auxquels il participe. Dès lors, il va participer à des films à sketches (The ABC’s of Death, V/H/S et sa suite) pour finalement pondre You’re Next quasiment en même temps. Home invasion ultra basique mais ultra efficace, le cinéaste montre une énergie salvatrice au profit d’un récit classique, mais gore et suintant le genre par toutes ses pores. Aujourd’hui, le réalisateur s’est planté plusieurs fois sur des projets qui ne lui appartenaient pas comme Blair Witch, un mauvais remake et surtout Death Note pour Netflix. Mais entre-temps, il nous a livré un bon film passé un peu sous radar, The Guest.

Ce film raconte l’histoire d’un soldat qui va s’incruster dans la famille d’un ancien camarade mort au combat. La famille insiste pour qu’il reste parmi eux et il va prendre ses marques petit à petit, malgré sa propension à une certaine violence et à s’immiscer dans les affaires des enfants de la famille. Ainsi donc, il va apprendre au plus jeune à se défendre face à des brutes de son école. Il va protéger la fille aîné en faisant enfermer son fiancé qui deale de la drogue. Il va même aider le père de famille en lui obtenant un poste supérieur dans son travail. Si tout peut sembler idyllique, ce soldat semble cacher quelque chose de malsain et sa violence latente ne demande qu’à exploser. Avec un tel pitch, on peut s’attendre à avoir un thriller teinté d’horreur, et ce n’est pas tout à fait vrai. Si le film laisse sous-entendre la maladie psychologique du soldat, le thriller va plus partir vers un délire psychologique avant de dériver dans le bis assumé avec une révélation stupide et un final quelque peu nanardesque. Mais qu’importe puisque de toute façon, le film fonctionne parfaitement durant toute sa durée. Pourquoi ?

Premièrement parce que le scénario n’en fait pas des caisses et prend le temps de poser son personnage principal. Très clairement, les 20/30 premières minutes sont faites pour installer ce soldat étrange au visage angélique et faire connaissance avec la famille. On aura donc droit à une mère aimante et reconnaissante, un père de famille méfiant au départ mais très sympathique par la suite, une jeune fille de vingt ans un peu rebelle et un jeune garçon qui se fait harceler à l’école. Au milieu de cette famille finalement lambda, ce soldat va semer la discorde dans l’entourage, voulant protéger à tout prix ces gens qu’il ne connait pourtant pas. Et Adam Wingard est très malin en montrant cet homme affable devant tout le monde, puis étrange et froid par derrière, ne dormant quasiment pas et fermant son visage à toute émotion. Le réalisateur prend le temps de présenter tous les personnages et de ce fait d’augmenter le malaise lors de séquences violentes. La première étant la bagarre dans le bar où le type n’hésite pas à défoncer quatre adolescents à grands coups de latte dans la gueule. On va alors vite s’apercevoir que quelque chose cloche avec ce personnage central. Contrairement à You’re Next qui démarrait quasiment de suite, Adam Wingard prend ici son temps pour donner de l’épaisseur à son intrigue et surtout à son personnage.

Deuxièmement, la mise en scène est assez intéressante. Le départ est assez classique et ne réserve que peu de surprises, si ce n’est ce titre qui apparait en violet, en décalage avec les images que l’on voit. Mais rapidement, on va s’apercevoir que le cinéaste va jouer avec les infrabasses pour donner de la tension lorsque le soldat se retrouve seul dans sa chambre ou dans les moments un peu tendus. Cela a pour effet de rajouter du stress et de pointer du doigt que quelque chose ne va pas. Par-delà les phases classiques en plein jour, par deux fois, le film s’amuse à planter son décor dans une fête, étudiante pour la première, puis gala d’Halloween pour la fin, et les lumières vont être bien saturées afin d’aplanir les violets et les rouges, donnant une sensation d’urgence et d’insécurité. Se rapprochant de ce que peut faire un Dario Argento (Suspiria et Inferno en tête) pour les couleurs et d’une John Carpenter pour l’ambiance (la bande-originale très Darkwave participe beaucoup à ce ressenti), Adam Wingard fait référence à de grosses sources d’inspiration et cela marche à plein régime. Ajoutons à cela un cocktail violence/sexe/tension et on obtient deux phases vraiment bien fichues qui fonctionnent à plein régime et laissent libre cours au talent des comédiens.

Ce qui permet d’aborder le troisième point fort sympathique de ce film, les actrices et acteurs. The Guest ne serait rien sans Dan Stevens qui donne beaucoup de sa personne. L’acteur est tout simplement parfait dans ce rôle, puisqu’entre sa gueule d’amour, son regard glaçant et son sourire en coin, il incarne parfaitement le psychopathe qui cache bien son jeu. Sexy sans en faire des caisses, jouant constamment un double-jeu, l’acteur trouve peut-être son meilleur rôle à ce jour (certains diront Legion mais bon…). Maika Monroe, quant à elle, est très investie dans ce rôle de post-ado rebelle qui souhaite vivre sa vie. Elle est belle tout en étant parfois détestable, mais elle est juste et c’est tout ce qu’on lui demande. Pour le reste du casting, Leland Orser joue un père de famille qui tente de protéger ses progénitures mais qui demeure un peu trop crédule, quant à sa femme, jouée par Sheila Kelley, elle est l’archétype de la ménagère qui se fait un peu trop marcher sur les pieds. Reste alors Brendan Meyer, très bon dans le rôle du petit frère qui se fait harceler et qui va rapidement apprendre à se défendre. Seule ombre au tableau, Lance Reddick qui surjoue à mort sur la fin, collant presque à la dérive bis que prend le film. Et c’est peut-être là le gros point faible du métrage, cette révélation finale ringarde qui plombe tout ce qui a été installé auparavant.

Au final, The Guest demeure un bon film. Entre thriller, action et nanar qui s’assume, le film d’Adam Wingard se révèle très agréable et relativement malin dans l’installation de son intrigue. Prenant le temps de construire des personnages cohérents pour que l’on ressente de l’empathie pour eux, le cinéaste intrigue par petites pointes grâce à un acteur, Dan Stevens, qui joue à fond la carte du beau gosse mystère. Si la fin n’est pas à la hauteur du reste, on préfère voir le verre à moitié plein et les multiples références qui ont inspirées l’auteur de ce film. Dommage qu’il se soit fourvoyé par la suite dans des films de commande où il n’avait pas les coudées franches.

Note : 15/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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