mars 29, 2024

Europa Report

De : Sebastian Cordero

Avec Christian Camargo, Embeth Davis, Anamaria Marinca, Michael Nyqvist

Année : 2013

Pays : Etats-Unis

Genre : Science-Fiction

Résumé :

Un équipage international d’astronautes est missionné par une société privée sur Europe, l’une des Lune de Jupiter, pour y chercher d’éventuelles traces de vie. Après un atterrissage catastrophique dû à une défaillance technique, le contact avec la Terre est perdu. Les 6 astronautes se retrouvent seuls sur cette planète glacée, et sont bien loin d’imaginer ce qu’ils vont y découvrir…

Avis :

Comme bien d’autres genres dénaturés au fil des années, voire des décennies, le found-footage s’est très vite décrédibilisé aux yeux des spectateurs. La faute à un florilège de productions opportunistes qui préfèrent surfer sur le succès d’une poignée de références au lieu de raconter une véritable histoire. En l’absence d’un sens de la narration maîtrisé, il transparaît un amateurisme éhonté qui se distingue surtout par la vacuité de la réalisation et des situations. La science-fiction n’échappe pas au phénomène avec quelques exécrables initiatives telles qu’Area 51, Phoenix Forgotten ou Apollo 18. Aussi, Europa Report s’insinue dans une frange du cinéma de genre minée par les a priori.

Le postulat de départ reste assez sommaire et promeut les retombées bénéfiques de l’exploration spatiale à moyenne échéance. En l’occurrence, le propos initial est de s’attarder sur une potentielle vie extraterrestre, même microscopique, au sein du système solaire. Rien de foncièrement singulier, mais qui profite d’un traitement méticuleux pour appuyer un réalisme de circonstances. Cela passe par un discours assez pragmatique et des informations supervisées par des spécialistes ; qu’il s’agisse d’ingénieurs ou de scientifiques. Cela peut paraître anodin, mais les producteurs oublient trop souvent que le fond d’un faux documentaire doit disposer d’une approche pédagogique pertinente pour flouer la frontière entre fiction et réalité.

L’ensemble reste donc intelligible et a le mérite d’éviter les premiers écueils du genre. À savoir, perdre son intrigue dans des approximations et des raccourcis faciles. On notera toutefois que ce constat concerne surtout les recherches biologiques et propres à l’environnement d’Europe, l’un des satellites de Jupiter. Les technologies du vaisseau et celles utilisées pour les analyses sont cependant éludées. On peut également regretter que les opinions avancées sous forme d’interviews ou d’images d’archives n’appuient pas davantage le dilemme entre remplir les objectifs de la mission et sauver l’équipage. La notion de sacrifice de l’individu fleure bon l’héroïsme patenté tant les comportements semblent désintéressés.

On émet également des réserves sur la progression de l’histoire. Si certains films sont d’une linéarité lénifiante, Europa Report propose une évolution éclatée où deux principaux arcs narratifs se déroulent en parallèle. L’un présente les débuts de la mission, tandis que le second expose son aboutissement. S’il n’y avait pas les repères temporels sur l’écran, l’ensemble aurait pu paraître très confus puisque la structure ne respecte pas de schémas d’alternance précis. Il convient donc de rester attentif, du moins dans les premiers instants, pour ne pas se sentir lésé par cette audacieuse et néanmoins discutable façon d’avancer son récit.

En revanche, Europa Report se distingue par un enrobage graphique qui détonne dans le domaine du found-footage. Là où de nombreuses productions prônent des images à peine potables pour dissimuler leur indigence, le film de Sebastián Cordero use d’effets spéciaux convaincants pour parfaire l’illusion d’une exploration spatiale, puis la découverte d’un autre monde. On apprécie également une certaine cohérence dans la présentation des faits avec la présence des caméras du vaisseau. De même, on a droit parfois à une immersion plus avancée avec les systèmes embarqués dans les casques des astronautes. Les incursions sont équilibrées et l’exercice appuie la tension par rapport aux situations observées.

Au final, Europa Report est un found-footage qui rehausse sensiblement le niveau du genre et se révèle au-dessus du lot. On déplore toutefois plusieurs maladresses, notamment dans l’évolution anarchique de la trame et quelques discours qui manquent de nuances dans les intentions et la caractérisation des personnages. En revanche, la mise en scène use des bons prétextes pour proposer des images de qualité à bord du vaisseau ou les rares séquences d’exploration sur Europe. L’ensemble s’accompagne d’une pointe de mystères en plus cette fascination clairement affichée pour la recherche scientifique à l’échelle intersidérale. Il en ressort un film de science-fiction immersif et relativement réaliste pour la majorité des sujets évoqués. Bref, un huis clos spatial intéressant, et ce, en dépit de ses écueils sur le fond et la forme.

Note : 13/20

Par Dante

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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