avril 16, 2024

J’ai Vu Tuer Ben Barka

De : Serge Le Péron

Avec Laurent Bariteau, Charles Berling, Simon Abkarian, Josiane Balasko

Année : 2005

Pays : France, Espagne, Maroc

Genre : Thriller

Résumé :

Janvier 1966. Dans un meublé parisien, la police découvre le cadavre de Georges Figon, l’homme qui a fait éclater le scandale de l’affaire Ben Barka et ébranlé le pouvoir gaulliste.
Un an plus tôt, Figon, lassé des affaires douteuses et des escroqueries minables, est à la recherche d’un coup juteux. Proche du « milieu » depuis ses années de prison, il se voit confier une mission de grande envergure : produire un documentaire sur la décolonisation, écrit par Marguerite Duras et réalisé par Georges Franju, avec l’aide du célèbre opposant marocain Mehdi Ben Barka, engagé comme conseiller historique.
Ce projet de film est un piège…

Avis :

Serge Le Péron est un réalisateur français qui se fait assez discret. Dans les années 70, il fait des petits films documentaires sur des grèves et des conflits d’usines. Dans ces années, il entre aux cahiers du cinéma, revue culte pour laquelle il va écrire pendant une dizaine d’années. Dans les années 80, il signe un premier film qui suit le parcours de jeunes dans la banlieue parisienne. Par la suite, il réalise des documentaires et des reportages, il devient professeur à l’université de Paris VIII. Le Péron revient au cinéma dans les années 2000.

« J’ai vu tuer Ben Barka » est le troisième film de Serge Le Péron et lui qui a toujours eu un goût prononcé pour la politique, il revient alors sur l’une des affaires les plus controversées de la France de ces soixante dernières années. Parfaitement documenté et très instructif, « J’ai vu tuer Ben Barka » revient sur l’enlèvement et la disparition de Medhi Ben Barka, l’un des plus farouches opposants du Roi Hassan II. Si le film de Serge Le Péron est comme je le disais instructif et intéressant de par le morceau d’histoire duquel il parle, « J’ai vu tuer Ben Barka » demeure un film fermé devant lequel on peut se sentir largué face à cette histoire qu’on connaît peu aujourd’hui. L’avantage, c’est que le film de Serge Le Péron donne l’envie de pousser plus loin après la séance, afin de ne pas rester dans le flou une fois le générique arrivé.

Janvier 1966, dans un immeuble parisien, le corps de Georges Figon est retrouvé sans vie. L’homme se serait probablement suicidé. Quelques mois auparavant, Georges Figon fut connu pour avoir ébranlé le pouvoir en faisant éclater au grand jour l’affaire Ben Barka, un homme politique marocain qui fut enlevé à Paris à la fin du mois d’Octobre 1965 et dont le corps ne fut jamais retrouvé. Georges Figon a fait partie de ceux qui ont tendu le piège, faisant croire à Ben Barka qu’il serait consultant sur un documentaire qui parlerait de la décolonisation.

Sur le fond, « J’ai vu tuer Ben Barka » est un film assez passionnant, car son réalisateur l’aura presque construit comme un documentaire. Œuvre très politique, Le Péron relate les faits sans pointer du doigt ou affirmer connaître la vérité absolue qui entoure le mystère de l’affaire Ben Barka. Non, ici, le réalisateur veut relater tout ce qui a amené à ce que l’opposant politique tombe dans un piège, et un piège assez fou, je dois dire, un piège qui implique des noms comme Marguerite Duras ou encore George Franju (réalisateur du culte Les yeux sans visages) et rien que pour cela, le film de Serge Le Péron mérite qu’on y jette un petit coup d’œil. De plus, toujours pour le côté instructif, on prendra plaisir à admirer l’impeccable travail de reconstitution du réalisateur. Un travail qui résonne sans fausse note, un travail qui conjugue prises de vue et images d’archive, ce qui donne un sentiment encore plus fort de véracité à l’ensemble du film.

On notera que Le Péron a très bien travaillé son scénario, afin de rendre au mieux cette histoire (enfin, ça, je le sais après m’être renseigné sur l’histoire en elle-même).

Mais si sur l’ensemble le tout s’avère être intéressant, il est vrai que pour ceux, comme moi, qui ne connaissent pas l’histoire, le film peut apparaître comme confus, ne comprenant parfois pas les tenants et les aboutissants de l’ensemble. Puis au-delà de ça, le film laisse le sentiment d’être fermé sur lui-même et d’être difficile d’accès. Car oui, si sur l’ensemble, l’intrigue est compréhensible, même si des éléments nous échappent, il y a aussi ce côté film d’auteur parfois pompeux, qui peut avoir tendance à rendre l’ensemble lourd, et là, je pense à cette voix off, parfois présente et qui d’un coup disparait pour mieux revenir sans vraiment de logique. On pourra aussi reprocher au film de traîner en longueur et de s’attarder sur des détails.

On se rattrapera alors sur un casting sans faille. Un casting dont les personnages parfois nous échappent, mais qui demeurent tous très bien tenus. Ainsi, Charles Berling, Simon Abkarian, Josianne Balasko, Jean-Pierre Léaud, Mathieu Amalric, ou encore Fabienne Babe se croisent, s’entraident ou se manipulent.

« J’ai vu tuer Ben Barka » est donc un film inégal mais intéressant. Ceux qui connaissent déjà l’histoire devraient être comblés, et ceux qui, comme moi, la découvrent, peuvent avoir le sentiment d’être largué, mais préférant voir le verre à moitié plein, le film donne l’envie d’en apprendre plus, d’en savoir plus, et ainsi, il donne l’envie de se cultiver et ça, c’est très bien. À voir donc.

Note : 11/20

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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