avril 20, 2024

Les Larmes du Soleil

Titre Original : Tears of the Sun

De: Antoine Fuqua

Avec Bruce Willis, Monica Bellucci, Cole Hauser, Tom Skerritt

Année : 2003

Pays : Etats-Unis

Genre : Guerre

Résumé :

Au Nigéria, la famille du Président vient d’être assassinée et une guerre civile est sur le point d’éclater. Un commando secret mené par le lieutenant Waters est envoyé aux confins de la jungle afin de faire évacuer Lena Kendriks, une femme médecin travaillant pour une organisation humanitaire, d’un village menacé par les rebelles. Mais le cours de la mission change lorsque celle-ci refuse de partir sans les villageois…

Avis :

Le film de guerre est un genre très délicat, qu’importent l’époque et le lieu abordés. En effet, si certains réalisateurs privilégient l’aspect sensationnel et dynamique que peut provoquer un conflit, avec ce qu’il faut de batailles aériennes et de fusillades, d’autres auront une vision plus psychologiques, plus fines, mettant en avant les meurtrissures des soldats qui ne reviennent jamais indemnes. Dans ce style, on peut bien évidemment y ranger La Ligne Rouge de Terrence Malick, ou encore Voyage au Bout de l’Enfer de Michael Cimino. Cependant, il y a toujours un piège dans lequel il ne faut pas tomber lorsque l’on aborde la guerre au cinéma, c’est le patriotisme. Peu importe l’origine du cinéaste, il faut éviter de prendre parti dans un film, sauf si c’est le but premier. Dans un conflit, il y a toujours des intérêts, et il y a toujours des raisons et des fautes dans les deux camps qui s’affrontent. Alors quand un réalisateur commence à faire du patriotisme exacerbé dans son film, ça peut agacer et oublier de présenter toute réflexion aux spectateurs. Les Larmes du Soleil d’Antoine Fuqua va un peu dans cette dérive, même s’il reste globalement un film réussi dans sa morale finale et dans sa mise en scène.

Avec Les Larmes du Soleil, point de conflit au Vietnam ou durant les deux guerres mondiales, ici, on est au Nigéria, en pleine crise religieuse, où les musulmans viennent tuer à coups de machette les missions chrétiennes, car elles font partie d’une autre tribu. Forcément, les américains foutent leur nez dedans quand une médecin américaine est en danger et qu’il faut l’extrader. Malheureusement, tout ne va pas se passer comme prévu, puisque la médecin ne veut pas laisser ce qui est devenu son peuple sans aide et elle veut les extrader vers le Cameroun. Pris d’un élan d’humanisme insoupçonné, le lieutenant Waters décide alors de tout faire pour sauver ces personnes, allant contre les ordres supérieurs. Son équipe lui faisant confiance, ils vont devoir crapahuter plus de trente kilomètres avec une armée aux trousses, afin de rejoindre la frontière. C’est à partir de ce pitch qu’Antoine Fuqua va broder son histoire, mettant en avant des soldats héros qui vont se sacrifier pour des inconnus, qui plus est des noirs, dans un pays où ils ne comprennent pas vraiment le conflit. En faisant cela, le réalisateur s’assure non seulement un spectacle de tous les instants avec ce qu’il faut de gunfights et d’infiltration, mais aussi de l’émotion un peu forcée, grossissant le trait des militaires et de la pseudo romance qui va naître entre ce militaire taiseux et bourru et cette médecin bornée.

Et c’est là que le film va pêcher un petit peu. En voulant à tout prix forcer sur les émotions, Antoine Fuqua en oublie la finesse d’un récit de guerre et les critiques que l’on peut faire sur l’humanité, les religions ou encore les soldats qui sont les premières victimes d’un conflit qu’ils ne comprennent pas, bien souvent. Les Larmes du Soleil, c’est une trame narrative quelconque où des soldats vont suivre leur lieutenant qui va être soudain pris d’un humanisme inespéré. Pourquoi ? Comment ? Les réponses resteront en suspens, et tout porte à croire que c’est parce que Bruce Willis est un homme fondamentalement bon. Difficile à croire quand on regarde de quelle façon il réagit au début de l’histoire, et pourtant, il va devenir le symbole de la justice et faire face à une déshumanisme flagrant. La séquence de sauvetage dans le village en est l’exemple même, les soldats devant affronter des mercenaires musulmans qui torturent à tour de bras et coupent les tétons des femmes pour les empêcher d’allaiter. Un trait bien gros, bien gras, qui prend parti et qui peut faire grincer des dents. Et oui, le film fait étalage d’un patriotisme exacerbé. Si Antoine Fuqua essaye de dénationaliser ses personnages, notamment en plantant une Monica Bellucci qui n’est pas d’origine américaine mais qui doit être sauvée à cause de son mariage, on sait que l’on fait face à des américains qui vont buriner du soldat africain. Et le discours du soldat noir sur ses origines ne changera rien au fait qu’il reste un américain pris d’une soudaine envie de sauver les siens avec lesquels il partage des origines.

En dehors de ces défauts, qui restent quand même de gros défauts, Les Larmes du Soleil est un film qui demeure efficace, et cela pour plusieurs raisons. Tout d’abord son rythme. Le film débute assez lentement, avec ce qu’il faut d’explications sur la mission afin de comprendre les tenants et les aboutissants, mais rapidement, il va trouver un bon rythme de croisière. Cette épopée dangereuse sera scandée par des passages d’infiltration, des problèmes au sein du groupe, avec des mouchards et un final explosif où la guerre va vraiment prendre tout son sens. De ce fait, on ne s’ennuie jamais vraiment dans ce film et Antoine Fuqua dirige tout cela d’une main de maître. La mise en scène est très bien fichue. Sans être incroyable non plus, le film évite gentiment la shaky cam durant les combats et certains passages sont vraiment beaux. Certes, ça reste relativement classique et la beauté de la jungle n’est jamais vraiment mise en avant, mais c’est lisible et impose une certaine nervosité dans les moments stressants. Antoine Fuqua n’est pas forcément un cador derrière la caméra, mais il sait comment raconter des histoires et avec une certaine classe. Les Larmes du Soleil n’échappe pas à la règle et c’est relativement bien foutu. Enfin, le casting est plutôt sympathique. Si Bruce Willis a tendance à constamment faire les petits yeux de fouine pour faire sérieux et classe en même temps, Monica Bellucci semble croire en son rôle et se donne à fond. A côté de cela, les militaires font le taf, même s’ils demeurent assez cliché et ce sont surtout les acteurs jouant les africains qui sont touchants et bien interprétés.

Au final, Les Larmes du Soleil est un film qui possède deux visages et qui nous fait sentir deux émotions contradictoires. D’un côté on sera agacé par le côté patriotique et les émotions forcées présentes dans le métrage, mais on se laissera volontiers emporter par le rythme soutenu du film et sa mise en scène plutôt classieuse et dense. De ce fait, le film ne peut laisser indifférent mais force est de constater qu’il est plutôt efficace malgré de gros défauts qui envahissent tout le métrage. Bref, un film presque malade.

Note : 14/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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