avril 25, 2024

Loser

Fiche technique :

Auteurs : Bruno Cathala et Vincent Dutrait

Illustrations : Alexandra Petruk

Joueurs : 3 à 6

Durée : 15 à 30 minutes

Type/public : Ambiance/familial

Age : 8 ans

Mécaniques : Pose de cartes, estimation, votes

Première parution : 2020

But du jeu :

Vous incarnez des élèves d’une école de magie lors d’un duel de potions, mais ne soyez pas le perdant, celui qui sera transformé en grenouille avant tous les autres !

Règles :

Chaque joueur récupère deux moitiés de cartes personnage, et pioche un nombre de cartes Potion dépendant du nombre de joueurs (ces cartes vont de 1 à 19). De la même façon, un certain nombre de cartes Potion restantes sont placées face visible ou face cachée au centre de la table. Le premier joueur pioche une carte Sortilège.

Lors de son tour, le joueur place devant lui soit une potion rouge face cachée, auquel cas son tour s’arrête, soit une potion bleue face visible, et peut soit activer une tuile action, soit jouer un sortilège. Lorsqu’une tuile action est activée, elle est retournée de l’autre côté. Ces tuiles donnent la possibilité d’échanger une carte de la main avec une de la table, de regarder la main d’un adversaire ou de piocher un Sortilège. Ceux-ci d’ailleurs sont tous différents et possèdent divers effets, comme inverser le sens du tour de table, écourter la manche, faire défausser les adversaires, etc.

La manche s’arrête lorsqu’il ne reste qu’une carte Potion dans la main de chacun. Tout le monde va ensuite voter en même temps selon s’il pense posséder la carte de plus haute valeur ou non. Le joueur qui se trompe le plus (ou celui ayant la carte de plus faible valeur le cas échéant) se transforme en grenouille ! Il retourne une des moitiés de sa carte personnage. Si personne n’a ses deux cartes personnages changées en grenouille, le perdant pioche une carte Sortilège et en fait piocher une au joueur suivant, qui devient premier joueur de la manche suivante.

Lorsqu’un joueur a ses deux parties de personnages changées en grenouille, la partie s’arrête : il est le perdant !

Avis :

Les jeux créés par Bruno Cathala, que son nom soit associé à un autre ou non, sont toujours une petite révolution dans le milieu ludique. Vincent Dutrait, illustrateur de talent renommé dans le monde du jeu de société, est passé de l’autre côté en co-signant ce titre. Que vaut l’association de ces deux personnalités ludiques ?

Le matériel du jeu, avec les deux cartes personnages d’un joueur (dont l’une est transformée), les deux tuiles action à droite, les potions de deux couleurs en haut et les Sortilèges en bas.

A la première lecture des règles, il apparaît que le gameplay est assez simpliste, mais simpliste ne rime pas forcément avec simple et inintéressant. Chaque tour les joueurs jouent une carte, et selon sa couleur ils peuvent obtenir un bonus (les tuiles action ou les Sortilèges) ou non. Et le but est soit de garder en main la carte la plus forte, soit de ne pas avoir la plus faible. Et c’est là que résident les deux principaux soucis de ce titre : le cas de la carte la plus forte et de la plus faible.

Le vote consiste à savoir si tel joueur possède la carte la plus forte ou non. Mais il n’y a quasiment jamais de suspense. Si j’ai le 19, je sais que j’ai gagné. Si j’ai le 18, la seule question que je dois me poser est si le 19 est en jeu. Or, lorsque l’on joue à 6, il n’y a qu’une seule carte face visible au centre de la table, donc 1 chance sur 19 qu’elle y soit. Si l’on joue à moins de joueurs, il y a des cartes au centre, certaines visibles et d’autres cachées. Donc effectivement plus de chances que le 19 y soit, mais cela implique que le jeu perd de l’intérêt quand le nombre de joueurs augmente.

Et si jamais la personne qui a la carte la plus forte est la seule à voter dans ce sens, tout le monde a raison (ce qui arrivera donc assez souvent), donc le perdant sera celui qui aura gardé la carte la plus faible. Ce qui signifie qu’il n’y a absolument aucune raison de jouer autre chose que sa carte la plus faible, du coup l’intérêt stratégique diminue grandement. L’on me rétorquera que c’est un jeu d’ambiance mais ce n’est pas une raison pour ne pas réfléchir à ce que l’on fait… Bien sûr, si l’on pense posséder la plus faible, il est toujours possible de l’échanger avec une du centre grâce à une tuile action pour espérer piocher mieux. Il existe même un sortilège clamant que la plus faible carte l’emporte au lieu de la plus forte, mais cela reste limité. Et dans la mesure où, à 6 joueurs toujours, chacun n’a que trois cartes en main, seules deux d’entre elles seront jouées avant la fin de la manche. Donc au maximum deux chances d’opérer ce changement (une potion rouge ne permet pas de jouer d’action). Ce qui ne laisse quasiment pas de temps…

Le dernier point problématique est la gestion des cartes Sortilège. Ce sont elles qui rendent le jeu amusant et intéressant car elles modifient les règles, gênent les adversaires en les prenant par surprise. Par exemple, comme écrit au dessus, l’une d’elles permet de faire gagner la carte la plus faible. Une autre met fin à la manche prématurément et c’est la somme des cartes en main qui décidera du vainqueur, au lieu de sa plus haute carte. Une autre encore oblige un adversaire à voter pouce vers le bas, ou encore retourne une carte personnage d’un joueur n’ayant pas perdu. Bref, de quoi vraiment rigoler. Mais, toujours dans un exemple d’une partie à 6 joueurs, deux tours de table avant la fin de la manche, soit un tour pour piocher un Sortilège et un autre pour en jouer un. Et encore, c’est si l’action de piocher est disponible. La plupart des cartes seront déjà inutiles… Elles pourront néanmoins être utilisées à la manche d’après, si manche d’après il y a. Bien sûr que le perdant de la manche et le joueur après lui en pioche une, mais cela reste sporadique.

En clair, tout ce qui fait l’intérêt et le fun du jeu (les échanges de cartes et les Sortilèges) n’est disponible qu’en quantité très limitée, et le suspense n’est pas vraiment au rendez-vous durant les votes… Difficile d’apprécier l’expérience dans ces conditions. Et le constat est le même pour une partie à 3 joueurs, malgré la présence d’un tour de table supplémentaire. Lorsque durant toutes les parties auxquelles j’ai pu assister, les joueurs se regardent en se demandant si les autres s’amusent et quand cela va se terminer, c’est qu’il y a un souci…

Pourtant, le design est sympa, les illustrations plutôt jolies, les pictogrammes des tuiles action et des Sortilèges assez reconnaissables (ils n’apparaissent même pas sur la version anglaise du jeu)… La boîte est petite et peut être emportée partout. Les tuiles action sont cartonnées pour une meilleure manipulation et l’idée du personnage en deux cartes est chouette. Malheureusement, ces quelques qualités ne suffisent pas à combler les lacunes du jeu. La rejouabilité est assez pauvre puisqu’on a l’impression d’en avoir fait le tour au bout d’une demi partie…

Un jeu qui laisse une impression d’inachevé. Avec plus de tours de table, plus de moyens de piocher des Sortilèges, plus de façon de bluffer et d’échanger avec les autres, on aurait pu avoir un titre très amusant… Dommage.

Note: 11/20

Par Flippy Who

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.