avril 25, 2024

Deux

De : Filippo Meneghetti

Avec Barbara Sukowa, Martine Chevallier, Léa Drucker, Muriel Bénazéraf

Année : 2020

Pays : France, Luxembourg, Belgique

Genre : Comédie, Drame

Résumé :

Nina et Madeleine sont profondément amoureuses l’une de l’autre. Aux yeux de tous, elles ne sont que de simples voisines vivant au dernier étage de leur immeuble. Au quotidien, elles vont et viennent entre leurs deux appartements et partagent leurs vies ensemble. Personne ne les connaît vraiment, pas même Anne, la fille attentionnée de Madeleine. Jusqu’au jour où un événement tragique fait tout basculer…

Avis :

Filippo Meneghetti est un réalisateur italien qui a un joli et riche parcours. Il étudie le cinéma à New York, puis commence dans l’écriture. Il collabore à quelques longs-métrages en tant que premier assistant. À la fin des années 2000, il se laisse tenter par la réalisation. Il signe deux courts-métrages en Italie, avant de signer « La bête« , un court-métrage tourné en France et en français. Comme l’expérience fut bonne, Filippo Meneghetti a décidé pour son premier long-métrage de rester chez nous et voici que trois ans après « La bête« , le cinéaste nous présente « Deux« , et ce premier passage du court au long est magnifique.

« Deux« , c’est l’histoire d’un amour entre deux femmes. Un amour qui aurait dû être sublime et intouchable, mais « Deux« , c’est l’histoire d’un amour brisé, d’un amour interdit, d’un amour bloqué et impossible. Un amour que la société a restreint. Bref, l’histoire d’un amour caché, qui ne demandait qu’à exploser. Tendre, délicat, mais aussi cruel, « Deux » est un magnifique premier essai qui met en lumière un jeune réalisateur bourré de talent.

Nina et Mado, toutes deux la soixantaine, sont profondément amoureuses l’une de l’autre. D’ailleurs, cela fait plus de vingt ans qu’elles sont en couple. Mais pourtant, aux yeux de tous, Nina et Mado sont de simples voisines de palier qui habitent toutes deux au dernier étage de leur immeuble. Alors qu’elles font le projet de partir vivre ensemble à Rome, un évènement tragique bouscule la vie des deux femmes.

Parfois, on va au cinéma simplement par curiosité, ou parce qu’on a quelques heures devant de nous et l’on prend le premier film qui vient, et pour ma part, ce jour-là, ce fut « Deux« , un petit film pas hyper bien distribué, et qui n’a pas bénéficié d’une grande promo et c’est bien dommage, car parfois on tombe sur de petites pépites et c’est clairement le cas ici.

« Deux« , c’est un film douloureux, où les émotions vont être fortes, tant Filippo Meneghetti a parfaitement su prendre son sujet en main et nous entraîner dans un film loin de ce à quoi on pouvait s’attendre avec un synopsis pareil. Oui, on ne va pas se mentir, des histoires d’amour entre personnes du même sexe gâchées par la société et le regard des autres, on commence à en avoir vu pas mal, et bien souvent, elles sont faites avec toutes les facilités du monde et écrasées sous le poids des clichés. Ici, ce n’est clairement pas le cas, car le jeune réalisateur italien a prodigué un soin tout particulier à son histoire pour que cette dernière, même si elle peut avoir un air de déjà-vu, ne tombe jamais dans un film lourd, maladroit, rébarbatif ou encore simplement ennuyant. Non, « Deux« , c’est un film qui jouit d’une écriture sublime, qui convoque bien des sujets à travers une histoire d’amour aussi belle qu’injuste.

À travers, « Deux« , Filippo Meneghetti nous parle d’un amour entre deux dames, mais plus que ça, il nous parle d’une histoire d’amour qui fut cachée pendant deux décennies. Alors même que la société a bien évolué, il reste encore des milieux et des choses qui sont difficiles à avouer, ou tout simplement à dire, et à travers ce récit bouleversant, le réalisateur italien a parfaitement su mettre ce sentiment en scène. Comment vivre dans la vérité après tant d’années de cachotterie et de mensonges ? Comment vivre aux yeux de tous ? Comment, alors qu’on a construit une vie qui n’est pas convenue, oser passer à autre chose ? Puis à travers cette histoire d’amour bouleversée, Filippo Meneghetti peint deux portraits de femmes qui vont nous passionner autant qu’elles vont nous nouer le ventre. Mado, qui a eu des enfants et qui s’est privée toute sa vie, est déchirante de vérité. Quant à sa compagne, Nina, elle est tout simplement renversante, tant son amour transpire à chaque instant.

Puis ce qui est sublime avec ce film, c’est qu’alors que cette histoire pouvait s’y prêter tant on y trouve drames et émotions, Filippo Meneghetti évite avec brio toute forme de pathos. Le réalisateur, à chaque fois, fait le bon choix et nous livre une histoire à la trajectoire réelle. On notera que le film est tenu par deux actrices qui mériteraient toutes les récompenses. Martine Chevallier est magnifique et Barbara Sukowa est impériale et ensemble, elles forment bien l’un des plus beaux couples de cette année. À noter aussi les belles prestations de Léa Drucker en fille aimante, mais qui finalement, ne connaît pas sa mère et Muriel Bénazéraf qui est captivante, voire même angoissante.

Si l’histoire de « Deux » est belle, c’est aussi un film qui va être très étonnant dans le ton que son metteur en scène a voulu lui donner. Alors qu’on aurait pu s’attendre à une histoire d’amour, ou drame et romantisme font bon ménage, « Deux » est un film sombre qui tire énormément sur le thriller. Ce côté thriller est assez incroyable et déstabilisant, et il résonne un peu comme si Filippo Meneghetti avait voulu traduire la pression que se met Mado, et la peur de dévoiler la vérité que pouvait avoir le personnage. La démarche est donc intéressante, elle dévoile un réalisateur qui est audacieux, et au-delà de ça, cette démarche, si étonnante soit-elle, fonctionne parfaitement ici.

« Deux » est donc le premier film d’un réalisateur qu’on va suivre de très près. Magnifique histoire bouleversée, film audacieux par bien des aspects, esthétique, aussi intéressant qu’il est réussi et enfin, il est tenu par deux actrices bouleversantes de bout en bout de film. Bref, je ne regrette absolument pas ma curiosité.

Note : 16/20

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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