avril 16, 2024

Threshold – Legends of the Shires

Avis :

Le métal progressif est un genre très exigeant dans lequel certains groupes se jettent à corps perdu et ne trouvent jamais le succès. Fondé à la fin des années 80, Threshold est un groupe de métal progressif originaire d’Angleterre. Si le groupe commence à avoir une certaine notoriété sur la scène underground, cela n’est pas vraiment suffisant pour que les membres deviennent des pros et en vivent pleinement. Ce n’est qu’en 2007 que la donne va changer pour le groupe, signant avec le label Nuclear Blast et récupérant un peu de notoriété en reprenant un titre de Muse. Mais malgré les changements de line-up, malgré la dure loi du marché du disque qui ne fait fonctionner que ce qui marche auprès d’un large public, Threshold maintient son cap, et aujourd’hui, le seul membre fondateur est Karl Groom, guitariste solo et parfois rythmique, quand il ne s’occupe des claviers (en début de carrière). Avec Legends of the Shires, les britanniques s’attèlent à un double disque concept, racontant une histoire sur deux skeuds longs et parfois complexes. Il en ressort une tartine un peu lourde à digérer, mais très dense et surtout très variée, avec des passages purement heavy, d’autres plus tendres et certaines plages qui dépassent les dix minutes. Bref, un long programme qui fait le bonheur de nos cages à miel.

Le premier skeud débute avec The Shire (Part 1), qui peut être vue comme une sorte d’introduction. Entre les cloches, les oiseaux et une guitare légère, on pense rapidement à du Pink Floyd période Division Bell et c’est plutôt doux. La voix du chanteur, claire et limpide, s’accorde parfaitement à cette ambiance bucolique qui va avoir tendance à s’assombrir au fur et à mesure du morceau. Le refrain fonctionne parfaitement et le chanteur force un peu plus sur sa voix pour donner plus d’impact. Bref, c’est doux, c’est beau, c’est vrai, et ça annonce du bonheur pour la suite. Small Dark Lines va alors partir vers tout autre chose, libérant les riffs pour un titre purement Heavy. Terriblement addictif dans son rythme et sa mélodie, le morceau sait aussi livrer un refrain bien catchy, laissant alors plus de place aux claviers, que l’on retrouvera aussi dans un pont dantesque. Pour faire clair, le titre marche à plein régime et risque fort de faire claquer des nuques. Avec The Man Who Saw Through Time, le groupe saute à pieds joints dans le délire Prog. Alternant phase de piano avec de longues plages de grattes, variant continuellement les rythmes dans une structure cyclopéenne dépassant les onze minutes, Threshold fait dans la dentelle et libère une bête herculéenne qui peut faire peur. Pour autant, le morceau n’ennuie jamais et s’il reste moins marquant que le titre précédent, il est techniquement irréprochable. Trust the Process sera un titre très intéressant car il représente un peu le mélange entre les riffs imparables du premier morceau et l’aspect prog du deuxième. Moins long, mais plus puissant, toujours avec un refrain qui reste en tête, le groupe livre un titre quasiment parfait. Avec Stars and Satellites, la donne sera différente, car même si nous sommes en présence d’un très bon titre, il sera moins marquant à cause d’une propension au refrain calme et un peu trop aérien par rapport à l’ambiance voulue au départ. Enfin, On the Edge et son début tonitruant à grands renforts de claviers viendront clôturer une première partie très dense et pas si facile d’accès.

Bien évidemment, le deuxième skeud débute avec The Shire (Part 2). Le rythme est le même, la mélodie aussi, mais à la différence, il n’y a plus d’oiseaux, il pleut et le morceau sera plus long. Une entame qui fait écho au premier CD mais dans une ambiance plus dark. Arrive alors Snowblind, qui lâche de suite les riffs et le chant clair pour un résultat peu surprenant et vite addictif. Les quelques solos brisent le rythme pour mieux le reprendre par la suite et globalement, on n’a rien à dire sur la qualité intrinsèque de ce morceau, si ce n’est qu’il lui manque un vrai bon refrain. Subliminal Freeways va montrer une autre facette du groupe, qui va s’amuser cette fois-ci à livrer des riffs très lourds au sein d’une mélodie aérienne mais assez sombre et si certains passages peuvent sembler un peu faiblards au sein du titre, cela reste de la bonne cam. State of Independence sera LA grande Power ballade tant attendue. Parfaitement orchestrée, d’une beauté touchante, le groupe s’amuse avec cette chanson et livre finalement quelque chose qui rappelle les années 80 et ça fait du bien de trouver quelque chose d’un peu plus simple et accessible au sein d’un album dense et peut-être un poil trop intelligent. Superior Machine va alors permettre au groupe de revenir à ses fondamentaux, avec de bons gros riffs destructeurs et une structure complètement folle où l’on va passer par plusieurs états, du refrain en chœur au solo épique, à quelques moments plus calmes. Là encore, Threshold ne fait pas dans la facilité ni le court. The Shire (Part 3) fera office d’interlude pour laisser la place à Lost in Translation, un morceau dans la veine de ce que propose le groupe, à la fois épique et assez difficile d’accès, avec plusieurs pistes de lecture et d’écoute. Enfin, Swallowed viendra clôturer ce long moment d’une manière douce et élégante, donnant une folle envie de se replonger dans ce double-album.

Au final, Legends of the Shires, le dernier album en date de Threshold, est une belle réussite et la preuve que même avec un seul membre fondateur, un groupe peut garder son identité et aller de l’avant, vers une évolution logique. Très dense, très long, parfois complexe, d’autres fois simple d’accès, les britanniques n’ont pas fait les choses à moitié et brassent toutes leurs influences au sein d’un album concept maîtrisé du début à la fin. Pour faire simple, cet album est une vraie réussite, qui plaira bien sûr aux fans du groupe, qui prouve qu’il peut faire autre chose que des premières parties de concert.

CD1

  • The Shire (Part 1)
  • Small Dark Lines
  • The Man Who Saw Through Time
  • Trust the Process
  • Stars and Satellites
  • On the Edge

CD2

  • The Shire (Part 2)
  • Snowblind
  • Subliminal Freeways
  • State of Independence
  • Superior Machine
  • The Shire (Part 3)
  • Lost in Translation
  • Swallowed

Note: 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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