mars 19, 2024
BD

La Quête de l’Oiseau du Temps

Auteurs : Serge Le Tendre et Régis Loisel

Editeur : Dargaud

Genre : Fantasy

Résumé :

Le monde d’Akbar est en danger. Ramor, le dieu maudit, va bientôt se libérer de sa conque où il est enfermé. La princesse-sorcière Mara a déchiffré le grimoire des dieux et retrouvé l’incantation liant Ramor à sa prison. Mais l’incantation est longue, très longue. C’est pourquoi elle envoie Pélisse, sa fille, en compagnie du Chevalier Bragon, son ancien amant, en quête de l’oiseau du temps. Celui-ci a le pouvoir de bloquer le temps, ce qui laisserait toute latitude à la sorcière pour finir son sortilège. Leur quête va les amener à traverser chacune des sept marches du pays.

Avis :

La fantasy est un genre qui a toujours eu le vent en poupe dans le neuvième art. C’est d’ailleurs avec la littérature dite classique et les bandes-dessinées que ce genre est devenu aussi connu, à un tel point qu’il va envahir les écrans de cinéma et de télévision. Si la plus ou moins jeune génération a été biberonnée à Lanfeust de Troy et son univers qui continue de foisonner aujourd’hui, ceux nés dans les années 70/80 iront plutôt chercher du côté de Régis Loisel et de Serge Le Tendre avec leur premier cycle de La Quête de l’Oiseau du Temps. En effet, la fantasy n’est pas une chose nouvelle (il suffit de lire Tolkien pour s’en rendre compte les petits enfants) et dès 1983, le premier tome de La Quête de l’Oiseau du Temps va faire son apparition et sera un joli succès. Un succès mérité autour d’une saga qui va se clôturer en quatre tomes, mais annonçant une suite qui mettra un temps désespérément long à se mettre en place, pour finalement devenir une préquelle. Mais là n’est pas l’objet de cette petite critique, puisque nous allons revenir sur le premier cycle de cette BD importante et qui façonnera à quelque part ce que la fantasy est devenue aujourd’hui.

L’histoire se révèle être toute simple, puisque une jeune femme nommée Pélisse va à la rencontre du chevalier Bragon, lui demandant d’aller chercher l’œuf de l’oiseau du temps pour que sa mère, la princesse-sorcière Mara, puisque effectuer un sort enfermant à tout jamais le dieu Ramor, voulant sortir de sa conque pour semer la discorde dans le monde d’Akbar. Tout un programme donc qui relève de la quête initiatique. Mais une quête initiatique pour tous les personnages qui prendront part à l’aventure, de Bragon à Pélisse, en passant par le soldat inconnu ou encore Bulrog, ancien élève de Bragon qui va se découvrir dans ce chemin de croix. A travers ce récit, on va découvrir un monde tout simplement incroyable, d’une grande richesse et d’une imagination débordante. Le bestiaire est impressionnant, mais ce qui va le plus marquer, ce sont les différentes peuplades avec leurs us et coutumes. Ainsi donc, chaque tome va mettre en avant un objectif de la quête et un peuple qui a des manières bien à lui de saluer des visiteurs. Chaque tome va alors permettre d’approfondir un monde étrange, fantasmé, mais dense et cohérent. C’est d’ailleurs l’une des grandes forces du récit, de planter un décor jamais vu et pourtant très intéressant.

Mais le gros point fort de cette série, c’est tout simplement les personnages. Bragon est un chevalier sur le déclin, un peu vieux, soupe au lait, mais qui a une droiture, une fierté dont il ne se sépare pas. Trouvant en Pélisse un renouveau dans sa morne vie, il va alors donner tout ce qu’il a pour sauver le monde d’Akbar, tout en se prenant d’affection pour Pélisse. Cette dernière est aussi très attachante malgré un caractère bien trempé et quelques passages un peu pénibles où elle fonce tête baissée et met tout le groupe en danger. Rousse sulfureuse qui sait jouer de ses charmes, elle cache aussi un secret bien enfoui qui nous laissera sur le cul à la toute fin de l’histoire, brisant nos cœurs et celui de l’un des personnages. Quant à l’inconnu, il est l’élément humoristique de la bande, celui qui suit par amour pour Pélisse, et qui va se découvrir le cœur vaillant malgré une malchance chronique. Avec cette histoire, le scénariste montre qu’une simple personne peut devenir un véritable héros. Enfin, Bulrog sera peut-être l’élément le plus complexe. Ennemi au départ, qui en veut à Bragon, son ancien maître, il va pourtant suivre le chemin de la rédemption et devenir un véritable acolyte nécessaire dans cette aventure. On va réellement ressentir de l’empathie pour chacun des personnages et c’est bien là que le scénariste a tout compris, puisque l’on va craindre pour chacun d’eux, car ils ont des faiblesses et certaines épreuves sont terribles.

Chaque tome va éprouver nos protagonistes et va mettre en avant des valeurs universelles, comme l’entraide, l’altruisme ou encore le courage. Même les personnages secondaires, ceux que l’on ne va voir qu’au détour d’un tome, seront attachants et auront leur propre caractéristique, participant de ce fait aux valeurs transmises. Bref, le scénario, sous ses aspects de quête initiatique, se révèle plus complexe qu’il n’en a l’air et surtout, sur la fin, il va viser le symbolisme et parler du temps qui passe. Le seul petit point négatif concerne les dessins de Régis Loisel. S’ils ne sont pas vilains, ils accusent un petit coup de vieux et l’ensemble demeure très bordélique. Les plans larges ne sont pas très fins et parfois, ça fourmille tellement d’éléments que cela en devient presque illisible tant c’est riche et foisonnant. Néanmoins, les gros plans sur les expressions des visages sont parfaits et cela ne gâche en rien un plaisir de lecture délectable.

Au final, La Quête de l’Oiseau du Temps est un récit de fantasy comme on n’en fait plus. A la fois simple et complexe, drôle et violent, brutal et poétique, les adjectifs se bousculent comme nos émotions à la lecture de ses aventures fantastiques et épiques qui traversent le temps sans presque prendre de rides. D’ailleurs, aujourd’hui encore on parle de la Quête du Temps, puisque un tome du deuxième cycle doit sortir en Janvier 2020, apportant peut-être une dernière pierre à l’édifice de la préquelle.

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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