avril 19, 2024

Crownless – Confines of Silence

Avis :

On peut dire ce que l’on veut, mais dans le domaine du Métal, certains styles réclament une production plus onéreuse et grandiloquente que d’autres. Faire du Grindcore ne demande pas tellement de moyens, puisqu’il suffit de beugler dans un micro, alors que se lancer dans du Sympho Power Métal, c’est une autre paire de manches. Il faut une bonne chanteuse capable de partir dans le lyrique, une instrumentalisation qui fait appel à tout un orchestre si on veut donner du corps à la mélodie, et tout ça demande beaucoup d’argent et d’investissement. Ce n’est pas pour rien que les trois quarts des groupes de Sympho proviennent de pays nordiques, foyer du Métal où les producteurs n’ont pas froid aux yeux (ni ailleurs d’ailleurs). Mais Crownless est aux antipodes de la Norvège, de la Suède ou encore de la Finlande. Car les bougres ont beau chanter en anglais, leur langue d’origine est l’espagnol puisque tous les membres proviennent de Lima, au Pérou. Et oui, Crownless est un groupe de Métal Symphonique péruvien, ce qui est assez rare pour le signaler. Fondé en 2013, la formation sort un EP en 2015 avant de se lancer dans le projet Confines of Silence, leur premier effort sorti en 2018. Et c’est bien, même si on notera des scories propres à tout premier album.

Le skeud débute avec Feathers in Flames et cela donne le ton. En effet, le groupe ne fait pas dans la dentelle et livre le minimum syndical. On aura droit à une belle voix lyrique, des riffs plutôt agressifs et un solo assez court mais relativement efficace. Calibré pour durer moins de quatre minutes, le morceau est assez convaincant même s’il lui manque une construction digne de ce nom. Avec Contestatory, c’est un peu la même sauce. Les riffs sont puissants, la double pédale mouline durant le refrain, bien catchy au passage, malgré quelques faiblesses de la part de la chanteuse qui aura du mal à suivre les chœurs. Mais ne soyons pas bégueule, le titre fonctionne à merveille et la rythmique bien rapide et puissante donne vite envie de headbanger dans tous les sens. Très clairement, en deux morceaux, plutôt courts et concis pour du Métal Sympho, le groupe démontre son talent et son envie de marcher dans les pas des Nightwish et autres Within Temptation. Avec Prophecy, le groupe va essayer d’aller bien plus loin dans le genre, se permettant un petit break en growl et jouant à fond les ballons la mélodie avec les claviers. Le problème vient que le titre est vite redondant et la chanteuse part bien trop dans les aigus. Par moments, on a presque envie de s’arracher les tympans. Et puis on notera que la basse est totalement absente, malgré une production pharaonique sur la fin du titre. Pour Legions of Him, on se retrouve dans une ambiance un peu mystique assez intéressante, qui est à mille lieues d’une instrumentalisation péruvienne, et on peut trouver cela dommage que le groupe n’essaye pas de jouer avec son histoire et son folklore. Pour autant, le morceau reste assez sympathique, mais moins marquant que le reste à cause d’un mid-tempo qui ne trouve pas le chemin de la variation de rythme…

Pour la seconde moitié de l’album, le groupe se fait plaisir avec Black Heart. Le titre est plutôt amusant car il reprend tous les poncifs d’un morceau de Métal Sympho des années 80. Le refrain est bien catchy, les couplets au son d’un petit synthé sont plutôt bien amenés et globalement, le morceau donne envie de faire du cosplay fantasy en cuir noir et de bouger la tête de droite à gauche en rythme. Alors oui, ça peut paraître cliché, mais ça marche bien. On sera plus circonspect sur Standing On et son introduction piano/violon qui manque d’impact pour un titre qui ne laisse pas grand-chose à se mettre sous la dent, si ce n’est un joli solo de gratte pour entamer les parties vocales. C’est un peu un titre générique, pas mauvais, mais pas marquant. C’est d’ailleurs le principal reproche que l’on puisse faire à l’album, d’être court (moins de quarante minutes) mais aussi de présenter quelques pistes qui manquent d’impact et que ne se démarquent pas de la production actuelle. The Unloved ne laissera pas non plus un souvenir inoubliable à force de répéter inlassablement le mot « rising » et globalement, le titre s’écoute sans jamais s’imposer. Ce n’est pas mauvais en soi, mais ça reste très conventionnel. Et que dire de Fugitive of Light, qui démarre sur les chapeaux de roues, mais qui s’essouffle malheureusement très vite après l’introduction gargantuesque. Reste alors Sailing the Dark, une superbe conclusion pour le titre le plus long de l’album et qui fait encore dans le classique mais de façon plus grandiloquente et plus travaillée.

Au final, Confines of Silence, le premier album de Crownless, est un album plutôt réussi. Si tout cela sent le réchauffé, il ne faut pas oublier que c’est un premier effort et qui montre une belle ligne directrice pour la formation. Doté d’une production de très bonne qualité, avec des musiciens talentueux, on souhaite le meilleur pour la suite, notamment avec quelque chose de plus long et peut-être d’un poil plus original. En l’état, nous faisons face à un album plaisant, mais qui souffre de la comparaison avec de grands noms scandinaves et c’est difficile de rivaliser.

  • Feathers in Flames
  • Contestatory
  • Prophecy
  • Legions of Him
  • Black Heart
  • Standing On
  • The Unloved
  • Fugitive of Light
  • Sailing the Dark

Note : 14/20

Pae AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.