mars 19, 2024

Starship Troopers – Robert A. Heinlein

Auteur : Robert A. Heinlein

Editeur : J’ai Lu

Genre : Science-Fiction

Résumé :

Après la grande guerre atomique de la fin du XXe siècle, le monde ne fut plus que chaos et désordre. Pour éliminer les hordes barbares qui s’étaient formées, les survivants durent remettre leur sort entre les mains de l’armée. Un siècle plus tard la civilisation, arrivée à l’âge des étoiles, reste dirigée par les militaires. Dans cet univers, Juan Rico s’engage le jour de ses dix-huit ans dans l’infanterie spatiale. Il ne sait pas quel sort terrible attend les fantassins qui, sur les mondes lointains, vont devoir affronter les armées arachnides.

Avis :

La plupart du temps, les œuvres cinématographiques sont issues de romans et il arrive bien souvent que celles-ci dépassent le matériau de base, à un tel point que c’est avec étonnement que l’on découvre le roman en question. Les exemples sont nombreux mais on pourrait citer en vrac L’Exorciste, True Grit ou encore Killer Elite et Laisse-moi Entrer qui fut renommé Morse lors de sa sortie au cinéma. Starship Troopers fait partie de ces romans qui ont été un peu effacés par l’adaptation cinématographique, notamment à cause d’un film ultra efficace et qui a conquis un paquet de monde. Il faut dire que Paul Verhoeven se régale derrière la caméra et livre un film cynique quant à l’armée et l’engagement d’une nation dans un combat où les raisons de la colère échappent à tous les militaires. En faisant une nouvelle traduction du roman de Robert A. Heinlein, les éditions J’ai Lu permettent alors de se replonger dans un univers guerrier futuriste plutôt plaisant, mais à des kilomètres du film de Verhoeven.

La première chose qui frappe quand on commence le roman, c’est qu’il est écrit à la première personne. On va donc suivre Johnny Rico dans un premier combat face à une race extraterrestre qui semble peu hostile. On va être rapidement perdu avec les termes de l’armée, notamment parce que cela se passe dans un futur proche et que l’armement des soldats de l’infanterie mobile est très évolué. On va comprendre que les armures permettent de faire des sauts gigantesques, que sur le dos, les soldats ont des bombes surpuissantes et que la stratégie va prendre une place importante au sein du récit. Cependant, très rapidement, le roman va se décliner comme un journal intime. Après ce premier combat, on va repartir en arrière et le héros va raconter comment il s’est engagé dans l’armée et tout le processus qui lui a permis de devenir un haut gradé. Ainsi donc, les combats ne seront qu’un arrière-plan de l’histoire véritable, qui sera un pamphlet pour l’engagement et pour se battre pour une nation. Faire le sacrifice de soi pour une cause plus grande semble être un crédo important pour l’auteur, qui fut lui aussi un haut gradé dans l’armée.

Cette façon de faire, à savoir présenter le livre comme une sorte de journal intime, va amener à plusieurs questionnements. Pourquoi s’engager ? Pourquoi la guerre contre les insectes ? La vie de soldat est-elle une sinécure ? Bref, on Robert A. Heinlein va brasser de nombreux thèmes au sein de son récit à travers un Johnny Rico naïf au départ, et qui va apprendre à ses dépens qu’avec l’armée, les règles sont strictes et ce n’est pas pour rien. L’écrivain dresse un portrait à la fois gratifiant de l’armée, mais aussi plutôt difficile, avec des restrictions de budget, des soldats qui tombent comme des pommes, même lors des phases de recrutement, et des sergents instructeurs qui commencent à battre de l’aile à force de jouer le rôle du méchant. Derrière ce portrait un peu dur et presque cynique, l’écrivain va tout de même avoir de l’affection pour ce corpus et on voit cela dans les élans de camaraderie qui peuplent le roman. On trouvera aussi des passages bienveillants au sein d’une armée qui essaye d’évoluer pour protéger les siens face à des insectes de plus en plus vicelards. En un sens, le livre est très riche dans les thématiques qu’il brasse, mais il est à contre-courant du film qui est plus acerbe envers l’engagement patriotique et la notion de guerre.

Quand on découvre le roman aujourd’hui, il y a certains passages qui risquent de faire grincer des dents, et c’est finalement presque jouissif de lire un roman qui démontre une façon de faire qui peut paraître presque archaïque aujourd’hui. Selon Robert A. Heinlein, dans un futur proche, la délinquance sera principalement composée d’enfants sans éducation. Lors d’un ’ours suivi par le héros, un professeur compare alors l’éducation des enfants avec celle des chiots lorsqu’ils font leur besoin dans la maison. Très clairement, l’auteur approuve la notion de sanction, mais aussi la notion de fessée, histoire de montrer les limites d’une bêtise et de passer l’envie à l’enfant de recommencer. Autant dire qu’un tel propos aujourd’hui ne passerait pas et pourtant, le passage s’avère passionnant à lire, car tous les arguments se tiennent en même temps qu’ils s’intègrent parfaitement dans l’histoire. Malheureusement, si certains passages sont vraiment bien écrits et intéressants dans leur fond, d’autres seront moins impactants. On peut par exemple voir qu’en fin d’histoire, Johnny Rico va nous parler de stratégie et de hiérarchie au sein d’une unité et des changements lorsqu’un soldat meurt au combat. Ces moments sont très rébarbatifs et coupent l’action alors que l’on aurait aimé plus de conflits et sang dans un roman qui reste sympathique mais qui manque de panache par rapport au film.

Au final, Starship Troopers, le roman de Robert A. Heinlein, est très intéressant à lire pour les messages qu’il véhicule et qui peuvent paraître rétrograde aujourd’hui, mais qui démontrent de l’importance de s’engager pour sa patrie et même pour son espèce. Ici, l’armée est vue comme un moyen de trouver un sens à sa vie et de trouver un juste placement dans le grand équilibre cosmique. En rédigeant ce roman, Robert A. Heinlein ne fait pas tant l’apologie de l’armée que celui de donner du sens aux jeunes en manque de repères et c’est plutôt bien vu. Bien sûr, il faut se sortir de la tête le film de Paul Verhoeven, qui se concentre vraiment sur l’action, alors qu’ici, on est plus dans l’évolution d’un personnage principal qui voit son état changer au fur et à mesure des années d’apprentissage dans l’armée. Un titre identique pour finalement deux œuvres différentes.

Note : 15/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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