avril 23, 2024

Apocalypse – A l’Ombre du Soleil Noir – Anonyme

Auteur : Anonyme

Editeur : J’ai Lu

Genre : Thriller

Résumé :

Alexis, le vieil archiviste de Patmos, est persuadé d’avoir réussi à rétablir l’intégralité du texte de l’Apocalypse de saint Jean, consignant la date exacte de la fin du monde. Afin de se décider à le révéler ou non au monde entier, il fait appel à Michel, célèbre professeur des religions et de paléographie pour l’aider à confirmer ses recherches et évaluer les risques de leur divulgation.

Avis :

Étant donné les fondamentaux du genre qui s’appuient essentiellement sur des mystères et des énigmes séculaires, le thriller ésotérique aborde à de nombreuses reprises l’histoire des religions. Le fait de remettre en cause des dogmes bien ancrés dans les cultures et les traditions a de quoi susciter la polémique, soulever les esprits « bien-pensants » contre un blasphème littéraire. Dans la majorité des cas, l’intérêt de ce type de récit porte sur une base documentaire solide et avérée. La corrélation de pans occultés de l’histoire ou trouver d’autres justifications aux textes des trois grands monothéismes donne lieu à des perspectives plus ou moins intrigantes.

Or, le présent ouvrage s’essaye à démystifier l’ultime révélation. D’ailleurs, ce terme est la traduction littérale de l’Apocalypse. La fin d’un monde ou d’un cycle qui tend à se bâtir sur les ruines des anciennes croyances et civilisations. Apocalypse – À l’ombre du soleil noir s’appuie sur le texte de Saint Jean. S’il n’est guère le premier roman à se lancer dans un tel exercice, le sujet reste assez vaste à explorer pour étayer de nouvelles hypothèses, découvrir des pistes de réflexion encore vierges. Reconnaissons-le, la base est suffisamment entraînante pour se laisser aller à toutes sortes de spéculation, eu égard au contexte social contemporain qui pourrait offrir une résonnance particulière au récit.

Néanmoins, ce dernier fait s’enchaîner les frustrations et les déceptions au fil de son évolution. Le fait de confronter l’Apocalypse (au sens communément admis ou véritable) avec l’actualité ou une éventuelle projection dans l’avenir est totalement absent. Conflits armés, préoccupations environnementales, soulèvements populaires, crises des religions et des croyances… Rien de tout cela n’est développé ni même évoqué entre ces lignes. Bien qu’essentiel et fortement recommandé pour venir crédibiliser l’histoire, cet aspect n’est pas forcément rédhibitoire pour écrire un bon roman. Il faut pour cela accumuler d’autres défauts qui deviennent nettement plus handicapants.

S’il n’est guère détestable, le duo d’enquêteurs improvisés (des universitaires) est assez lisse dans leur personnalité respective et leurs réactions face auxdits événements. Il ne suffit pas d’imposer un paléographe taciturne avec une rebelle forte en gueule pour marquer les esprits. De plus, leurs compétences ne sont jamais utilisées à bon escient ou beaucoup trop rarement. On a davantage l’impression qu’ils subissent les faits et sont ballottés aux quatre coins de l’Europe pour rencontrer une connaissance d’une relation plus ou moins éloignée et ainsi de suite. À noter que les deux protagonistes ont la fâcheuse manie de se confronter de manière récurrente et redondante.

D’ailleurs, cela vaut également pour leur propension à se complaire dans la bonne chère et la boisson ; méditerranéenne, de préférence. Le moindre prétexte est bon pour se rendre dans un restaurant, un bar ou une brasserie. Une orientation littéraire qui est l’apanage des récits en manque d’inspiration pour varier la mise en scène. À ce titre, la description du cadre se révèle presque inexistante. De l’île de Patmos à Berlin, en passant par Vienne, l’ambiance se veut fade et sans âme. Hormis la gastronomie locale, difficile de se représenter les lieux pour mieux les distinguer et renvoyer leur identité propre.

Quant à la progression générale, elle est cousue de fils blancs. L’entame s’avère d’une banalité confondante. Les situations, elles, se suivent et se ressemblent. Preuve en est avec cette fuite constante des autorités qui n’a aucune raison d’être si ce n’est dynamiser l’intrigue et amuser la galerie par des séquences invraisemblables. L’évolution ne parvient à aucun moment à trouver son énergie propre. Le ridicule tient à ce que l’on tente de décrypter le mystère de la date de l’Apocalypse, tandis que le lecteur aborde les chapitres sous forme de parties qui représentent les jours précédant cette dernière. L’auteur évente le cœur du sujet, sans pour autant rendre son récit tendu d’une quelconque manière.

Et il ne faut pas compter sur ce moine qui se prend pour un chevalier teutonique, grand psychopathe dans l’âme, ou sur les autorités incompétentes pour changer la donne. On sombre bien vite dans une absurdité totale puisque l’Apocalypse est oubliée pour se confronter à des amalgames historiques douteux. Ce type d’approximation tient à l’absence de documents ou d’éléments vérifiables pour étayer la suite de l’histoire. Ce qui reste pourtant la base de tout thriller ésotérique. Ici, on évoque la lance de Longinus et les pratiques ésotérico-occultistes des nazis qui prêtent à sourire, surtout au vu des enjeux et des aboutissants avancés.

Au final, Apocalypse – À l’ombre du soleil noir ressemble à une mauvaise plaisanterie. Bien loin des derniers romans (le cycle du soleil noir) de Giacometti et Ravenne sur le IIIe Reich, l’histoire s’affuble de poncifs éculés, doublés de situations aussi inutiles que pénibles. Rien de tel que de s’empiffrer entre deux pérégrinations rocambolesques d’une rare indigence pour passer la pilule d’une fin du monde annoncée ! Absence totale d’atmosphère, des personnages surfaits, une progression répétitive et mal maîtrisée, un humour douteux et maladroit… La seule constance reste donc dans les défauts.

En des circonstances différentes, certains passages pourraient même renvoyer au second degré d’Iron Sky en évoquant un hypothétique IVe Reich ! Mais le résultat n’est guère le même. Preuve en est avec cette visite impromptue chez un « expert » où l’on admet à demi-mot l’existence des vampires et des loups-garous, complètement hors contexte, tout comme ce pétard mouillé en guise de dénouement. Rarement, l’image du soufflé qui se dégonfle n’aura été aussi appropriée. Cela sans compter l’absence d’une véritable révélation à proposer aux lecteurs et aux lectrices ou une quelconque morale. Bref, à éviter.

Note : 05/20

Par Dante

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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