mars 19, 2024

La Maison de Soie – Anthony Horowitz

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Résumé:

Un an après la mort de Holmes, le docteur Watson prit la plume pour relater la dernière aventure du plus célèbre des détectives privés mais il exigea que ce récit restât inédit pendant un siècle… Pourquoi attendre si longtemps ? La réponse est élémentaire : parce que cette affaire était si monstrueuse, si terrible que, selon Holmes lui-même, « il n’est pas exagéré de dire qu’elle pourrait bien ébranler la société toute entière ». Cent six ans après la dernière aventure de Sherlock Holmes par son créateur Sir Arthur Conan Doyle nous est révélé le dernier secret du locataire du 221b Baker Street. La partie reprend !

Avis :

Se pencher sur un mythe littéraire et de la culture contemporaine (à tel point que d’aucuns pensent que Sherlock Holmes a réellement existé) n’est pas donné à tout le monde. En dehors des romans et nouvelles mettant en scène le plus célèbre détective de tous les temps, le vingtième siècle a eu une multitude d’adaptations, de romans hommages ou de pastiches aux qualités variables. Pourtant, La maison de soie est différent de ces homologues. En effet, il est le premier roman à avoir obtenu l’aval des ayants droit sur l’œuvre de Conan Doyle. La confiance est-elle bien placée ou s’agit-il d’une simple opportunité de gagner de l’argent par le biais d’un marketing douteux ?

Les premières pages nous mettent en condition. On retrouve Watson en tant que narrateur et nous informe qu’il lègue à la postérité une histoire inédite de son ami qui, à leur époque, aurait fait scandale. L’ambiance se tisse doucement au fil d’une intrigue posée. Si la progression se révèle assez calme, on remarquera qu’Anthony Horowitz parvient à faire sien le Londres victorien de la fin du XIXe siècle. Les quartiers pauvres, les bas-fonds, le pensionnat pour jeunes orphelins, les sphères de l’aristocratie et, bien sûr, le 221B Baker street, les lieux sont décrits avec minutie et application. Même si on est loin du style de Conan Doyle, la plume de Horowitz se prête bien à l’époque et à son environnement.

On retrouve également des dialogues à foison durant des chapitres assez longs. Tantôt, ils servent les propos. Tantôt, ils semblent s’éterniser plus que de raison sur des aspects discutables de l’histoire (même si l’on conviendra que les plus petits détails sont les plus importants, surtout pour Sherlock Holmes). On demeure donc sur un registre assez calme, mais qui ne manque pas de rebondissements et de péripéties pour notre duo de tête entre deux investigations. À ce titre, l’on remarquera que le roman possède un pied dans notre époque. Les méthodes de déductions ne sont pas altérées, mais la progression du récit emprunte quelques poncifs au thriller contemporain pour y ajouter une atmosphère pesante, presque malsaine.

En ce qui concerne les tenants et les aboutissants du scénario, l’intrigue peine à démarrer. On éprouve des difficultés à saisir le cœur du problème lorsque, brusquement, la machine s’emballe et nous entraîne dans des événements graves. Dès lors, l’enquête prend une tout autre tournure et met à mal les protagonistes. L’ensemble reste bien fichu grâce à un mystère savamment entretenu sur la maison de soie. Personne ne veut l’évoquer tout en étant terrifié à la simple prononciation du nom. De ce côté, on a l’impression que l’ennemi dépasse Sherlock, même si sa Némésis (le professeur Moriarty) demeure indétrônable en terme de machiavélisme. Toutefois, l’on s’en rapproche grandement.

Il faut nous pencher sur un point capital pour contribuer à la réussite de l’histoire : les personnages. On retrouve avec un plaisir non feint les têtes connues dont les caractères sont respectés à la lettre. Le flegme de Sherlock, l’aspect pragmatique de Watson ou le débonnaire Mycroft, tous ont fait l’objet d’un soin tout particulier pour coller à leur image qui a traversé plus d’un siècle. Loin d’être devenus des clichés ou des caricatures de bas étage, ils n’ont pas pris une seule ride.

Contrairement à la décevante suite de Dracula (sympathique, mais très loin de son illustre aîné), La maison de soie parvient non seulement à rendre hommage à l’univers de Sherlock Holmes, tout en y apportant une nouvelle aventure assez savoureuse. Si l’on excepte quelques menues longueurs, un rythme parfois très (trop ?) lent qui privilégie les atermoiements plutôt que la résolution de l’enquête, on retrouve l’atmosphère si particulière du Londres victorien. Anthony Horowitz ne se hisse pas à la hauteur du maître, mais s’accapare son œuvre de fort belle manière. Les novices seront curieux de le découvrir, les amateurs du grand Sherlock ne seront pas déçus. En somme, une nouvelle histoire des plus agréables qui ne parodie pas le matériau d’origine, mais lui offre une continuité.

Note : 15/20

Par Dante

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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